Marseille
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Faits divers
Saisies de pièces auto contrefaites, les douanes marseillaises passent la quatrième5min
Par Michel Montagne18/09/2024 à 08:32
Les agents des douanes affectés au bureau maritime du port de Marseille présentaient ce mardi matin leur dernière prise : une quinzaine de palettes représentant plus de 11 000 pièces auto contrefaites. C'est la 4e saisie en un an et demi pour un montant total de 4 millions d'euros
Un trafic en pleine expansion
On connait la traite humaine, le trafic de drogue, celui des espèces protégées ou encore des œuvres d'art, également la contrefaçon des vêtements de marque et des produits de luxe, on connait moins la contrefaçon des pièces automobiles. Et pourtant, c'est un trafic juteux qui a pris son essor au début des années 2000 pour exploser aujourd'hui.
Et dans cette branche de délinquance, le service des douanes affecté au port de Marseille ne chôme pas : quatre prises depuis un an et demi, soit au total près de 80 000 pièces saisies pour une valeur marchande donc de 4 millions d'euros.
Tous les grands constructeurs européens sont concernés par ce trafic qui puise ses racines principalement en Chine, une Chine talonnée depuis quelques années par la Turquie.
Et c'est justement de Turquie qu'est arrivé ce conteneur qui, en juillet dernier, a attiré l'attention des douaniers français,.
Une bonne pioche puisque les plus de 11000 pièces auto qui y étaient stockées, attendant leur expédition en Algérie, étaient bel et bien de la contrefaçon.
Difficile de distinguer la pièce authentique de celle contrefaite
Pour s'y retrouver et s'assurer légalement qu'ils sont bien en présence d'imitations illégales, les services des douanes peuvent compter sur l'expertise des "sachants", c'est ainsi qu'on surnomme les responsables de la protection de la marque employés par les constructeurs et missionnés pour aider les fonctionnaires à identifier les fausses pièces.
Ainsi, ce matin, on comptait la présence de Didier et Guillaume, les sachants respectivement des groupes Renault et Stellantis (PSA-Fiat-Chrysler).
Ils nous expliquaient notamment qu'avec 250 000 références pour Renault et 1 million pour Stellantis, il est souvent difficile pour les douaniers, même expérimentés, de distinguer le bon grain de l'ivraie,
D'où l'apport essentiel des sachants qui ont, eux, accès aux secrets des constructeurs, soit les marquages spécifiques de toutes leurs références par des étiquetages sécurisés et uniques.
Des marquages qu'on pourrait comparer à des tatouages ou à des empreintes digitales propres à chaque pièce détachée, certains visibles, d'autres invisibles et qui permettent ainsi de détecter la contrefaçon sans coup férir.
Des techniques qu'on ne peut pas décrire ici trop précisément puisque les constructeurs tiennent à toujours garder une longueur d'avance sur les trafiquants qui, eux, tentent évidemment de reproduire à la fois la pièce mais aussi son sceau d'authenticité.
Un million de filtres contrefaits saisis en Turquie
Une lutte qui relève de l'ordre public puisqu'à l'inverse par exemple des produits de luxe dont la contrefaçon n'entraîne qu'un préjudice économique, ici, dans le cas de pièces auto de fabrication extrêmement médiocre et ne respectant aucune norme de sécurité, leur mauvaise qualité peut provoquer des accidents graves mettant en jeu la vie du conducteur, de ses passagers comme celles de tiers.
La majeure partie des pièces saisies par la douane marseillaise a ensuite été acheminée vers une entreprise spécialisée dans leur destruction.
Si les saisies marseillaises sont significatives, les deux cadres de Renault et Stellantis évoquaient une saisie récente et exceptionnelle en Turquie qui totalisait un million de filtres contrefaits, soit le chargement de 65 poids-lourds pour une valeur de 20 millions d'euros.
Cependant, nouvel écueil concernant la chasse aux pièces contrefaites, leur distribution se développe de plus en plus via internet avec des quantités plus modestes et donc des livraisons plus difficilement détectables.
En vidéo, les témoignages de Mélissa Glissant, inspectrice des douanes à Marseille ainsi que de Didier et Guillaume, les "sachants" de deux grands constructeurs français (interviews réalisées dans le respect de leur anonymat, ces deux cadres étant amenés de par leurs fonctions à se rendre incognito dans les pays où fleurit la contrefaçon)
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