À quelle sauce le restaurant l'Épuisette va-t-il être mangé ? Situé les pieds dans l'eau à l'entrée du pittoresque petit port du Vallon des Auffes, L'Épuisette, institution de la gastronomie à Marseille, avec un chef une étoile au Michelin depuis 22 ans, pourrait mettre la clé sous la porte d'ici à la fin de l'année. Difficile à avaler pour une maison présente sur cet emplacement depuis 1938. La raison ? La remise en cause par la métropole Aix Marseille Provence de l'occupation du domaine public maritime sur lequel le restaurant est construit. Après un récent appel d'offre, la métropole veut y installer un nouveau restaurant. avec une autre cheffe, étoilée elle aussi.

 

 

C'est par un courrier de la métropole Aix Marseille Provence, datant du 22 octobre, que Bernard Bonnet, le propriétaire du restaurant l'Épuisette et dont la famille exploite cet établissement depuis 1976, a appris qu'il devrait libérer les lieux le 31 décembre 2024, après 48 ans d'activité. Une décision qu'il qualifie de brutale et contre laquelle il s'insurge.

 

 

Depuis 2017, une nouvelle loi ouvre à la concurrence l'occupation du domaine public maritime régit par l'État. La métropole qui a en charge la compétence économique, gère les AOT, autorisations d'occupation temporaire du littoral. Didier Réault, le vice-président de la métropole Aix Marseille Provence, délégué à la Mer et au Littoral, indique donc qu'il était temps de mettre en conformité avec la loi cette AOT, qui devrait devenir renouvelable tous les dix ans, alors qu'auparavant, elle était quinquennale.

 

 

Sauf que, selon Bernard Bonnet, le groupe qui a remporté l'appel d'offre : The Social Club & Coline Faulquier, cheffe étoilée du restaurant Signature à Marseille, se serait déjà porté acquéreur de l'Épuisette l'an dernier. Ce qui, toujours selon Bernard Bonnet, remet en cause le bon respect des règles de l'appel d'offre. D'après la métropole, trois candidats sont entrés en lice pour l'appel d'offre et l'attribution de l'autorisation d'occupation temporaire du domaine public maritime a été décidée par une commission sur trois aspects : technique, environnemental et investissement financier. Didier Réault précise que :"C'est l'investissement qui a joué dans la balance pour que le groupe The Social Club & Coline Faulquier l'emporte".   

 

 

Dans un communiqué, Denis Allegrini le président de The Social Club, qui représente une collection de quatre hôtels, six restaurants et points de vente situés à Nîmes, Paris, dans la Drôme, dans les Alpilles et sur le site du Pont du Gard. annonce vouloir reprendre le personnel de L'Épuisette : "Nous sommes très heureux d’accompagner Coline Faulquier dans ce projet exceptionnel de par son cadre et son environnement. Nous avons répondu par la voie classique à une procédure de sélection comme il est d’usage de le faire et dont les critères de jugement sont clairs. Jugés sur des critères bien précis, qu’ils soient relatifs à la qualité, à l’éco-responsabilité, aux aspects sociaux et économiques, nous avons tenu à y répondre de manière très détaillée. Je précise par ailleurs sur la partie sociale, que l’ensemble des emplois seront conservés. Nous restons aujourd’hui concentrés au déploiement et à la continuité de ce beau projet."

Interviewé dans sa cuisine de l'Épuisette, Guillaume Sourrieu, chef une étoile au Michelin depuis 22 ans, éprouve un mélange d'amertume et d'indignation et martèle :"On ne partira pas !"

 

 

Il faut très probablement s'attendre à un bras de fer juridique entre le restaurateur et la métropole dans les prochaines semaines. Affaire à suivre, donc.

Une pétition en soutien à l'équipe de L'Épuisette est en ligne sur le site du restaurant : l-epuisette.fr.