"Le cirque reste roi comme autrefois avec ses animaux". Le slogan du cirque Zavatta est fièrement floqué sur les camions, en gros et en rouge sur fond jaune.  Pourtant, lorsque l'on passe à quelques mètres en voiture, ce n'est pas sur ça que nos yeux se posent. Il faut dire que l'emplacement de l'enclos des tigres n'aide pas. Juste à côté de la route, les félins multiplient les allers-retours dans leurs cages.

En attendant les représentations du week-end, entre les enclos où sont stockés les animaux, c’est un zoo de fortune qui s’organise. Les enfants s’émerveillent devant les lions, les zèbres et les tigres, mais qu’en pensent les parents ?

"C'est cool pour les petits, ils se régalent. Après, c'est sûr qu'ils seraient mieux en liberté", confesse un papa. Quelques mètres plus loin, une maman n'est pas forcément très à l'aise non plus,"leur place, ce n'est pas du tout là ". "Le tout c'est qu'ils soient bien traités", espère un grand-père. 

 

"C'est la preuve d'une souffrance chronique"

 

Alexandre Muller, le directeur du cirque Zavatta l’assure avec fermeté, "ses animaux sont bien traités", leur présence n’a rien de dérangeant. "C'est tout à fait normal, le cirque a été créé avec les animaux, donc les gens viennent voir le cirque avec les animaux." Questionné sur le fait que certaines personnes puissent être gênées de toujours voir des bêtes exploités dans des cirques en 2024, le directeur esquisse un sourire narquois : "je ne peux rien faire pour eux, s'ils n'aiment pas les animaux, ils ne viennent pas les voir, c'est tout..."

Trimballés sur les routes, et soumis à un habitat trop petit, aux antipodes de leurs lieux de vie naturelle, les animaux ne sont pas dans de bonnes conditions, affirme Franck Schrafstetter, fondateur et président de l'association "Code Animal". "On voit assez facilement dans les cirques où il y a des félins ou des éléphants, il y a systématiquement des troubles que l'on appelle stéréotypies, c'est-à-dire la répétition d'un même mouvement répétitif."

A côté du stade Audibert, c'est exactement ce qu'il se passe. Il suffit de rester cinq minutes à regarder les tigres pour les voir se lever et répéter inlassablement les allers et venus dans la longueur de la cage. "Tout ça, les spécialistes le disent, c'est la preuve d'une souffrance chronique. L'animal n'arrive pas à s'adapter à la captivité", étaye le président de l'association.

 

Quelle responsabilité ?

 

Sans interdiction juridique effective, les cirques itinérants ont le droit d’exploiter des animaux sauvages dans leurs spectacles. Une loi de 2021 impose la fin de leur exploitation dans les cirques, itinérants seulement, en 2028.  Mais avant ça, Alexandre Muller et ses confrères peuvent continuer de se servir des tigres, des lions et "du plus gros hippopotame d'Europe" pour divertir le public.

"Il y a le point de vue éthique qui se pose. Aujourd'hui, est-ce qu'on a le droit d'utiliser d'autres espèces pour se divertir nous humain ? Il y a quand même un vrai problème de contraindre à la captivité des animaux qui n'ont rien demandé uniquement pour un plaisir qui est somme toute futile."

Seules les villes sont en capacité de faire le choix des cirques qu'elles programment. Certaines en France refusent d'accueillir ceux qui utilisent les animaux, mais ce n’est pas le cas à Istres. La municipalité n’a pas souhaité répondre à nos questions.