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L'Italien Marcegaglia a détaillé son projet de production d'acier décarboné à Fos-sur-Mer

4min

Par Maritima 24/06/2025 à 20:10

L'aciériste italien Marcegaglia, groupe familial basé en Lombardie, a détaillé mardi son projet de production d'acier primaire décarboné à Fos-sur-Mer, après avoir trouvé un accord de fourniture d'électricité avec EDF à un prix jugé "compétitif".

Antonio Marcegaglia, l'un des deux actionnaires de l'entreprise du même nom - avec sa soeur Emma - a signé à Paris une lettre d'intention avec EDF, qui devrait se traduire "en septembre ou octobre" en contrat d'approvisionnement "sur 10 ou 15 ans". Malgré une sévère crise mondiale de l'acier qui fragilise les sidérurgistes de hauts fourneaux, le groupe Marcegaglia a décidé de se lancer lui-même dans la production d'une partie du métal qu'il consomme pour fournir ses clients de l'automobile, du bâtiment ou de l'électroménager.

Au passage, l'aciériste italien qui dispose de 37 usines dans le monde, a affirmé sa foi dans la "compétitivité" d'un "acier européen décarboné", alors que les acteurs historiques comme ThyssenKrupp ou ArcelorMittal, en pleine déconfiture, disent ne pas pouvoir trouver de rentabilité dans l'acier vert en Europe en raison des investissements pharaoniques nécessaires pour décarboner leurs vieux hauts fourneaux.

De hauts fourneaux, Marcegaglia n'en n'a pas et ne prévoit pas d'en installer.

Sa très rentable spécialité est de fabriquer de l'acier à partir de ferrailles fondues dans un four à arc électrique. Sa future production française devrait dépendre à 70-80% de cette activité, a expliqué M. Marcegaglia.

 

Discussions avec GravitHy

 

Les 20% ou 30% restant seront de l'acier primaire coulé en four électrique, à partir de briquettes de fer désoxydées à l'hydrogène.

Dans un premier temps, les briquettes arriveraient au port en provenance du Royaume-Uni, d'Algérie ou du Brésil, selon M. Marcegaglia. Ensuite, le groupe prévoit de s'approvisionner directement auprès de la startup voisine "Gravithy", qui porte un vaste projet de fer bas carbone à Fos-sur-Mer.

Marcegaglia a pris une petite participation dans GravitHy, qui réunit le géant des métaux Rio Tinto, le spécialiste du traitement de l'eau Ecolab, le fonds Japan Hydrogen fund, Siemens et Engie, pour produire "autant de fer pré-réduit d'ici 2029 qu'il en faudrait pour construire une Tour Eiffel par jour", a souligné le ministre de l'Industrie Marc Ferracci.

Dans le bassin industriel qui jouxte l'étang de Berre, entre la Camargue et Marseille, l'implantation de Marcegaglia est récente. L'an dernier, le groupe a obtenu du tribunal de Strasbourg (Haut-Rhin) la reprise du site de Fos-sur-Mer appartenant à Ascometal, placé en redressement judiciaire par son actionnaire Swiss Steel.

Au total, l'Italien prévoit d'y investir "environ 850 millions d'euros", a affirmé M. Marcegaglia, en modernisant le four actuel et en construisant un nouveau four électrique d'une capacité de 1,4 million de tonnes, projet baptisé "Mistral".

Il souhaite y produire "2,1 millions de tonnes d'acier décarboné par an" à partir de "mi-2028", au lieu des quelque 150.000 tonnes actuelles.

Le tout devrait couvrir "environ 40%" de la consommation d'acier du groupe, ce qui réduira fortement ses "importations d'acier asiatique", a fait valoir le dirigeant italien.

 

Enjeu climatique

 

L'enjeu climatique est aussi crucial.

Car la production d'acier émet en France environ 20 millions de tonnes de CO2 par an, soit 22% des émissions annuelles de gaz à effet de serre de l'industrie française et 5% des émissions tous secteurs confondus.

Le recours à des fours à arc électrique constitue le principal levier de décarbonation du secteur identifié par l'Agence de la transition écologique (Ademe). Cette électrification lui permettrait de ne plus dépendre d'énergie fossile pour son acier.

Pour Marcegaglia, le grand intérêt de la France repose sur l'accès à une électricité "décarbonée, stable, disponible et compétitive".

"Sur les six derniers mois, l'électricité" sur les marchés de gros en France "s'est établie au niveau de prix espagnol autour de 65 euros par mégawattheure, (...) c'est 43 euros de moins qu'en Italie", a relevé le PDG d'EDF Bernard Fontana, présent à la signature.

Du coup, alors qu'il craignait la fin de l'acier européen en février, Marc Ferracci s'est repris à rêver: "Il y a un avenir pour l'industrie des industries, l'acier, en France" a-t-il lancé.

 

© Agence France-Presse (par I. Malsang)  

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