Dix semaines donc, dominées par deux personnalités: Dominique Pelicot, 71 ans, décrit comme "le chef d'orchestre" de ce dossier, accusé d'avoir drogué sa femme pendant dix ans, pour la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes qu'il recrutait sur internet. Des faits qu'il reconnaît.

Mais surtout Gisèle Pelicot, 71 ans également, sa désormais ex-épouse. En refusant le huis-clos le 2 septembre, à l'ouverture du procès devant la cour criminelle de Vaucluse, à Avignon, c'est elle qui a permis de mettre sur la place publique comme jamais auparavant cette question des violences faites aux femmes mais aussi de la soumission chimique.

"Pour que la honte change de camp", avait-elle expliqué à la barre. Pendant dix semaines, Gisèle Pelicot a assisté presque quotidiennement au défilé des accusés, son ex-mari d'abord, et 49 autres hommes, de 26 à 74 ans. Un dernier accusé, Hassan O., 30 ans, est toujours en fuite et sera jugé in absentia.

Parmi les coaccusés, 14 ont reconnu les faits de viols aggravés dont ils sont accusés et pour lesquels ils encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.

Les 35 autres nient avoir violé Mme Pelicot et maintiennent avoir cru participer au scenario d'un couple libertin, dans lequel l'épouse faisait semblant de dormir.

"On fatigue. On fatigue beaucoup du côté de Gisèle Pelicot d'entendre à peu près systématiquement les mêmes explications des accusés sur le terrain juridique de l'intention, (...) entendre qu'elle a été victime de viol +par accident+, de viol +par erreur de jugement+, de viol +à contre-coeur+", s'est insurgé Me Antoine Camus, l'un des deux avocats des parties civiles, Mme Pelicot, ses trois enfants et ses petits-enfants.

Après avoir examiné les dossiers de 47 accusés, la cour doit encore en examiner quatre, ceux de Nicolas F., 43 ans, Boris M., 37 ans, Philippe L., 62 ans, et Joseph C., 69 ans. Des débats qui devraient occuper toute la journée de lundi.

 

La parole aux avocats

 

Mardi, la parole devrait alors être donnée aux enfants du couple Pelicot qui ne se sont pas encore exprimés, David et Florian. Mais une incertitude régnait encore vendredi soir sur la date de l'audition de David, contraint par son agenda professionnel.

Leur soeur Caroline avait été entendue dès la première semaine du procès, comme les deux belles-soeurs, Céline et Aurore, respectivement épouse et désormais ex-épouse de David et Florian. Des images et des photomontages des trois femmes nues, prises à leur insu, avaient été publiées par Dominique Pelicot sur les réseaux sociaux.

Caroline pense avoir été également droguée par son père, avec le doute lancinant d'avoir elle aussi été violée dans son sommeil.

Une fois les auditions de David et Florian terminées, la cour et son président Roger Arata devraient donner une dernière fois la parole à Dominique et Gisèle Pelicot. Ce qui pourrait décaler à mercredi la plaidoirie des avocats des parties civiles.

Puis ce sera le tour des deux représentants du ministère public, Jean-François Mayet et Laure Chabaud, pour un réquisitoire initialement prévu sur deux jours mais qui pourrait en fait durer plus longtemps. L'avocat général souhaitant par ailleurs que ce réquisitoire ne soit pas interrompu par le week-end, une suspension du procès jusqu'au lundi 25 novembre n'est pas à exclure.

La parole sera enfin donnée aux avocats des 51 accusés, pendant trois semaines, avec pour dernière intervention celle de Me Béatrice Zavarro, conseil de Dominique Pelicot.

Restera alors une semaine aux cinq magistrats professionnels de la cour pour délibérer, avec un verdict attendu le 20 décembre au plus tard.

 

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