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En Provence, c'est la chenille qui redémarre... en avance !

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Par Michel Montagne18/03/2024 à 10:10

On le constate : dans le Sud de la France, les premières fraises débarquent sur les étals des marchés une quinzaine de jours plus tôt que prévu. Elles ne sont malheureusement pas les seules à arriver précocement en raison du dérèglement climatique, les chenilles processionnaires sont déjà là mais avec un mois d'avance !

C'est quoi ces bestioles ?
Il existe deux espèces de chenilles processionnaires, celle du pin et celle du chêne. C'est la première qui nous concerne puisqu'à la différence de sa cousine, c'est elle qui sévit - notamment - en Provence.
Elle est d'abord néfaste pour les arbres où elle a élu domicile, soit toutes les espèces de pins méditerranéens dont les aiguilles constituent sa nourriture, ce qui contribue à affaiblir leur hôte (phénomène dit de défoliation) sans forcément le détruire.

Pas vraiment le profil d'un animal de compagnie
En raison du caractère particulièrement urticant de ses poils, elle n'est pas sans danger pour les mammifères, à commencer par l'être humain. 
On pourrait résumer sa nocivité par une formule très générale : irritante pour les adultes, douloureuse pour les enfants et, bien souvent, dangereuse pour les animaux de compagnie (en particulier le chien lors des promenades champêtres ainsi que le chat dans le jardin).
Dans les cas les plus graves et, heureusement, les plus rares, le contact de la toxine libérée par les poils peut entraîner, selon les personnes, des irritations et démangeaisons sévères, des troubles sur la vision tels des lésions de cornée, des gênes respiratoires, des œdèmes du visage et de la gorge, des troubles respiratoires, des baisses de tension artérielle, des malaises voire des pertes de connaissance.
Pour subir ces atteintes, le contact direct avec les poils n'est pas nécessaire. Transportés par le vent, ils peuvent être nuisibles à plusieurs dizaines de mètres de leur victime.

Chenille des champs et chenille des villes
Si elle s'épanouit dans les campagnes, le milieu urbain n'est pas immunisé contre le fléau.
A l'instar de nombre de communes autour de l'étang de Berre, Vitrolles est concernée par cette nuisance.
La ville a pris le problème à bras-le-corps en multipliant les moyens de lutter contre leur prolifération tout en respectant l'écosystème.

Saint-Exupéry, dessine-moi une chenille
Illustration avec le parc Saint-Exupéry, un charmant petit espace boisé situé juste derrière l'hôtel de ville où beaucoup de Vitrollais et leurs enfants se retrouvent sous les nombreux pins qui le parsèment. Et qui dit "pin"... 
Pas besoin d'être un grand observateur pour remarquer que chaque tronc de cette espèce est cerclé d'un semi tube transparent muni d'un gros boîtier. Il s'agit d'un éco-piège destiné à recueillir les chenilles qui nichent dans les branches, empêchant qu'elles n'atteignent le sol. Une fois emprisonnées dans le boîtier, elles sont ensuite récupérées et brûlées. 
Depuis 2018, la ville a installé 600 de ces éco-pièges, principalement dans et aux abords des écoles ainsi que dans les espaces verts publics.
Et ça marche : à un papa qui s'étonnait du nombre d'éco-pièges posés dans le petit parc en dépit de l'absence apparente de chenilles, on lui suggérait que c'est peut-être la mise en place de ce dispositif qui avait provoqué leur disparition.
D'autant que Salima, Vitrollaise qui fréquentait également le parc en compagnie d'une adorable fillette, nous confirmait avoir croisé un groupe de chenilles en file indienne juste devant une crèche située à petite une centaine de mètres de là (voir vidéo). 


Moyen de lutte complémentaire, l'échenillage, qui consiste à couper la branche porteuse d'un nid (une sorte de gros cocon de soie dont la taille peut atteindre celle d'un ballon de handball) et là encore, le tout finit dans les flammes. A Vitrolles, depuis la fin 2023, c'est près de 130 pins qui ont subi cette opération.

Des escadrilles de mésanges
Autre innovation environnementale, la commune a également installé des nichoirs à mésanges.
60 ont été posés aux abords des écoles, 80 dans les espaces publics dont deux dans le parc Saint-Exupéry. L'oiseau est en effet l'un des meilleurs prédateurs de la chenille.
Une méthode naturelle qui fleure les recettes d'antan. Et qui se révèle très efficace : les 140 nichoirs sont occupés au point qu'on en vient à se soucier d'une éventuelle pénurie de chenilles qui ferait fuir les mésanges affamées vers d'autres cieux.
C'est aussi l'occasion pour les écoliers citadins, désormais spectateurs privilégiés, d'assimiler le concept de chaîne alimentaire et pas seulement en théorie.

L'artillerie légère
Pour circonscrire le fléau, Vitrolles continue de s'armer : après l'aviation et ses escadrilles de mésanges, la ville va se doter d'une artillerie : en juin prochain, ses équipes du pôle espaces verts seront équipées de paintballs lanceurs de balles de phéromones.
Le principe est simple, on bombarde la cîme de l'arbre et, en se répandant, les phéromones synthétiques, imitant le parfum hormonal du papillon femelle en période de reproduction, vont saturer la zone et créer une confusion sexuelle. Dès lors le mâle ne sait plus où donner de la tête et se fourvoie sur de mauvaises pistes. Ce qui a pour effet de perturber la reproduction et donc de faire chuter la naissance des chenilles.
Il faut se souvenir qu'il n'y a pas si longtemps, on utilisait un petit avion ou un hélicoptère pour épandre de l'insecticide chimique sur les zones envahies. Depuis 2010, une loi interdit ces épandages aériens afin de limiter la dispersion des insecticides et de protéger la santé des riverains. Interdiction étendue depuis aux insecticides plus récents, a priori inoffensif pour l'être humain.

Les réflexes à avoir pour éviter tout désagrément
En premier lieu, ne pas toucher ni écraser une chenille, même morte, ou un nid, même vide, et ne pas s’approcher des processions. 
Être vigilant avec les enfants qui peuvent être tentés de mettre la chenille à la bouche.
Êviter de se frotter les yeux pendant et au retour de la promenade.

En ce qui concerne les animaux
Notamment les chiens qui ont l'habitude de renifler le sol, ils peuvent subir des réactions inflammatoires très graves allant jusqu’à une nécrose de la langue.
Si un animal est touché, il faut consulter sans tarder un vétérinaire, ou appeler un centre antipoison vétérinaire.
Parmi les symptômes à prendre en compte, une salivation importante du chien.

De l'eau, de l'eau !
Pour l'être humain comme l'animal, en cas de contact avec la peau, le premier réflexe à avoir est, si possible, de rincer à grande eau, sans frotter et sans boire, au risque d'ingérer les poils).

 





 

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