Commerce de proximité en souffrance : la faute à la "logique purement financière"

 

Le constat est clair pour Laurent Lhardit : le petit commerce souffre depuis des décennies. D'abord concurrencé par les grandes surfaces dès les années 80, il fait face depuis les années 2000 au développement exponentiel du commerce électronique. Mais un autre facteur pèse lourdement : l'explosion des loyers commerciaux.

Le député pointe du doigt une "logique purement financière", illustrée par l'exemple de la rue de la République à Marseille, rachetée par des fonds d'investissement américains. Ces groupes "savent au moment où ils achètent qu'ils vont les revendre [...] au bout de 4-5 ans", explique-t-il, déconnectant totalement le montant des loyers de la réalité économique des commerçants. Résultat : des baux trop chers, des fermetures et un impact sur "la santé des villes", "l'attractivité du quartier" et la "qualité de vie des habitants".

 

La proposition : un encadrement local sur le modèle du logement

 

Pour contrer ce phénomène, Laurent Lhardit ne propose pas une règle nationale uniforme, mais des outils à disposition des élus locaux. Sa proposition de loi s'inspire directement de ce qui existe déjà pour les loyers d'habitation :

1. Un organisme local (déjà existant) évaluerait les prix moyens des loyers commerciaux quartier par quartier.

2. Le Préfet, sur proposition du Maire, pourrait alors fixer des limites (un loyer de référence majoré) que les propriétaires ne pourraient pas dépasser lors de la signature ou du renouvellement d'un bail.

"Il ne s'agit pas de faire une loi qui s'impose à tous sur le territoire national, mais [...] de donner des outils aux préfets et aux maires pour agir à l'endroit où il y a ce type de problématique", précise le député. Il s'appuie sur le rapport parlementaire récent qui a montré l'efficacité de l'encadrement des loyers d'habitation là où il a été appliqué.

 

Contexte politique : entre compromis et vigilance

 

Interrogé sur la crise politique nationale, Laurent Lhardit a justifié le vote contre la censure du gouvernement Le Cornu, malgré les désaccords sur le budget ou la suspension (et non l'abrogation) de la réforme des retraites. Pour lui, il fallait permettre au débat d'avoir lieu et chercher des compromis, même s'il reste très vigilant sur la suite, notamment dès l'examen du budget ce vendredi.

 

Retrouvez l'invité de la rédaction sur maritima radio du lundi au vendredi à 8h15 et 12h15 au micro de Didier Gesualdi