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Viols de Mazan : la défense clôt ses plaidoiries en pointant le "monstre" Dominique Pelicot

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Par Joey Temple13/12/2024 à 16:45

Les plaidoiries de la défense au procès des viols de Mazan à Avignon se sont conclues ce vendredi 13 décembre en pointant une énième fois le "monstre" Dominique Pelicot qui aurait manipulé les accusés, "victimes indirectes".

Ce procès hors norme au puissant retentissement national et international entre dans la dernière ligne droite, après un peu plus de deux semaines consacrées à la défense des 51 hommes accusés pour la plupart de viols aggravés sur Gisèle Pelicot, 72 ans, dont son ex-mari Dominique, qui a avoué l'avoir droguée pour la violer et la livrer à des inconnus recrutés sur internet au domicile familial de Mazan, dans le Vaucluse.

L'une des dernières avocates à prendre la parole, Me Nadia El Bouroumi, a évoqué durant un peu plus d'une heure ses clients - Omar D., 36 ans, agent d'entretien et Jean-Marc L., retraité de 74 ans, le plus vieil accusé -, "des hommes, père, grand-père qui ont une vie simple, tranquille", et leurs parcours de vie "sans faute" jusqu'à leur rencontre avec Dominique Pelicot.


A l'instar de plusieurs de ses confrères et consoeurs, elle a opté pour un axe de défense consistant à dédouaner les accusés, aujourd'hui âgés de 27 à 74 ans et de tous milieux sociaux, qui n'avaient selon elle "aucunement conscience" qu'ils agressaient sexuellement Gisèle Pelicot, pour mieux charger "le monstre" Dominique Pelicot, "fin manipulateur" qui "les a sciemment choisis pour pouvoir assouvir ses fantasmes".

"Je défends des hommes qui sont la normalité de cette société et M. Pelicot, c'est l'exception, c'est quelqu'un de dangereux. On a un monstre dans le box", a déclaré l'avocate. D'autres défenseurs ont dépeint ces dernières semaines Dominique Pelicot comme "un loup" ou "un ogre".

 

"Victimes indirectes"

 

Rappelant que Gisèle Pelicot était bien victime "et qu'il n'est nullement question de remettre son (non) consentement en doute", elle a défendu que son ex-mari "a utilisé ces hommes comme des objets", des "victimes indirectes".

"Comment on aurait pu comprendre que Mme Pelicot était droguée? La puissance du violeur en série, qui tue, qui la viole, et est capable de lui faire dire que +c'était un chic type+ (phrase prononcée par Gisèle Pelicot lors de son audition par les policiers en 2020, NDLR)? Je vous crois Mme Pelicot car la puissance de ce type-là a réussi à vous manipuler pendant toutes ces années!", a asséné l'avocate.

"Le violeur en série a une psychologie, un fonctionnement où il manipule" depuis "plus de 30 ans", a-t-elle accusé. Une référence à deux autres dossiers, où le principal accusé est toujours mis en cause par le pôle des affaires classées de Nanterre: un meurtre avec viol à Paris en 1991, qu'il nie, et une tentative de viol en Seine-et-Marne en 1999, qu'il reconnaît, après avoir été confondu par son ADN.

 

Sous "la pression du public" mais aussi "médiatique"

 

Or, "il n'y a pas de crime sans intention: l'intention c'est quoi? C'est la volonté et la conscience de commettre un crime", a énoncé Me El Bouroumi, demandant à la cour "d'acquitter ces hommes". Elle a également évoqué les difficultés de la défense. "C'est très dur pour nous de parler car on a une partie civile qui est une icône et que toute parole est une atteinte à la femme", a expliqué l'avocate.

Remarquant que la cour était sous "la pression du public" mais aussi "médiatique" - 166 médias sont accrédités dont 76 étrangers -, elle lui a demandé de "garder la tête froide" lors de son verdict pour "revenir aux fondamentaux".

Lundi, Dominique Pelicot et ses coaccusés, des hommes auront la possibilité de s'exprimer une dernière fois avant que les juges de la cour criminelle de Vaucluse ne se retirent pour trancher sur leur culpabilité ou pas et sur les peines à infliger.

Le verdict est attendu jeudi. L'accusation, qui a requis des peines de quatre à vingt ans de réclusion criminelle, a demandé à la cour d'envoyer par sa décision "un message d'espoir aux victimes de violences sexuelles". "Vous signifierez que le viol ordinaire n'existe pas, que le viol accidentel ou involontaire n'existe pas", avait déclaré Laure Chabaud, l'une des deux représentantes du ministère public.

 

© Agence France-Presse

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