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Aix-en-Provence ville pilote avec le projet européen Airfresh : "Planter le bon arbre, au bon endroit"

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Par Jean-Michel Darras10/12/2024 à 07:01

Deux villes européennes ont été retenues pour participer au projet scientifique Airfresh sur la place de l'arbre en zone urbaine : Florence en Italie et Aix-en-Provence. Après la plantation il y a trois ans de 400 arbres aux Milles, les premiers résultats viennent d'être présentés aux Aixois. En plantant les bons arbres au bon endroit, la pollution et la température ont baissé !

"On a planté en 2022 une forêt expérimentale de 400 arbres sur 1 hectare aux Milles. On a planté des érables argentés, des micocouliers, des platanes d'Orient, des tilleuls à grandes feuilles, des chênes chevelus, quelques lilas,... On avait posé des capteurs un an avant pour voir l'état de l'air et les températures. L'expérience était sur trois ans et les résultats scientifiques sont tombés : le patrimoine arboré a permis de diminuer la pollution de l'air mais aussi la température de 1,5° en journée et de 2° la nuit", rapporte Marc Féraud, conseiller municipal aux Espaces Verts à Aix-en-Provence.

 

"Certains arbres sont meilleurs pour éliminer de l'ozone"

 

C'est justement parce que les pics de pollution et les vagues de chaleur sont de plus en plus nombreux que le projet labellisé par l'Europe Airfesh a été lancé. Ce projet Airfresh vise à mesurer et quantifier la capacité des arbres à éliminer les polluants atmosphériques en procédant au reboisement d'une zone de test et Aix a été choisie comme ville pionnière pour le mettre en place. 

La plantation d’arbres en ville doit faire l’objet d’une expertise préalable afin d’éviter les erreurs, notamment en qualité de l’air. "On a compris que certains arbres sont bien meilleurs pour éliminer de l'ozone quand d'autres en produisent plus. Madrid s'était par exemple trompée en créant une ceinture verte autour de la ville avec des eucalyptus qui sont à bannir car ce sont ces essences qui produisent le plus d'ozone", précise Marc Féraud.

 

"Tous les arbres sont bons pour l'homme, mais tous les arbres ne sont pas bons pour la qualité de l'air"

 

Coordinateur du projet européen Airfresh, à Aix-en-Provence et Florence depuis 2019, le docteur en Sciences Pierre Sicard a pu grâce à ses recherches démontrer que "tous les arbres sont bons pour l'homme, mais tous les arbres ne sont pas bons pour la qualité de l'air. On a démontré que certaines espèces peuvent dégrader la qualité de l'air. Le projet Airfresh permet maintenant de savoir quelles espèces végétales sont recommandées. C'est le cas par exemple des érables, des tilleuls, des platanes qui sont de bonnes espèces végétales pour la qualité de l'air et pour l'atténuation de la température. 

À l'inverse, il y a des espèces qui sont peu recommandées comme certains pins, le chêne vert, le peuplier et, le pire, c'est l'eucalyptus. On a fait des listes mais on ne veut pas faire du monospécifique car la mixité est très importante".

 

 

Le projet Airfresh a aussi permis à la ville d'Aix d'établir un inventaire complet du patrimoine arboré de la commune, en nombre, en espèce et en hauteur, grâce à des vues satellites très précises. "Ça nous a permis de constater que  15% du patrimoine est sur le domaine public (30 000 arbres) et 85% sur le domaine privé (450 000 arbres). Sur le domaine public, on a pratiquement terminé la végétalisation, notamment dans les 76 cours d'écoles de la ville. Maintenant, il reste les 85% du domaine privé à aller chercher ! Si les citoyens ne nous aident pas et ne plantent pas les bonnes essences au bon endroit, la bataille sera perdue en zone urbaine", estime l'élu aixois.

 

"Les arbres qu'on plante aujourd'hui doivent être en pleine forme dans 30 ans"

 

Le travail n'est donc pas terminé pour la ville d'Aix. Comme l'explique Marc Féraud : "Nous allons maintenant proposer des recommandations sur la politique de plantation, avec une liste précise de ce que l'on peut planter. Le public qu'on a déjà rencontré est intéressé et captivé. Dès janvier, on va faire des réunions publiques dans les CIQ, dans les copropriétés, avec l'objectif de planter le bon arbre, au bon endroit et tous ensemble. L'arbre qu'on plante aujourd'hui doit aussi être en pleine forme dans 30 ans et devra résister à des températures plus chaudes."

La ville d'Aix-en-Provence rappelle par ailleurs qu'elle a été classée en 2023 par Le Figaro (d’après une méthodologie développée par AtmoSud) comme l’une des villes françaises de plus de 50 000 habitants où la pollution de l’air a le plus baissé en 10 ans. 

 

"Il vaut mieux planter 500 arbres efficaces que 5000 non efficaces"

 

Pierre Sicard  - qui travaille sur les impacts de la pollution de l’air et du changement climatique sur les forêts, ainsi que sur le rôle de l’arbre en ville, notamment au sein de l’International Union of Forest Research Organizations - estime "qu'il vaut mieux planter 500 arbres efficaces que 5000 non efficaces. On ne fait pas la politique du chiffre. Le chêne vert, si on en plante cent, on rajoute trois tonnes d'ozone chaque année dans l'atmosphère ! Vous imaginez, si vous plantez un milliard d'arbres supplémentaires qui sont néfastes pour la qualité de l'air, quelles conséquences ça pourrait avoir !"

 

"On ne va pas couper les mauvais arbres"

 

"On peut maintenant évaluer l'impact sur la qualité de l'air du patrimoine arboré d'une ville et on peut l'adapter. On ne va pas couper les mauvais arbres, mais planter ce qu'il faut en ayant une vision globale. Ça sera comme le tri : au début, tout le monde s'en foutait, mais plus maintenant ! Ça sera pareil avec les plantations", ajoute celui qui est aussi expert aux Nations Unies au sein de l’Unef pour l’air sain en ville (Clean air city).

 

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