"Je me reconnais coupable", a déclaré Julien Palisca, 46 ans, à l'ouverture de l'audience devant la cour criminelle départementale à Aix-en-Provence, alors que les explications de l'ex-fonctionnaire ont beaucoup varié tout au long de l'enquête.

"On a tendance à se perdre dans la multiplicité de ses affirmations", a d'ailleurs résumé le Dr Philippe Raymondet, psychiatre. "Il fluctue, il fait varier ses explications et il a une capacité à présenter une fable, dans un sentiment de toute puissance face à des gens qu'il imagine crédules", a expliqué l’expert.

La soeur de l'accusé, infirmière, a confirmé "une tendance à raconter des histoires dès l'adolescence".

Leur mère, âgée de 73 ans, était ainsi "tombée du placard en apprenant ce que son fils racontait" aux enquêteurs, selon l'expression de l'un d'entre eux.

En pleurs, elle a par exemple confirmé qu'elle n'avait jamais divorcé, contrairement à ce qu'a toujours affirmé l'accusé. Tout comme il n'avait jamais été enfant de choeur, ce qu'il avait assuré à une collègue de travail. "On ne connaissait pratiquement rien de sa vie privée et professionnelle. On parlait pas chez nous, c’était comme ça avant", a expliqué sa mère lors d'une brève déposition.

Saisie initialement d'une simple affaire de corruption de mineurs – des messages tendancieux envoyés par le brigadier à un adolescent de 17 ans, victime d'un viol - la directrice d'enquête de l'Inspection générale de la police nationale a dit n'avoir "jamais eu affaire à un individu comme cela".

 

Sérénité déstabilisante

 

Entendu en audition libre, Julien Palisca avait ainsi donné son accord pour une perquisition de son domicile, sachant que des milliers d'images et vidéos pédopornographiques y seraient découverts, tout comme le récit écrit de viols sur des enfants à Manille. "Il avait une telle sérénité, c'était déstabilisant. Quand on a découvert tout cela, il ne semblait pas concerné, alors qu'un pédophile minimise habituellement", a confié cette enquêtrice.

A la barre, un enquêteur de l'Office central pour la répression des violences aux personnes a présenté l'ancien policier comme "un prédateur voulant satisfaire ses pulsions pédocriminelles en manipulant son entourage professionnel, amical et familial, en donnant de lui l'image d'une personne lisse, engagée dans la protection de l'enfance". Pour cet enquêteur, il exerçait ses fonctions de policier "pour trouver des mineurs en grande précarité" et son engagement associatif dans une ONG philippine pour la protection des enfants des rues visait à "satisfaire ses pulsions".

Julien Palisca ne s'est pas encore expliqué sur les faits. Vêtu d’un gilet rayé gris et jaune, il baisse les yeux lorsque les écrans de la cour criminelle diffusent les images pédopornographiques retrouvées chez lui. Même attitude contrite lorsque s'affichent les notes très crues qu'il avait rédigées, en juillet 2018, évoquant par exemple une rencontre sur une plage.

Julien Palisca sera confronté mercredi matin à la déposition depuis Manille de deux frères qui, interrogés en 2024, l’avaient reconnu comme "le touriste américain" rencontré en septembre 2018 dans un magasin de Manille et qui avait monnayé des relations sexuelles contre quelques dizaines d'euros. Leur déposition se fera depuis la prison où l'aîné – 15 ans au moment des faits – est incarcéré et depuis l'ambassade de France pour son frère de trois ans son cadet. Leur avocate, Me Julie Bolo-Jolly, demandera le huis clos.

 

© Agence France-Presse (par L. Leroux)