Et si nos "petits coins" devenaient une ressource écologique ? C'est le pari d'Ehotil, une startup "Made in Marseille" qui lance les premiers tests grandeur nature pour transformer l'urine humaine en engrais agricole. Bien plus qu'une simple "astuce de grand-mère", c'est une véritable innovation à fort enjeu environnemental. Stéphane de Lacroix, cofondateur d'Ehotil, était l'invité de Gilles Fenech dans "Le Grand Réveil" sur Maritima.

 

Du déchet polluant à la ressource précieuse

 

À l'origine du projet : une rencontre et un constat. Celle de Stéphane de Lacroix, ingénieur agronome dont la mission est de "nourrir les gens", et d'Emmanuel Morin, fondateur d'Ecodomeo (toilettes sèches). Ce dernier faisait face à un problème : s'il est "débile de faire nos besoins dans l'eau potable", les toilettes sèches accumulent de l'urine qui, en grande quantité, devient un polluant pour les milieux aquatiques (prolifération d'algues).

La solution ? "Les composants de l'urine sont très similaires à ce qu'on retrouve dans les engrais", explique Stéphane de Lacroix. Ehotil est née de cette idée : transformer ce déchet en ressource.

 

Comment ça marche ? Un processus en 3 étapes

 

La startup a développé un processus industriel pour rendre l'urine saine et efficace pour l'agriculture :

1. La stabilisation : la machine empêche l'azote de s'évaporer (ce qui crée l'odeur) pour le conserver, car c'est un élément clé pour les plantes.

2. La purification : le liquide est filtré pour enlever toutes les molécules indésirables (résidus de médicaments, hormones, etc.) et obtenir un produit "sain".

3. La concentration : le produit est concentré pour répondre aux normes européennes et pouvoir être officiellement appelé "engrais".

 

Un double impact écologique

 

Le projet d'Ehotil répond à deux enjeux environnementaux majeurs :

• Réduire la pollution de l'eau : en retirant l'urine du réseau d'eaux usées, Ehotil "allège la charge" des stations d'épuration, souvent saturées dans les grandes villes et qui ne peuvent pas tout traiter.

• Économiser l'énergie : la fabrication d'engrais synthétiques aujourd'hui "utilise énormément d'énergie", souvent issue du gaz fossile, pour capter l'azote de l'air. Le processus d'Ehotil crée un "écosystème local" en circuit court, beaucoup moins énergivore.

La startup précise qu'elle ne demande pas au public de venir uriner, mais collecte la matière première auprès de loueurs de toilettes sèches ou d'établissements recevant du public. Les agriculteurs sont déjà demandeurs, et la prochaine étape pour Ehotil est d'obtenir la certification avant une commercialisation "assez rapide".