Le numéro deux mondial du secteur - propriétaire du pastis Ricard, du whisky Jameson, de la vodka Absolut, du cognac Martell et des champagnes Mumm - avait réalisé deux années de forte croissance après la pandémie.

Mais lors de son exercice décalé 2023/24, clos fin juin, ses ventes se sont tassées, s'établissant à 11,6 milliards d'euros (-4%), et son bénéfice net a fondu à 1,48 milliard d'euros, contre 2,26 milliards un an plus tôt. Moins que ce à quoi s'attendaient des analystes interrogés par Bloomberg (2,12 milliards).

En cause principalement: deux marchés clés de Pernod Ricard qui ont enregistré une contre-performance: "Les Etats-Unis pour des raisons techniques, la Chine pour des raisons macro-économiques", a indiqué à l'AFP Hélène de Tissot, la directrice financière du groupe.

 

un "contexte macro-économique difficile"

 

Les Etats-Unis, le premier marché de Pernod-Ricard où il réalise un cinquième de ses ventes, ont vu le chiffre d'affaires organique du groupe baisser de 9%. Explication, selon l'entreprise: des taux d'intérêt élevés qui ont obligé les distributeurs à ajuster à la baisse leur stock pour optimiser leur trésorerie, grevant les ventes.

Une probable baisse des taux directeurs américains en septembre pourrait "aller dans la bonne direction" sans être "un événement qui va radicalement changer les comportements", estime Hélène de Tissot. Les ajustements de stock devraient donc continuer lors du prochain exercice.

En Chine (10% des ventes du groupe), le chiffre d'affaires est également en repli organique (-10%). Le groupe pointe un "contexte macro-économique difficile pesant sur la demande des consommateurs." "Nous ne voyons pas ce marché s'améliorer à très court terme, l'année 2025 devrait être difficile", note la directrice financière du groupe.

 

Un "strict contrôle des coûts"

 

En dehors de ces deux marchés, et de la Russie où Pernod-Ricard a cessé ses ventes, le chiffre d'affaires organique du groupe a crû de 5%, "une bonne performance" pour Hélène de Tissot. "Notre objectif d'une croissance future de 4 à 7% sur un horizon de 3 ans n'est pas périmé", affirme la responsable.

Le groupe se réjouit par ailleurs d'une amélioration des ventes au quatrième trimestre de leur exercice (+1,2%) sur un an à 2,74 milliards d'euros, notamment via une reprise progressive des ventes dans la région américaine (+5,2%) et en Asie et hors d'Europe (+3,2%). Si sa marge brute est également en baisse sur l'exercice (-4%), Pernod-Ricard se félicite d'un "strict contrôle des coûts", "d'efficacités opérationnelles" et d'un "effet prix" qui lui ont permis une croissance de sa marge opérationnelle organique de 0,8 point.

Mi-juillet, le groupe avait annoncé vendre ses vins étrangers dans l'optique de recentrer son portefeuille autour de ses marques plus premium. "Notre bonne stratégie, notre bon portefeuille de marques et notre bonne répartition géographique vont nous permettre de délivrer à court et moyen terme une belle performance", assure Hélène de Tissot.

Le dividende par action proposé, sous réserve de l'approbation des actionnaires en novembre, est identique à celui de l'an dernier, 4,70 euros, plus qu'attendu par des analystes interrogés par Bloomberg. De quoi rassurer les actionnaires: à l'ouverture de la Bourse de Paris, l'action gagnait 1,67%, dans un marché en légère hausse (+0,14%).

 

avec © Agence France-Presse

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