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"On voit une barbarisation de la société", s’inquiète le Ministre Laurent Marcangeli lors de son passage au centre pénitencier d’Aix-Luynes 4min

Par Sarah LeGuen24/04/2025 à 09:03
Alors que les agressions contre les agents pénitentiaires se multiplient partout en France, le ministre de l’Action publique, de la fonction publique et de la simplification, Laurent Marcangeli, s’est rendu à Aix-en-Provence. Une visite sous tension au centre pénitencier, marquée par des témoignages poignants et une exigence forte : celle d’un changement concret et rapide.
« J’ai entendu votre discours sur la protection des agents, mais la réalité est différente. Je n’ai pas senti le soutien de l’État. » L’agent pénitentiaire qui prend la parole ce mercredi à Luynes ne mâche pas ses mots. Face au ministre Laurent Marcangeli, il témoigne des agressions qu’il a subies : divulgation de son identité et de son domicile, incendie de son véhicule de fonction, comme nombreux de ses collègues français ces derniers jours. « J’ai passé quatre heures à la gendarmerie pour déposer plainte. J’ai dû refaire tous mes papiers d’identité, me battre avec mon assureur et avancer 400 euros de frais, poursuit l’agent. Même si j’ai eu un accompagnement de la direction interrégionale et de la direction locale, je me suis senti très seul et je suis isolé dans mes démarches », résume-t-il, amer, entourés par ses confrères de la fonction publique.
Le ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, écoute attentivement. Il ne nie rien. Au contraire, il reconnaît les lacunes du système actuel et la solitude ressenti par l’agent pénitencier. « C’est justement parce que nous faisons ce constat que nous voulons améliorer les dispositifs. J’ai besoin de ce témoignage et de celui de vos collègues concernant ces agressions », répond Laurent Marcangeli. Le Ministre était de passage au centre pénitencier Aix-Luynes ce mercredi 23 avril. L’objectif étant de rencontrer les agents pénitenciers, pour mieux comprendre ces défaillances dans le système spécifique existant au sein du centre pénitencier.
Manque de moyens et d’attractivités
Après de nombreuses discussions, avec la direction du centre, mais aussi avec les agents pénitenciers, Laurent Marcangéli peut déjà s’orienter sur les problèmes liés à cette profession. Manque d’effectifs, de moyens, de place, il est aussi nécessaire, selon le Ministre, de relancer une politique de recrutement. Cette dernière passe par une volonté de rendre la fonction pénitentiaire plus attractive, mais surtout, plus protectrice pour ses agents, qui ont peur d’être agressés. Après le témoignage poignant raconté lors de la table ronde, Laurent Marcangéli est formel. « J’ai la volonté farouche de défendre les agents et de faire en sorte que les droits évoluent pour que les protections dont ils font l’objet puissent être meilleure. Je comprends l’état de désarroi, notamment face à ces violences et ces attaques concertées et organisées. » Pour le ministre, il est donc nécessaire de prendre conscience de la réalité actuelle, afin d’apporter les réponses nécessaires.
Une promesse loin de suffire
C’est pourquoi, Laurent Marcangeli a fait une proposition. « Je souhaite que l’administration, et non l’agent, puisse en lieu et en place, s’occuper des démarches liées au dépôt de plainte. C’est le sens de la loi que je veux défendre dès la rentrée de septembre. »
Une promesse saluée, mais loin de suffire aux yeux des syndicats. Amandine Cordier, officier pénitentiaire et représentante de l’UFAP-UNSa Justice, tempère. « Cette mesure est importante, mais les problèmes de l’administration pénitentiaire sont tellement importants et nombreux que ce n’est pas suffisant. Cela n’empêchera pas un agent d’être suivi à la sortie de son service par la famille ou les proches d’un détenu. Ils ne sont pas en sécurité à l’intérieur, mais à l’extérieur non plus. Aujourd’hui, on attend plus qu’une venue ministérielle. On attend des mesures fortes, une sécurité pour les personnels et surtout d’avoir les moyens d’assurer notre travail correctement et en sécurité. »
En tout cas, un point semble faire consensus : la nécessité urgente d’agir.
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