Une histoire de famille qui dure depuis quatre générations.
Au cœur du quartier de Saint-Menet à Marseille, l'usine de la "Boule Bleue" perpétue un savoir-faire unique depuis 1904.
Entre tradition et modernité, Hervé Rofritsch et sa très jeune équipe fabriquent artisanalement les fameuses boules qui font le bonheur des pointeurs et des tireurs du monde entier.
Michel Montagne a enfilé sa tenue de reporter pour nous emmener dans les coulisses de cette véritable institution à l'occasion du "Fil rouge" sur Maritima Radio.

 

De la boule cloutée à l'acier trempé

Tout a commencé il y a plus d'un siècle. "Mon arrière-grand-père fabriquait des boules en bois cloutées, une à deux paires par jour", raconte Hervé Rofritsch, l'actuel patron. À l'époque, on plantait les clous un par un, de façon circulaire en "escargot".
L'évolution technique a suivi l'histoire du jeu. Après le bois, place au bronze et au cuivre fondus sur place, avant l'arrivée en 1947 de l'acier trempé. C'est ce traitement thermique à 850°C qui donne aux boules en carbone ce reflet bleuté caractéristique, à l'origine du nom de la marque déposée en 1962.

 

 

Personnalisation et striage : un travail de précision

Dans l'usine, ça s'active. La fabrication d'une triplette prend 3 à 4 jours et passe par plusieurs étapes cruciales.

• La personnalisation : comme dans une imprimerie à l'ancienne, on grave, avec des caractères de plomb déposés un par un à la main, les noms ou initiales sur le métal encore mou.

• Le striage : c'est l'étape qui différencie le pointeur du tireur. "Les boules très striées pour les pointeurs afin d'accrocher le terrain, et les boules lisses pour les tireurs", explique Paul Roux, l'un des artisans.

• Le poinçonnage : pour homologuer la boule avec sa marque et son poids.

Un détail qui paraîtra une évidence pour les amateurs éclairés et connaisseurs mais qui n'en est pas forcément une pour les néophytes : une boule de pétanque est creuse, sinon, comme l'explique Hervé Rofritsch "ce n'est plus une boule mais un boulet et on ne pourrait pas jouer avec" car elle s'immobiliserait immédiatement au sol, sans rouler ni rebondir.

 

Le grand bain à 900 degrés

Le moment le plus spectaculaire reste la cuisson. Romain, équipé comme un ouvrier de la métallurgie en combinaison amiante argentée, enfourne les boules entre 850 et 900°C selon le métal.
Une fois cuites, elles sont plongées dans un bain spécifique : de l'eau salée pour l'acier carbone (qui deviendra noire ou bleue) ou de l'eau polymère pour l'acier inox. Ce choc thermique durcit le métal pour lui donner sa résistance définitive.

Avec 13 000 à 15 000 triplettes produites par an, la Boule Bleue reste une référence du "Made in Marseille", alliant précision chirurgicale et amour du travail bien fait.
La Boule Bleue est également la boule des stars, au "tableau de chasse" de l'entreprise marseillaise, rien moins que Benoît Paire, Lenny Kravitz, Olivier Marchal, feu Jean-Pierre Pernaud, Gilles Lellouche, Tony Estanguet, Alain Prost, Marie-Jo Perec et même... Mike Tyson ! pour ne citer qu'eux.

 

Où trouver les boules ?
À la boutique de l'usine à Saint-Menet ou à "La Maison de la Boule", place des 13 Cantons au Panier, immanquable avec sa magnifique façade bleue ou via le site www.laboulebleue.fr  
Évidemment, une idée de cadeau toute trouvée pour Noël