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"Que ça ne se reproduise jamais" : le cri du cœur d'une mère en deuil au procès de la rue d'Aubagne

3min

Par Maritima 18/11/2024 à 13:17

"S'il vous plait, essayez de tout analyser pour que ça ne se reproduise jamais": c'est le cri du cœur lancé lundi au tribunal correctionnel de Marseille par Liliana Lalonde Flores, mère d'une des huit victimes de l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne.

"Il avait le droit de vivre dignement", a calmement expliqué à la barre cette petite femme brune, interpellant les prévenus: "J'espère que les acteurs qui se trouvent assis derrière moi et qui entendent les familles vont mettre leur main sur leur cœur et se dire +est-ce que j'ai fait ce qu'il fallait?+"

La mère de Julien Lalonde, mort à 30 ans dans l'effondrement du 65 rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018, a évoqué ses deux petites-filles, les nièces de Julien, qui vont "très mal", mais aussi sa fille et son époux, qui ne peuvent "pas en parler".

"Et moi je vous ouvre mon cœur", a-t-elle simplement déclaré: "S'il vous plait, il ne faut pas répéter ces choses-là, car vous détruisez des familles entières".

Des applaudissements ont alors résonné du fond de la grande salle des procès hors-norme du tribunal judiciaire de Marseille, où le public se presse toujours, à la troisième semaine de ce procès emblématique du mal-logement dans la deuxième ville de France.

Marseille, justement, était un "port d'attache" pour Julien, explique sa mère, péruvienne: "c'était le monde" pour ce jeune homme riche de deux cultures, qui avait tant voyagé, notamment en travaillant pour une compagnie de croisières.

A l'écran, la photo en noir et blanc du trentenaire, aux mêmes grands yeux bruns que sa mère, coiffé d'un chapeau de feutre. Julien était "profondément pacifiste", "humaniste", "peut-être trop gentil", relève sa mère, "puisqu'il ne se plaignait jamais".

 

"J'ai eu très peur"

 

Quelques jours avant le drame, le 26 octobre 2018, Liliana se rend à Marseille pour les 30 ans de son fils, et elle découvre l'appartement et l'immeuble: "le mur bombé" dans le hall d'entrée, les "étincelles" quand elle veut brancher son portable, le radiateur "qui pend", le carreau de fenêtre cassé, mais surtout "des fissures inquiétantes".

Pendant les quelques nuits où elle dort chez son fils, Liliana sent "comme si les murs s'enfonçaient". "J'ai eu très peur, je lui ai dit +Tu me jures que tu vas partir?+". Julien la rassurait: "on a été évacués par les pompiers mais les experts nous ont dit qu'on pouvait revenir" (NDLR: le 18 octobre).

Fin octobre, Julien Lalonde avait déjà trouvé un autre appartement en colocation, mais il ne voulait pas partir avant d'avoir trouvé un remplaçant pour le 65 rue d'Aubagne, arguant qu'Alexis, le fils de sa propriétaire, un ami, avait "besoin du loyer".

C'est cet ami, rencontré sur une croisière, qu'il appelle le matin du 5 novembre, à 8h30. Julien prévient aussi son employeur: il ne peut pas se rendre au travail car sa porte d'entrée ne ferme plus et il ne veut pas laisser sans surveillance son ordinateur, son appareil photo et la guitare électrique qu'il vient de recevoir en cadeau d'anniversaire.

Quand Alexis B. se rend, à moto, rue d'Aubagne, ce lundi matin, pour voir ce qu'il en est, il trouve la rue barrée et des montagnes de gravats à la place de l'immeuble qui vient de s'écrouler, à 09h07.

A la barre, le trentenaire, cité à comparaitre avec sa mère, a indiqué avoir passé la soirée du samedi avant le drame dans l'appartement de Julien, comme il en avait l'habitude "environ une fois par semaine".

Quand il arrive dans l'immeuble ce jour-là, "plusieurs locataires (lui) sont tombés dessus": Marie-Emmanuelle Blanc, Fabien Lavieille et Simona Carpignano lui signalent "une aggravation importante" des problèmes de l'immeuble, notamment un ruissellement du mur mitoyen avec le 63.

Alexis B. en parle à sa mère, Michèle B., et tous deux conviennent d'en référer au syndic "dès le lundi".

Cette professeure de musique retraitée a contesté, en larmes, "le fait d’être traitée comme une marchande de sommeil": "Ce qui s'est passé avec Julien crée chez moi un traumatisme qui me perturbe au quotidien, j'ai beaucoup de peine pour la famille Lalonde".

Elle est poursuivie pour homicide involontaire par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence et soumission d'une personne vulnérable à des conditions d'hébergement indignes.

 

 

© Agence France-Presse

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