En 36 ans de carrière, au côté de ses collègues, il a dû en sauver des oliviers : Cyril Mistral est en effet un sapeur-pompier en fin de carrière qui n'a aucun doute sur sa reconversion : Obélix était tombé dans une marmite de potion magique, Cyril, lui, a dû choir dans une cuve d'huile d'olive tant ce fruit méditerranéen semble l'envoûter.

Au point de suivre un court cursus agricole, puis, épaulée par Émilie, sa compagne, de dénicher une maison à Ensuès-la-Redonne dont le rez-de chaussée va abriter le moulin de ses rêves et enfin de créer une association dont le nom peut évoquer un mystérieux titre de film, « les Gens d'Olive ».

Objectif, permettre à des détenteurs d'oliviers - du simple jardin avec deux-trois arbres jusqu'au verger comptant une centaine de spécimens - de venir au moulin déposer leur récolte pour en obtenir le précieux liquide qui sera emprisonné dans des bouteilles étiquetées au nom de l'association.
Ils sont désormais 150 adhérents dont une majorité étaient des néo-récoltants. 

Pas d'apport minimum donc, cependant quand ce dernier est inférieur à 150 kilos, les olives sont mélangées pour parvenir à ce volume - on appelle cela les lots communs - mais toujours après un tri rigoureux pour garantir la qualité de l'ensemble, afin d'éviter, lors de l'opération de malaxage qui suit le broyage et précède l'extraction, que des fruits médiocres viennent corrompre l'ensemble de ces petites récoltes mélangées.
En revanche, au delà de ce poids, l'adhérent a droit à sa propre huile extraite de ses seules olives.
À noter, en début de saison, une seule bouteille nécessite de 7 à 9 kilos de fruits mais au fur et à mesure des semaines, le rendement s'améliore et la quantité nécessaire décroît.

Particularité, "le moulin des Gens d'Olive" ouvre dès le 1er octobre, soit avec un mois à un mois et demi d'avance sur, notamment, les moulins du nord du département et ce, en raison de récoltes précoces que Cyril soupçonne être la conséquence du dérèglement climatique. 
Il rappelle en effet qu'il fut un temps pas si lointain où l'on recueillait les olives à la mi-novembre, respectant un processus saisonnier millénaire : suite à la chute automnale des températures, afin d'éviter que l'olive majoritairement composée d'eau n'éclate sur l'arbre sous l'effet du froid, l'olivier va développer une protection qui va conduire à remplacer l'eau du fruit par de l'huile, un phénomène appelé couramment les « montées d'huile ».
Or le redoux des températures va rendre ce processus de sauvegarde inutile, les olives vont continuer de mûrir sur l'arbre et, une fois parvenues à maturation, toujours gorgées d'eau, elles vont se dégrader sur les arbres, pourrir et tomber.
D'où cette ouverture précoce du moulin.

Moulin qui a accueilli Robert Guédiguian, le célèbre réalisateur marseillais dont justement Cyril est un fan absolu au point d'avoir tapissé le premier étage du site des affiches de ses films, une visite que le meunier bénévole et futur oléiculteur évoque encore avec des yeux brillants de fierté. 

En vidéo, Cyril Mistral nous décrit toutes les nuances de l'huile en fonction de sa période d'extraction et il nous détaille les quatre variétés d'olives les plus communes de notre région, de l'aglandau à la picholine en passant par la salonenque ou la verdale des Bouches-du-Rhône.