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À Noailles le fléau de la vente à la sauvette, symptôme d’un quartier classé “à part”

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Par Cassandre Amouroux22/10/2024 à 07:00

Depuis près de deux ans, un marché de vendeurs à la sauvette s’est emparé du quartier. Un problème parmi tant d’autres à Noailles, où les habitants se sentent comme “des sous-citoyens”.

“Bah, c’est Noailles quoi”. À Marseille, il est commun d’entendre cette phrase. Une fatalité que les riverains ne peuvent plus supporter : “On a l’impression que tant que c’est contenu dans Noailles tout va bien (...) Pourquoi on ne trouve pas des vendeurs à la sauvette sur la place Bargemon ? “. Fabienne, habitante du quartier depuis 15 ans, a vu la situation se dégrader sous ses yeux à partir de 2018, quand les immeubles sont tombés rue d’Aubagne, emportant huit personnes.

Les mises en péril se sont succédées dans le quartier, laissant des locaux vacants et des pas de portes disponibles. Dans ces rues où le taux de pauvreté est important, les vendeurs à la sauvette ont rapidement trouvé leurs clients et sont arrivés par dizaines. “Noailles a toujours connu des vendeurs à la sauvette, mais jamais dans cette proportion”, précise Fabienne.

 

Une “cohabitation” difficile 

 

Pour les riverains, notamment dans le secteur de la rue Pollak où les vendeurs sont les plus nombreux, la situation a viré au cauchemar. La présence quotidienne de ce marché illégal à ciel ouvert vient avec son lot de nuisances : musiques fortes, cris, bagarres, prises de drogues et insalubrité. Certains habitants et commerçants se sont réunis en collectif, il y a un peu plus d’un an, pour alerter les pouvoirs publics. Une douzaine de plaintes ont également été déposées pour insultes, violences sexistes, menaces de mort ou de viol et agression physique. 

Depuis, le collectif a été en partie entendu. Les passages des forces de l’ordre sont incontestablement plus nombreux mais “ce n’est pas suffisant”. Les vendeurs sont toujours là et s’adaptent aux actions policières.

Contactée par Maritima, la préfecture de police assure que les riverains sont régulièrement reçus et leur retour sont utilisés pour adapter le dispositif : “Nous en étions à trois opérations quotidiennes d’évacuation de la zone, le préfet de police a demandé à passer à 4”, annonce Yannis Bouzar sous-préfet. Des interventions qui ne se feront plus à des heures fixes, mais de manière inopinée. Depuis le début de l’année, 3500 amendes forfaitaires délictuelles réprimant la vente à la sauvette ont été dressées dans le secteur de Noailles. 

 

Un problème qui en cache bien d’autres

 

Sur les cartons qui servent d’étals rue Pollak ou rue d’Aubagne, la grande majorité des produits sont destinés à la vie de tous les jours : nourriture, habits, médicaments… Le recel est à l’origine de ce phénomène de vente à la sauvette, un vrai réseau se serait installé dans le centre-ville. “Une fois, un riverain s’est fait voler sa sacoche. Quelques heures plus tard, il la retrouve en vente en bas de chez lui”, raconte Fabienne, porte-parole du collectif.

“Il y a un travail à faire en profondeur pour identifier des réseaux qui agissent sur place”, souligne le sous-préfet. La réponse policière a ses limites et le problème doit être traité à la racine, un constat dressé par le collectif de riverains. Il souhaite la mise en place de médiateurs et l’intervention d’associations dans le secteur pour venir en aide à une population dans le besoin. 

Le sujet brulant de la propreté est également sur la table. Après le passage des vendeurs, les cartons s’entassent dans les poubelles, les invendus sont laissés dans la rue et ce sont parfois les riverains eux-mêmes qui font le ménage en bas de chez eux. Mais la difficulté touche l’ensemble du quartier, le volume de déchets est important : “On sait que la Métropole est mobilisée, mais six passages par jour ça ne suffit pas (...) Il faut auditer chaque commerce sur le volume”, estime la porte-parole du collectif.

Le ping-pong politique sur la question nuirait aussi au quartier : “Le ‘c’est pas moi, c’est l’autre’, ça ne résout pas les problèmes”.  Après avoir interpellé les élus l’an dernier, le collectif PollakAubagne est désormais en lien avec des “opérationnels” du côté de la Ville et de la Métropole, dans l’espoir d’avoir des réponses plus pragmatiques sur les multiples difficultés qui touchent Noailles.

 

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