2023 reste dans les esprits, l’année d’un record macabre : 49 morts liés au narcobanditisme. Un chiffre qui a été divisé par deux en 2024, une baisse en grande partie expliquée par la fin de la guerre entre la DZ Mafia et le clan Yoda à Marseille.

Le nombre de points de deal a, lui aussi, baissé : 29 ont été supprimés, ils ont donc été divisés par deux en l’espace de trois ans. 111 restent actifs dans les Bouches-du-Rhône, dont 84 à Marseille. Des effets “de déport” ont été constatés, les trafiquants ont cherché à contrer le pilonnage en essayant de s’installer ailleurs ou en adaptant leur mode de service, notamment avec la livraison, le fameux "Ubershit". Un phénomène qui a été anticipé à travers plusieurs outils mis en place et décrits par le procureur de Marseille Nicolas Bessone (cf vidéo ci-dessous).  

 

 

Selon les chiffres de la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, 3400 trafiquants ont été interpellés, soit une augmentation de 40% par rapport à 2023. Les amendes forfaitaires délictuelles sont également en hausse (+12%) visant les consommateurs. Pierre-Edouard Colliex a mentionné “un phénomène de consommation inquiétant sur Marseille”.

 

En 2025 : des moyens à renforcer et une loi très attendue

 

Si les effectifs de police à Marseille ont été renforcés ces dernières années, plus de moyens sont nécessaires pour enquêter et s’occuper du “haut du spectre”. Suite à la visite du ministre de l'Intérieur à Marseille en novembre dernier, Pierre-Edouard Colliex a obtenu l’arrivée de 25 enquêteurs supplémentaires en ce début d’année, ils devraient prendre leurs fonctions d’ici fin mars : “15 seront affectés sur la lutte contre les trafics et 10 sur la criminalité organisée”, a détaillé le préfet. Sur la voie publique, 96 nouveaux effectifs seront affectés en 2025.

Côté judiciaire, de nouveaux instruments juridiques sont attendus, une loi contre le narcotrafic devrait arriver prochainement au Sénat. “Elle devrait nous permettre de nous doter d’outils pour être beaucoup plus efficace”, a estimé le procureur de Marseille (cf vidéo ci-dessous).

 

 

Des tireurs de moins de 16 ans, féminisation du milieu et inquiétude autour de la corruption

 

Désormais, ils ne sont pas seulement des guetteurs ou des nourrices. En 2024, plusieurs adolescents de moins de 16 ans ont été arrêtés en raison de leur implication dans des narchomicides. Parmi eux, un tireur qui sera jugé en 2025 dans un dossier de la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) devant un tribunal pour enfant, et c’est une première en France. “Il avait 15 ans au moment où il a commis les faits”, a précisé le procureur. “C’est la raison pour laquelle il ne va pas comparaître devant une cour d’assises des mineurs, mais devant un tribunal pour enfant criminel”.

Le milieu du narcotrafic continue de se féminiser, une tendance qui est observée depuis plusieurs années. Si auparavant les femmes étaient cantonnées au poste de nourrice, dorénavant, elles ont un rôle logistique dans les narchomicides. Elles sont aussi impliquées dans le phénomène "Ubershit".

Le procureur de Marseille a également mentionné la vigilance autour des risques de corruption. Il a évoqué “une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel de fonctionnaires de l’administration pénitentiaire pour des faits de corruption. Toute l’année dernière a été émaillée d’un certain nombre de jugements (...) Effectivement, on constate une volonté d’emprise”. Le procureur préconise une approche globale de ce phénomène pour “écarter les brebis galeuses et les sanctionner sévèrement”.