Sous un soleil de plomb et les applaudissements d’un public conquis, les meilleurs jouteurs de Provence se sont affrontés ce samedi pour la grande finale du championnat régional. Un rendez-vous incontournable pour les passionnés de joutes provençales, accueilli cette année à Port-de-Bouc, en bordure du quai de la Liberté.

Lance en main, les jouteurs ont rivalisé de force, d’équilibre et d’agilité dans des duels aussi spectaculaires que disputés. Parmi les prétendants au titre, trois noms se détachaient : Jérémy Julien (club de l’Estaque-Marseille), Richard Llopis et Gregory Guillerey. Et c’est finalement le Marseillais qui a tiré son épingle du jeu : il a non seulement terminé en tête du classement général du championnat de Provence, mais a aussi remporté cette ultime manche port-de-boucaine.

"Les plus gros jouteurs sont là, ça reste très serré au classement, il n’y a rien de fait pour moi. Le meilleur gagnera et fera un beau champion", confiait-il quelques heures avant de décrocher son titre.

 

"C’est toujours impressionnant de les voir se battre sur l’eau"

 

Dans les gradins improvisés le long du quai, les supporters ont répondu présents. Certains sont venus en famille, d’autres entre amis, parfois depuis loin. Sylvie ne cachait pas sa fierté. "Mon frère participe aujourd’hui, alors je ne pouvais pas manquer ça. C’est toujours impressionnant de les voir se battre sur l’eau. Il y a une ambiance incroyable ici."

Un peu plus loin, Alone était, lui aussi, présent, accompagné de son grand frère. Les deux ne manquent jamais une grande journée de joutes : "On vient chaque année, on adore ça", glisse-t-il, les yeux rivés sur la prochaine passe.

La journée avait démarré plus tôt avec les épreuves jeunes et féminines, elles aussi décisives dans la course à la qualification pour le championnat de France, prévu la semaine prochaine. Une belle occasion pour les nouvelles générations de faire leurs preuves dans une discipline où la transmission est au cœur de la pratique.

 

"Il faut que ça continue génération après génération"

 

Francis Saunier, président des Francs Jouteurs de Port-de-Bouc, le rappelle avec émotion : "Sans culture, un peuple n’existe pas. Par conséquent, il faut que ça continue génération après génération. On est contents car des jeunes viennent jouter. "

Cette finale marquait aussi un moment fort pour le club port-de-boucain, qui fête cette année ses 100 ans d’existence. Un anniversaire célébré comme il se doit, au rythme des chutes spectaculaires, des duels au millimètre près et d’une ambiance chaleureuse, presque familiale.

"Nous, c’est une famille", témoigne Drisse, du club d’Istres. "On a tous ce truc en commun. On est autant investis pour Port-de-Bouc, pour Fos, pour Port-Saint-Louis, pour l’Estaque… et c’est ça qui fait la beauté de la joute."

À quelques jours du championnat de France, la Provence a montré qu’elle était plus que jamais une terre de jouteurs, de passion et de traditions bien vivantes.