Istres
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Environnement
Istres : un engin XXL à l'assaut des chenilles processionnaires4min

Par Michel Montagne21/02/2025 à 08:30
C'est une lutte permanente et sans merci que mène la ville d'Istres contre l'invasion des chenilles processionnaires. Pour endiguer leur prolifération, il est indispensable de recourir à des moyens lourds comme c'était le cas cette semaine aux abords du sentier découverte Dinosaur'Istres.
Monstre de métal, monstres préhistoriques et monstres larvaires
Ce mercredi, le tricératops et les trois vélociraptors qui ont élu domicile sur cette partie de sentier située juste derrière l'hôtel de ville n'en revenaient pas.
D'habitude les plus impressionnants et colossaux de la colline du Castellan, ce sont eux, mais là, comparés à un monstre de métal de 19 tonnes qui peut s'élever jusqu'à 40 mètres de haut, les dinosaures n'en menaient pas large. Rassurés toutefois que ces grands moyens soient destinés à combattre les chenilles processionnaires et non eux.
19 tonnes et 40 mètres contre des bestioles de quelques centimètres et quelques grammes, le combat peut paraître inégal, mais il est vrai qu'en temps de guerre, quand l'ennemi est terré, embusqué et peu accessible aux forces classiques, eh bien on fait appel aux blindés.
C'est le cas donc avec cette nacelle élévatrice qui permet d'atteindre les plus hautes branches, voire la cime des pins, repaire habituel des chenilles qui se repaissent de leurs aiguilles.
Le recours à de tels moyens se fait dans le cadre d'une opération ponctuelle - coup de poing – d'échenillage qui vient s'ajouter à des cycles d'action permanents réalisés tout au long de l'année par la ville et qui permettent de lutter contre l'insecte à tous les stades de son développement.
Des moyens de lutte adaptés à l'évolution de l'animal
- De septembre à octobre, c'est l'éclosion des larves 30 à 45 jours après la ponte. Elles se nourrissent d'aiguilles de pins, reliées entre elles par un fil de soie.
- D'octobre à janvier, c'est la nidification, les chenilles se couvrent de poils, jusqu'à un million ! Elles se construisent un cocon blanc en soie, abri dans lequel elles passent l'hiver. (à ce stade, on utilise un traitement phytosanitaire biologique, une bactérie naturelle dénommée bacillus thuringiensis qu'on pulvérise sur les aiguilles de pins afin d'infecter le système digestif de la larve femelle)
- Vers février-mars, c'est le début de la procession, la colonie commence à quitter l'abri de soie pour entamer sa progression, elles se tiennent les unes aux autres en se déplaçant en file indienne. Au bout de quelques jours, elles s'enfouissent dans le sol (c'est juste avant le départ de leur procession qu'a lieu l'échenillage qui consiste à couper les branches porteuses des cocons.
C'est cette opération qui a nécessité ici le recours à la nacelle. Pour les nids les moins accessibles, on utilise des tirs de billes bio insecticide. En parallèle, on pose des éco-pièges : on cerne le tronc à environ trois mètres de hauteur avec un piège à collerettes qui recueille les chenilles avant qu'elles ne se laissent glisser le long de l'arbre jusqu'au sol et n'entament leur procession, phase de déplacement où elles se révèlent les plus dangereuses)
- De mars à début juillet, c'est la période d'enfouissement jusqu'à la sortie à l'air libre : enterrées, elles tissent des cocons où elles se muent en chrysalides et restent plusieurs mois dans cet état avant de sortir de terre sous la forme d'un papillon de nuit, le Thaumetopoea.
Suit l'accouplement auquel le mâle ne survit qu'un ou deux jours. Puis, lors de la période estivale, la femelle s'envole pour aller pondre 70 à 300 œufs sous les pins avant de disparaître elle aussi. C'est le début d'un nouveau cycle.
(De mai à août, on installe des boîtiers à phéromones qui viennent piéger les papillons mâles comme les compagnons d'Ulysse le furent par le chant des sirènes).
Les résultats
C'est depuis six ans que la commune d'Istres a mis en place ces différents moyens de lutter de façon permanente contre le parasite, sur l'ensemble de son territoire mais aussi sur son centre de vacances d'Istremont dans les Hautes-Alpes avec un accent mis sur les lieux qui concentrent le public, comme le sentier Dinosaur'Istres dont les pins pullulent de cocons et autres parcs et jardins, ainsi que les sites qui accueillent les enfants comme les crèches et groupes scolaires.
Il y a 6 ans quand a démarré la politique d'extermination des chenilles, on recensait 75 000 nids, cette année on en comptabilisait 25 000 soit 3 fois moins. L'éradication étant impossible, l'objectif est de maintenir le nombre de foyers à moins de 20 000.
Danger et risques occasionnés
Le danger engendré par les chenilles vient de leurs poils extrêmement urticants qu'elles peuvent projeter dans l'air. Face à une procession, il est par exemple déconseillé de la balayer sous peine de participer à la dispersion des poils.
Il est à l'inverse impératif d'éviter tout contact avec l'animal ou son nid. Il est à craindre des irritations cutanées et oculaires ou des troubles respiratoires notamment à l'encontre des publics les plus sensibles comme les allergiques, certains malades comme les asthmatiques ou encore les enfants. La démangeaison provoquée incite à se gratter, ce qui entraîne l'éclatement des poils qui vont libérer la toxine, aggravant ainsi la situation.
Quant aux propriétaires d'animaux domestiques, en particulier de chiens, des poils urticants léchés peuvent provoquer la nécrose de leurs langues et le simple contact des inflammations, brûlures,œdèmes pouvant entraîner dans certains cas la mort de l'animal.
La vidéo
avec l'interview de Laurent Salmon, directeur technique de Provalp 3D, une société niçoise spécialisée dans la lutte contre les nuisibles, moustiques, frelons asiatiques et autres chenilles processionnaires, c'est lui qu'on voit diriger la nacelle et cisailler les cocons ainsi que celle d'Yves Garcia, l'adjoint au maire en charge de l'écologie et l'environnement.
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