Depuis maintenant plus de deux ans, le sujet des polluants éternels, aussi appelés les PFAS, est souvent dans l’actualité. C’est un terme assez large pour parler de plus de 4 000 substances dites perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, en bref tout un tas de molécules plus ou moins toxiques. 

Face à l’omniprésence de ces PFAS dans notre quotidien et notre environnement, une vaste campagne d’analyse a été diligentée par arrêté en juin 2023 auprès des industriels en France. Les résultats obtenus par les différentes Dreal (Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) ont été regroupés et mis en perspective par Le Monde. 

 

Record pour LyondellBasell à Berre

 

Le site pétrochimique de Berre-l'Étang (LyondellBasell) se hisse à la 10e place de l’industriel ayant rejeté le plus de PFAS. Au plus haut, 26 grammes de PFAS ont été rejetés en une seule journée dans l’eau de l’étang de Berre. Contactée par Maritima, Lyondell assure coopérer “avec les autorités compétentes sur la détection et le suivi des PFAS”. “Nous leur avons remis les résultats de nos trois analyses menées en 2023 et 2024”, se défend l’entreprise.

Si les sites de Lavera, la Mède, Ortec, Valsud, Profer, Arkema et bien d’autres dans le département sont également pointés du doigt pour leur rejet de PFAS, les industriels ne sont pas les seuls à participer à cette pollution. 

“Il y a tout ce qui est lutte anti-incendie. Beaucoup de travaux de recherche ont montré la présence en grande quantité de PFAS dans certains types de mousses anti-incendie. Il y a de nombreux entraînements sur les aéroports civils ou militaires, ce qui peut entrainer des contaminations”, explique Julien Dron responsable scientifique à l’institut écocitoyen de Fos-sur-mer. 

Argument d’ailleurs utilisé par LyondellBasell dans sa communication. “Le site ne produit pas de PFAS. Cependant, les mousses d’extinction incendie contenant des PFAS sont aujourd’hui autorisées, mais ne sont utilisées par les équipes d’intervention que pour traiter certains incendies, du fait de leurs excellentes propriétés d’extinction”, justifie le groupe pétrochimique.

 

Les PFAS, quelles conséquences pour les humains ?

 

L’accumulation des polluants éternels peut provoquer des cas de cancer, de diabète ou d’obésité, ou même encore une perturbation du fonctionnement du foie. 

Mais l’un des effets les plus importants, et le plus étayé, est la diminution de l’efficacité des vaccins. Un phénomène qui concerne surtout les plus petits lorsqu’ils sont exposés in utero et dans les premières années de vie à de fortes doses de PFAS, explique Santé Magazine.

Si ces conséquences sont aujourd’hui établies, elles sont à prendre avec le recul nécessaire puisque la connaissance scientifique sur tout ce qui entoure ces PFAS est encore légère. “Ce qui est difficile aujourd’hui, c’est d’établir le lien entre la concentration et l’impact sur la santé”, explique Julien Dron. Autrement dit, si on parvient à savoir qui en rejette et dans quelle quantité, on est incapable de savoir à partir de quand ça devient dangereux.

C’est l’un des nombreux sujets sur lesquels travaille l’institut écocitoyen de Fos-sur-Mer avec ses différents partenaires académiques. La concentration de PFAS dans l'eau à la sortie des robinets de nos domiciles fait l'objet d'une étude dont les résultats devraient être publiés dans les prochains mois.

 

Quel contrôle face à ce danger ?

 

Avant les analyses évoquées plus haut, la réglementation sur les installations industrielles ignorait totalement les PFAS. Une lacune qui a logiquement permis aux industries de rejeter dans la nature des kilos de ces polluants sans aucun contrôle. 

Les PFAS sont désormais partout présentes dans notre quotidien et notre environnement, il faudrait donc réussir à dépolluer. Ce n’est pas impossible, mais ça couterait très cher. Pour nettoyer les sols et les eaux en Europe, la facture totale pourrait atteindre les 2 000 milliards d'euros sur deux décennies, selon une estimation d’un consortium de média coordonnée par Le Monde début 2025.

 

Que change la loi votée en février ?

 

Le 27 février dernier, la loi contre les PFAS a été adoptée par l’Assemblée nationale. Le texte introduit l’interdiction dès 2026 de la fabrication, importation, exportation, mise sur le marché de produits cosmétiques, textiles d’habillement, chaussures et leurs imperméabilisants contenant des PFAS. La loi enclenche également la prise de trajectoire de réduction vers “le zéro PFAS dans les rejets aqueux des installations industrielles”. 

Dans le sens de cette démarche et disposant désormais des résultats d’analyse, les Dreal s’engagent à “suivre dans la durée les établissements rejetant des PFAS afin de s’assurer qu’un plan d’action visant à la suppression ou à défaut la réduction des PFAS est mis en œuvre par ces établissements.” Comment cela sera mis en place ? la question reste entière.