Les trois suspects, deux âgés de 22 ans et un de 18 ans, interpellés lundi, ont été mis en examen et écroués, a indiqué vendredi le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, lors d'une conférence de presse.

Le 20 mai, peu après trois heures du matin, les internationaux camerounais Faris Moumbagna et Jean Onana et le défenseur franco-ivoirien Bamo Meïté quittent le centre d'entrainement de la Commanderie, dans l'est de la ville, pour se rendre ensemble au domicile de Faris Moumbagna. L'équipe venait de rentrer à Marseille après son dernier match de la saison de Ligue 1, au Havre.

Roulant en convoi, les deux premiers dans leurs Range Rover et le troisième dans une petite citadine, ils sortent par une issue qu'ils n'ont pas l'habitude d'emprunter, et s'égarent en tentant de contourner des travaux non signalés par une application de guidage.

Ils finissent dans une impasse, où un groupe de trois jeunes hommes et une femme discutent autour d'une voiture.

"Les joueurs de l'Olympique de Marseille vont d'abord être apostrophés et vont rapidement faire demi-tour, comprenant qu'ils ne sont pas les bienvenus", a détaillé M. Bessone.

C'est alors que les trois hommes "s'engouffrent dans leur véhicule, les prennent en chasse et vont leur tirer dessus". Deux balles de calibre 7.65 touchent la voiture de Faris Moumbagna et une celle de Jean Onana. "Assez miraculeusement", ils ne sont pas blessés.

La voiture de Faris Moumbagna "termine sa course dans un poteau" et les tireurs "quittent alors les lieux".

Le club de foot marseillais avait immédiatement évoqué une tentative de "carjacking", vol de voiture à main armée, bien que les véhicules des joueurs, "très choqués", n'aient pas été dérobés.

 

"Personnes éminentes"

 

Mais l'enquête, grâce notamment à des traces ADN, s'oriente en fait rapidement vers "des membres d'une même famille" ayant compté des "personnes éminentes du narcobanditisme marseillais", a expliqué le procureur.

Notamment une femme quinquagénaire, qui habite près de l'impasse, et son fils de 22 ans, "défavorablement connu des services (et) déjà condamné pour infraction à la législation sur les stupéfiants".

Le père et l'oncle du jeune homme, époux et beau-frère de la femme, ont été tués dans un règlement de comptes lié au trafic de drogue il y a quelques années. Le fils a lui-même été la cible d'une tentative d'homicide à l'âge de 17 ans.

Le deuxième homme du groupe, 22 ans lui aussi, est identifié comme un ami proche du fils, également connu pour des affaires de trafic de stupéfiants. Le dernier est un ami moins proche, âgé de 18 ans et connu pour des affaires de drogue et conduite sans permis.

Après plusieurs semaines de traque, ils ont été interpellés lundi et deux armes de poing retrouvées lors de perquisitions.

Ils ont reconnu les faits et expliqué que "gravitant dans ce milieu (de la drogue) et voyant arriver deux Range Rover à 3h15 du matin (...) ils ont eu peur d'être victimes d'un règlement de comptes", a précisé le procureur.

Ils ont toutefois assuré ne pas avoir eu l'intention de tuer les joueurs, qu'ils n'ont pas reconnus. Et l'affaire, qui aurait pu virer au drame, relève finalement du "quiproquo complet".

Le conducteur, le jeune homme de 18 ans, a été mis en examen pour tentative d'assassinat en bande organisée, les deux autres pour tentative d'assassinat en bande organisée et détention et acquisition d'armes et de munitions. Les trois ont été placés en détention provisoire.

L'an dernier, 49 personnes, principalement des jeunes hommes souvent en bas de l'échelle des trafics, ont été tués à Marseille dans des règlements de comptes liés à la drogue, et une dizaine depuis le début de cette année.

 

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