France
-
Justice,
National,
Société
Indignation face à l'arrêt annoncé des "activités ludiques" en prison3min
Par Joey Temple19/02/2025 à 13:00
Trente-et-une organisations impliquées dans la défense des détenus se sont indignées ce mercredi de l'annonce par le ministre de la Justice de l'arrêt des "activités ludiques" en prison. Elles demandent à Gérald Darmanin de revenir sur une décision dénoncée comme "un acte de pure démagogie".
Les signataires, parmi lesquelles figurent l'Observatoire international des prisons (OIP), la Ligue des droits de l'Homme ou le Secours catholique, demandent au garde des Sceaux de se raviser et "d'engager une réflexion sérieuse sur le sens de la peine et l'amélioration des conditions de détention".
Dans le sillage d'une polémique autour de soins du visage prodigués à des détenus à la maison d'arrêt de Toulouse-Seysses, le garde des Sceaux a annoncé lundi avoir ordonné l'arrêt de toutes les "activités ludiques" en prison qui ne concernent pas l'éducation, la langue française ou le sport.
Malgré les demandes et relances répétées de la part de la presse, la circulaire promise pour mettre en œuvre cette décision n'avait toujours pas été communiquée mercredi.
Néanmoins, "l'emballement a déjà gagné de nombreux établissements pénitentiaires, où l'ensemble des activités visé par le garde des Sceaux est temporairement suspendu", affirme le communiqué publié mercredi par l'OIP.
Le texte accuse le ministre de "nourrir la désinformation, plutôt que de rappeler la mission d'insertion des personnes détenues confiée à son administration" et de défendre "à nouveau une approche exclusivement punitive de la prison".
"Soupape" face à la surpopulation
Ces vives critiques viennent s'ajouter à celles de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté Dominique Simonnot, qui a rappelé lundi à l'AFP que ces activités sont "prévues par la loi" et "réapprennent aux gens à revivre normalement" en vue de leur sortie de prison.
"Ces activités s'inscrivent en réalité dans un travail sur l'estime de soi et le lien social, qui conditionne toute autre démarche d'insertion", font valoir les signataires du communiqué transmis par l'OIP, parmi lesquels figurent des syndicats de magistrats ou de surveillants pénitentiaires.
Ils estiment qu'au lieu de "saper une mission essentielle de son ministère, déjà largement en mal de moyens", le garde des Sceaux aurait pu s'attaquer au "scandale bien réel" des conditions de détention. Selon le texte, qui relève "surpopulation généralisée" dans les prisons françaises et "insalubrité de nombreux établissements", le quartier maison d'arrêt de Seysses comptait au 1er janvier 1.239 détenus pour 580 places.
Il décrit les activités en détention comme "un levier essentiel non seulement pour préparer la réinsertion des personnes détenues, mais aussi pour préserver leur équilibre psychologique", affirmant que "l'administration y voit même souvent une soupape pour gérer une détention explosive". "L'état catastrophique des prisons françaises mérite mieux que des effets d'annonce aggravant encore le problème", concluent les organisations signataires.
Sollicité par l'AFP, le ministère n'a pas donné suite dans l'immédiat.
"Bon sens"
Mais dans la matinale de France Inter, Gérald Darmanin en a appelé au "bon sens", affirmant que parmi les détenus ayant bénéficié des soins du visage au cœur de la polémique figuraient des "détenus radicalisés" ou condamnés à de "très longues peines".
"Ce que je dis c'est qu'on ne doit pas faire des massages et des soins du visage à des détenus radicalisés. Et je pense que, à peu près 95%, j'imagine, les Français sont d'accord avec moi". "Que nous fassions des activités éducatives, d'appréhension du français, de réinsertion lorsque les gens sont à quelques mois de leur sortie d'une prison, bien sûr, évidemment il faut le faire", a-t-il expliqué, "mais je ne pense pas que ça passe par le maquillage".
Cette affaire fait écho à la polémique en août 2022, venue en particulier de l'extrême droite et de la droite, autour d'une épreuve de karting à la prison de Fresnes (Val-de-Marne).
Le ministre de la Justice de l'époque, Éric Dupond-Moretti, avait fait valoir qu'il aurait mis son "veto" s'il avait été préalablement informé, avant que la Chancellerie n'annonce une circulaire au sujet de la validation expresse de la direction de l'administration pénitentiaire sur les conditions de projets de réinsertion en prison.
Syndicats de magistrats et d'avocats avaient vu dans la réaction du ministre "une communication démagogique et sécuritaire dictée par l'extrême droite".
Agence France-Presse
A lire aussi

France
-
Justice
Evasion mortelle de Mohamed Amra: le rappeur Koba LaD présenté à la justice

France
-
Justice
Procès libyen : sept ans de prison requis contre Nicolas Sarkozy

France
-
Justice
18 mois de prison avec sursis requis contre Gérard Depardieu jugé pour agressions sexuelles

Aix-en-Provence
-
Justice
Mort du petit Emile : probable "intervention d'un tiers dans la disparition et la mort" d'Emile