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Le casse-tête des festivals de l'été face à une réglementation sonore "inapplicable"3min
Par Maritima 14/06/2025 à 12:30
Hellfest, We Love Green ou Marsatac sous une même "épée de Damoclès". Cet été, tous les festivals de France sont de nouveau en infraction avec une réglementation sur les émissions sonores unanimement jugée "inapplicable" et que le gouvernement vient d'accepter de réexaminer.
"On est dans une équation totalement absurde parce que tous les événements de plein air en France, et pas que les festivals, sont aujourd'hui dans l'incapacité de respecter la réglementation", affirme à l'AFP Malika Séguineau, directrice générale d'Ekhoscènes, principal syndicat du spectacle vivant privé.
La norme très technique contre laquelle se battent les festivals provient d'un arrêté de 2017 qui impose, sous peine de sanctions, une série d'obligations visant à renforcer la protection des spectateurs et des riverains contre les nuisances sonores.
En vertu de ce texte, complété par un décret en 2023, les festivals sont tenus de limiter à 3 décibels (dB) leur "émergence globale", en clair la différence entre le bruit généré par leurs activités et celui, "résiduel" ou habituel, de leur lieu d'implantation, qui peut être un champ en pleine nature.
"Comme le niveau résiduel est extrêmement bas, on explose très rapidement ces 3 dB. Sur cet aspect-là, on n'a actuellement pas de solution", note Angélique Duchemin, présidente de l'association AGI-SON qui oeuvre à concilier musiques amplifiées et santé publique.
Selon la profession, cette disposition est par ailleurs inadaptée aux festivals en plein air où la propagation du son est soumise à des aléas (direction des vents, impact du niveau de fréquentation...) dont sont épargnés les lieux clos.
"Ce niveau est à la fois incalculable et absolument pas tenable", déclare à l'AFP Béatrice Desgranges, directrice du festival Marsatac qui prend ses quartiers ce week-end à Marseille.
Pour continuer à vivre, les patrons de festival comme elle n'ont donc pas d'autre choix que de contrevenir à cette règle, au risque d'écoper, en cas de contrôle, d'une amende voire d'une suspension administrative.
"En tant que professionnels, agir dans un cadre qui nous met hors-la-loi ce n'est pas confortable mais ça ne l'est pas davantage pour les autorités qui peinent à appliquer les contrôles", poursuit Mme Desgranges, évoquant une "épée de Damoclès".
Bataille
Menée depuis des années, la bataille des festivals de plein air commence toutefois à porter ses fruits.
Mardi, le gouvernement s'est dit "conscient" de leurs "difficultés" et a annoncé la mise en place d'un groupe de travail chargé d'identifier d'ici fin novembre des solutions alternatives pour limiter "l'émergence sonore".
"La réglementation pourra évoluer vers des dispositions techniquement plus facilement applicables", indique un communiqué de trois ministères (Culture, Santé, Transition écologique).
En avril au Printemps de Bourges, la ministre de la Culture Rachida Dati avait été plus affirmative en dessinant l'horizon d'"un assouplissement de la réglementation, en particulier sur les niveaux d'émergence".
Le chantier s'annonce ardu et coûteux pour des événements déjà fragilisés économiquement.
Mais il pourra s'appuyer sur les travaux de différents festivals, dont Marsatac qui a lancé depuis 2022 des expérimentations sur la "directivité" du son, en formant des techniciens et en sensibilisant les artistes.
"L'enjeu, c'est de pouvoir maintenir dans les villes des manifestations en plein air qui sont au cœur du lien social", relève la directrice du festival.
Ce débat résonne particulièrement à Clisson, en Loire-Atlantique, qui accueille chaque année en juin le Hellfest, un des plus grands festivals de metal au monde.
"Avoir ce festival est une chance mais il est évident que, pour les habitants, c'est quatre jours d'enfer", affirme à l'AFP la maire Laurence Luneau, selon qui l'arrêté de 2017 a au moins eu le mérite de faire évoluer les consciences.
"Les organisateurs pensaient beaucoup aux bouchons d'oreille des festivaliers mais les habitants étaient un peu oubliés", assure-t-elle.
Dans l'attente d'une nouvelle réglementation, le syndicat Ekhoscènes appelle, lui, à "protéger" la saison 2025 des festivals.
"Aujourd'hui, on est satisfait parce qu'on s'est remis autour de la table mais attention: la réglementation est toujours là et il y a donc un risque pour les festivals", estime Malika Séguineau, appelant à la "souplesse" dans les contrôles.
© Agence France-Presse (par J. Tordjman)
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