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Face à "une sorte de psychose" à Marseille, la préfète de police déléguée veut rassurer

3min

Par Maritima 28/11/2025 à 13:00

L'assassinat de Mehdi Kessaci, destiné à faire peur, est dans "la continuité" de l'évolution du narco-banditisme marseillais, estime la préfète de police déléguée des Bouches-du-Rhône, Corinne Simon, dans un entretien à l'AFP, appelant tous les secteurs de la société à "prendre leurs responsabilités".

 

QUESTION : L'assassinat de Mehdi Kessaci, frère d'un militant engagé contre le trafic de drogue, a été qualifié de tournant. Reprenez-vous l'expression ?

REPONSE : Je ne sais pas si c'est un tournant, mais c'est dans la continuité de ce que la DZ Mafia (principale nébuleuse du narcotrafic marseillais, NDLR) fait actuellement. Maintenant, la DZ Mafia n'est pas uniquement sur le trafic de stupéfiants. Parce que, justement, les actions de la police les poussent dans leurs retranchements, ils sont obligés de s'adapter.

Et ça fait déjà plusieurs mois qu'on est sur un phénomène de peur, d'extorsions, de commerces qui brûlent. Ils vont voir des familles dont certains sont incarcérés en disant: +si tu ne donnes pas 10.000, 20.000, 30.000 euros, on te tue+. Le message qu'ils ont voulu faire passer depuis plusieurs mois : +on fait ce qu'on veut, on est chez nous, c'est notre territoire+.

 

Q : Y a-t-il une augmentation du nombre de personnes placées sous protection?

R : Pas forcément par rapport à ce qui s'est passé avec l'assassinat de Mehdi Kessaci. (...) vous avez quelques magistrats qui à un moment donné l'ont été ou vont l'être mais de façon momentanée ou de façon plus importante. Ce qui ne veut pas dire qu'il y a un risque réel et patent sur ces personnes, mais par anticipation. Et ça rassure aussi, pour leur dire: +faites votre travail+ et l'Etat mettra à disposition une protection.

 

Q : La peur s'empare du reste de la ville: le site d'Orange ferme temporairement dans le quartier sensible de Saint-Mauront...

R : J'ai appelé le directeur général et j'ai prévu de me rendre sur place la semaine prochaine. Je lui ai dit: +on va rassurer vos salariés+. J'entends qu'ils aient peur, on me dit qu'il y a des coups de feu qui ont été tirés, mais en même temps la police est allée sur place et on n'a rien retrouvé. Mais on va prendre ça au sérieux: dès jeudi soir on a accentué les rondes et patrouilles.

 

Q : Le maire de Marseille a estimé que les objectifs de la police avaient été trop axés sur l'immigration clandestine au détriment des trafics de drogue et regretté la disparition d'une préfecture de police de plein exercice. Que répondez-vous?

R : Quand on fait une opération de police, on ne travaille jamais en silo (...) uniquement sur les étrangers en situation irrégulière, sur les stupéfiants ou la délinquance. (...) Quand on pilonne, on arrête en même temps les étrangers en situation irrégulière. Donc l'objectif, ce n'est pas d'arrêter les étrangers qui sont en situation irrégulière.

Sur la préfecture de police, on voit bien que les résultats sont meilleurs. Il faut pouvoir travailler la politique du logement, sur l'insalubrité, avoir une vision à 360 degrés, ça permet de travailler avec tous les services de la préfecture des Bouches-du-Rhône.

 

Q : Qu'est-ce que la loi contre le narcotrafic promulguée en juin change à votre action ?

R : Cette loi donne plusieurs leviers. Les expulsions, pour enlever le trouble à l'ordre public, parce que quand vous avez un trafic qui est en bas d'un appartement où les gens sont importunés, où vous avez vos enfants qui rentrent de l'école et sont confrontés à ces dealers, c'est insupportable.

Le deuxième levier sont les interdictions administratives de paraître. (...) En faisant ça on s'aperçoit qu'on a moins de personnes sur les points de deal.

Le troisième levier sont les fermetures administratives de commerces en lien avec le trafic. J'en ai fermé 10 et il y a deux procédures en cours, il y a de tout: magasins de CBD, des bars, des épiceries et même une salle de sport.

 

Q : On a beaucoup pointé la responsabilité des consommateurs, vous êtes d'accord?

R : Il faut parler vrai aux consommateurs, leur dire qu'à chaque fois qu'ils achètent une dose, ils participent au trafic. A un moment donné il faut une prise de conscience, ça n'est pas de la culpabilisation, c'est de la responsabilisation.

 

 

 

© Agence France-Presse

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