Saint-Chamas
-
Environnement,
Société
Saint-Chamas, trois ans après l'incendie, une catastrophe écologique et sanitaire ?4min

Par Michel Montagne06/05/2025 à 06:00
On se souvient de l'embrasement suspect de cet entrepôt de déchets qui avait engendré plus de trois semaines de pollution atmosphérique. Si les flammes ont depuis été maîtrisées, la pollution, elle, continue de se propager. C'est en tout cas ce qu'affirme un collectif de citoyens rassemblés dans ''Cistude'', une association locale de défense de l'environnement.
Il y a plus de trois ans, le 26 décembre 2021, la commune de Saint-Chamas était victime d'un incendie qui avait ravagé un immense hangar où étaient entreposés de façon illégale 30 000 mètres cubes de déchets. À l'époque, l'exploitant n'avait pourtant été autorisé à stocker qu'un volume 30 fois moindre.
Conséquence, un énorme nuage de fumées toxiques qui a pollué l'atmosphère durant 47 jours avec des retombées de particules dont on n'a pas encore identifié les répercussions sur l'environnement et sur la santé de la population. Mais surtout, ce sont 12 500 tonnes de déchets qui stagnent encore aujourd'hui sur le site.
Le collectif Cistude, association écologiste membre de France Nature Environnement 13 et née à Saint-Chamas, dénonce ainsi une pollution ininterrompue depuis plus de trois ans, Pour le constater nous nous sommes rendus sur place en compagnie de deux de ses membres, Christian Marquis, coprésident, et Jean-Luc Platon, militant.
Ce qui frappe en premier lieu, c'est la facilité d'accès, nul besoin d'escalader des barrières et aucune interdiction de pénétrer apparente. Sur les vestiges des bâtiments, de jeunes amateurs d'urbex sont venus signer leur passage de grafs géants et esthétiques, seules traces humaines encore agréables au regard.
Autres touches de couleurs, de magnifiques coquelicots et leurs cousines, les glauciennes dont le jaune, lui aussi éclatant, vient rompre la grisaille ambiante. Signe que la nature reprend ses droits ? Certes, mais Christian Marquis douche vite nos espoirs de résurrection : ces deux fleurs qui appartiennent à la même famille des papavéracées ont en fait la capacité de pousser dans les milieux les plus perturbés comme les sites industriels et résistent sans problème à la pollution. Une beauté qui vous glace, d'autant que les animaux viennent se nourrir d'autres plantes présentes comme l'avoine qu'on croirait issues d'un terreau fertile et sain.
Ce que dénonce Cistude tient en quatre points :
- D'abord le manque de transparence.
Depuis l'incendie, l'association souligne devoir se battre juridiquement - notamment en engageant une procédure auprès du tribunal administratif - en vue d'obtenir des informations auprès de la DREAL. Informations auxquelles elle estime pourtant avoir droit en vertu du code de l'environnement.
(la DREAL est un service de l'État décentralisé en région et notamment en charge de la transition écologique.)
- Elle dénonce ensuite l'absence, depuis trois ans, de suivi sanitaire auprès des personnes qui vivent ou travaillent dans les environs du site.
- Elle demande également que soit lancée une nouvelle étude concernant la dangerosité des déchets, la dernière remontant à 2022 et ne tenant donc pas compte de l'évolution de la situation.
Et notamment la prise en compte de la toxicité liée aux polluants éternels (substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées) dont elle suspecte la présence et qui n'ont pas été recherchées à l'époque. Des polluants qu'on retrouve dans les retardateurs de flammes et les mousses anti-incendie dont on fait abondamment usage les pompiers pour combattre les flammes.
- Enfin, le 4e point, Christian Marquis le résume en trois mots et un impératif : "Dégagez les déchets !"
Car si la DREAL a longtemps considéré que les tonnes de déchets ne présentaient aucun danger car inertes, il n'en va pas de même pour l'ADEME.
Suite à un recours de Cistude auprès du tribunal administratif, cette agence, établissement public en charge elle aussi de la transition écologique, a pourtant reconnu l'existence d'un niveau de "dangerosité intermédiaire" mais sans non plus apporter plus de précisions.
On fait donc face à un cocktail de différents polluants travaillés par la chaleur, la pluie, le vent et par le temps qui passe, qui affecte possiblement l'atmosphère, les sols, les sous-sols ainsi que les personnes qui vivent ou travaillent dans les environs et qui engendre une flore toxique dont vient se nourrir la faune locale, notamment les oiseaux.
Un site pollué encadré au nord par le fleuve la Touloubre qui coule juste 200 mètres plus loin avant de se jeter dans l'étang de Berre, et au sud par le parc communal des Creusets, situé de l'autre côté de la D 15, la route de Lançon, qui longe le site.
En vidéo, la "balade" dans le site au milieu d'un décor édifiant avec les explications de Christian Marquis, coprésident de Cistude, collectif écologiste né à Saint-Chamas mais qui regroupe des adhérents issus de tout le pourtour de l'étang de Berre.
A lire aussi

Gardanne
-
Environnement
Centrale biomasse de Gardanne : lancement de l'enquête publique sur l'approvisionnement en bois

France
-
Environnement
Le gouvernement lance à Marseille la réflexion sur le financement des mobilités d'ici 2040

Port-de-Bouc
-
Environnement
Contournement de Port-de-Bouc, pour le maire "le projet n'est pas remis en cause"

Martigues
-
Environnement
Sécheresse 2024 : non-reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle à Martigues