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Législatives: distancé, le camp Macron se tourne vers la gauche mais se divise sur LFI

4min

Par Maritima 30/06/2024 à 23:53

Nettement distancé au premier tour des législatives, le camp d'Emmanuel Macron a tenté dès dimanche soir de mettre la pression sur la gauche, appelée au "rassemblement" face à la menace du RN, mais se divise d'ores et déjà sur le cas de La France insoumise.

Selon les premières estimations, le camp présidentiel recueille, en fonction des instituts, entre 20,7% et 22,1%. Les macronistes sont nettement distancés par le Rassemblement national (33,5-34%) mais aussi par le Nouveau Front populaire (28,1%-29,1%).

Un score qui clôt d'ores et déjà un premier chapitre de l'ère Macron, mettant un terme à la domination sur l'Assemblée nationale, sans partage entre 2017 et 2022 (plus de 32% au premier tour, 350 députés) et qui avait subi un sérieux coup d'arrêt en 2022 avec la perte de la majorité absolue, quelques semaines après la réélection d'Emmanuel Macron.

La dissolution surprise prononcée par le président après le revers (14,80%) subi aux européennes n'a donc pas porté ses fruits. Même s'il évite la déroute totale qui était crainte dans les états-majors.

Et le président, accusé de toutes parts d'exercer un pouvoir solitaire et vertical depuis son arrivée à l’Élysée, n'en risque pas moins d'être contraint à la cohabitation avec l'extrême droite, une première. Ou, pour l'éviter, à rechercher les voies d'une entente avec la gauche.

Dès 20H00, le chef de l'Etat s'est tourné vers le second tour, avec déclaration écrite dans laquelle il appelle, "face au Rassemblement national", à "un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour". Sous-entendu: sans LFI.

"La leçon de ce soir, c'est que l'extrême droite est aux portes du pouvoir" et "donc notre objectif est clair: empêcher le Rassemblement national d'avoir une majorité absolue au second tour", a de son côté réagi Gabriel Attal depuis Matignon.

Si "plusieurs centaines" de représentants de la majorité seront présents au second tour, le Premier ministre a annoncé le "désistement" des candidats "dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République".

 

Dissonances sur LFI

 

Mais cette posture face à LFI n'est pas unanime chez Renaissance, notamment au sein de l'aile gauche.

"Aucune ambiguïté, aucun ni-ni. Le fait politique, c'est qu'on a l'extrême droite aux portes du pouvoir, donc on ne peut pas se permettre de tergiverser". "Donc il faut faire barrage partout", a plaidé l'ex-ministre Clément Beaune.

Le ministre Roland Lescure a lui aussi appelé à "tout faire" pour empêcher une majorité absolue du RN, "en votant pour le candidat alternatif le mieux placé au premier tour" et en prônant le désistement de "tous [les] collègues" de la majorité arrivés en troisième position.

Même son de cloche chez l'ancienne ministre Rima Abdul-Malak. "A mes amis de la majorité présidentielle: le Nouveau Front populaire n'est pas que LFI et LFI n'est pas que Mélenchon. Le dépassement, c'est maintenant", écrit-t-elle sur X.

Des positions en net contraste avec celle de la ministre Aurore Bergé, qui ne "votera jamais pour un LFI", ou de la présidente de l'Assemblée sortante Yaël Braun-Pivet qui "en aucun cas" ne "pourrai[t] appeler" à voter pour "un certain nombre de candidats" qui ne "partage(nt)" pas les valeurs de la majorité.

Tout en critiquant LFI, François Bayrou et le président de l'UDI Hervé Marseille ont, eux, évoqué un examen au cas par cas, en fonction des profils et des circonscriptions.

Premier exemple: la candidate Ensemble Albane Branlant s'est retirée au profit de l'Insoumis François Ruffin, en ballotage face à un candidat RN dans la Somme.

"Je fais une différence entre des adversaires politiques et les ennemis de la République", a-t-elle déclaré.

Du côté d'Horizons, Edouard Philippe a été le plus ferme face aux Insoumis, estimant depuis Le Havre qu'"aucune voix" ne devait "se porter sur les candidats du Rassemblement national, ni sur ceux" du parti de Jean-Luc Mélenchon.

"Je proposerai aux candidats Horizons arrivés troisièmes, qui pourraient, par leur présence au second tour, sans espoir de victoire, favoriser l'élection d'un candidat des extrêmes, de se retirer au profit des candidats, des partis avec lesquels nous partageons les mêmes exigences démocratiques et républicaines", a poursuivi l'ancien Premier ministre.

Une position qui a provoqué l'ire de la gauche. "Mettre sur le même plan le Rassemblement national ou La France insoumise est une mécanique inacceptable et insupportable et elle doit s'arrêter immédiatement", a réagi sur BFMTV le coordonnateur de LFI, Manuel Bompard, alors que LFI a annoncé retirer ses ses candidatures dans les circonscriptions où elles est arrivée troisième et où le RN est en tête.

 

© Agence France-Presse

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