LogoMaritima

°C

Bouches-du-Rhône

-

Faits divers,

Société

Quand les narcotrafiquants se diversifient : la peur d'un racket signé DZ Mafia

3min

Par Maritima 13/01/2025 à 07:05

Racket d'établissements de nuit ou de rappeurs, extorsion de fonds: pour les narcotrafiquants comme la DZ Mafia, l'heure est semble-t-il à la diversification et leurs activités débordent sur celles du banditisme traditionnel, comme le démontrent plusieurs dossiers récents à Marseille et ses alentours.

Un samedi soir de janvier, une personne dépose un bout de papier dans une discothèque d'Aix-en-Provence, avec un ordre, signé "DZ Mafia": appeler un numéro via la discrète messagerie Signal. Au téléphone, l'interlocuteur réclame 80.000 euros pour protéger l'établissement et la famille des gérants.

Un peu plus tard, un véhicule vient stationner devant la discothèque, comme pour appuyer l'intimidation, rapporte à l'AFP le procureur de la République d'Aix-en-Provence, confirmant une information initiale du Figaro. Puis la victime reçoit des SMS menaçants, signés cette fois d'un "Front de libération algérien".

A ce stade, rien ne confirme donc qu'il s'agit de la DZ Mafia, insiste Jean-Luc Blanchon. Mais le mal est fait.

"La peur panique se diffuse, nous on ne demande qu'une chose, être protégés", déclare à l'AFP Bernard Marty, président dans les Bouches-du-Rhône de l'Umih, principale organisation patronale dans l'hôtellerie-restauration.

Historiquement, les commerçants ici ont déjà connu de tels phénomènes de racket, mais "il y avait longtemps que ça n'existait plus, et on ne sait pas qui se cache derrière", poursuit-il.

De janvier à novembre 2024, la police a traité 34 affaires de ce type, selon la préfecture de police des Bouches-du-Rhône. Mais il est bien "possible que le silence des victimes empêche un décompte exact", reconnaît la préfecture.

"On a des adhérents qui ne portent pas plainte, ils ont peur", confirme le patron de l'Umih.

Car les intimidations vont parfois loin. Fin décembre, le gérant d'une épicerie casher des quartiers chics de Marseille recevait ainsi des photos récentes de sa famille, sa maison, assorties d'une demande de rançon de 250.000 euros signée "DZ Mafia", selon une source policière.

Et parfois, les menaces comme la signature DZ Mafia se concrétisent

 

10.000 euros/mois pour être protégé

 

En échange d'une supposée protection, le propriétaire du First, établissement de nuit sur l'immense zone commerciale de Plan-de-Campagne, entre Marseille et Aix, "a fini par accéder aux demandes des malfaiteurs, en versant mensuellement une somme de 10.000 euros", a ainsi rapporté le procureur de Marseille, Nicolas Bessone.

Dans ce dossier, le travail de la police judiciaire a permis de mettre en examen 22 personnes. Parmi elles, une poignée de détenus, dont un était devenu un "booker", sorte d'agent racketteur pour la DZ Mafia. Le lien de cet homme avec le grand banditisme corse laisse entendre qu'il pourrait y avoir des "alliances entre des personnes qui gravitent dans des mondes criminels différents" mais qui se côtoient en prison, selon Nicolas Bessone.

Parmi ces mis en cause, certains sont aussi soupçonnés d'être impliqués dans la mort en août d'un proche du rappeur marseillais SCH à la sortie d'une discothèque de la Grande-Motte (Hérault).

L'artiste, Julien Schwarzer de son vrai nom, faisait l'objet de tentatives d'extorsion depuis un an. Il y avait résisté. Avaient suivi des menaces de mort, puis cette attaque. Il ne doit sa survie qu'à un changement de véhicule.

Ces dossiers montrent bien que les clans comme la DZ Mafia, "cantonnés habituellement dans les activités de narcotrafic, (...) étendent leurs activités à des pratiques habituellement dévolues au milieu traditionnel", selon Nicolas Bessone.

"Je ne saurais pas dire si ce phénomène est commandé par une seule organisation. Dans la criminalité, on observe des tendances, un phénomène de mimétisme. Il y a plusieurs années, on avait connu un accroissement des braquages de transporteurs de fonds, puis dans les années 2010 des braquages des petits commerces, des vols à l'arraché, notamment à la portière des véhicules. La recrudescence d'un type de délinquance à un moment donné n'est pas forcément le signe univoque d'un repositionnement des organisations criminelles les plus dangereuses", relève pour sa part le procureur d'Aix, Jean-Luc Blachon.

"Si on laisse de côté les organisations terroristes", il est incontestable que "la DZ Mafia est le groupe criminel le plus structuré et le plus dangereux dans ses activités du XXIe siècle en France", relève cependant dans un entretien avec l'AFP Jean-Baptiste Perrier, professeur de droit privé et de sciences criminelles.

 

© Agence France-Presse (S. Laffont)

photo illustration

A lire aussi


Miramas : des bonbonnes de cocaïne découvertes lors d'un contrôle routier

Miramas

-

Faits divers

Miramas : des bonbonnes de cocaïne découvertes lors d'un contrôle routier

Arnaquée de 830 000 euros par un faux Brad Pitt, elle est ensuite victime de cyberharcèlement

France

-

Faits divers

Arnaquée de 830 000 euros par un faux Brad Pitt, elle est ensuite victime de cyberharcèlement

Vol à main armé dans un bar tabac à Miramas : un homme interpellé

Miramas

-

Faits divers

Vol à main armé dans un bar tabac à Miramas : un homme interpellé

Le ras-le-bol des buralistes victimes de vols et braquages : "ça devient un métier dangereux"

Bouches-du-Rhône

-

Faits divers

Le ras-le-bol des buralistes victimes de vols et braquages : "ça devient un métier dangereux"

93.6 & 87.9 FM

Abonnez-vous à la newsletter
pour suivre notre activité et obtenir des offres