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Narchomicides à Marseille : pourquoi des tueurs et des victimes de plus en plus jeunes ?

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Par Jean-Michel Darras08/10/2024 à 12:10

Une victime âgée de 15 ans mercredi, un tueur présumé âgé de 14 ans vendredi. Les deux narchomicides de la semaine dernière à Marseille ont défrayé la chronique et ont été marqués par le très jeune âge des victimes et des auteurs. Des spécialistes tentent d'expliquer l'"ultra rajeunissement" de ces enfants criminels impliqués dans les violences liées au trafic de drogue.

"Ce qui est marquant dans ces affaires, c'est le très jeune âge des victimes et des auteurs". C'est ce qu'annonçait le procureur Nicolas Bessone lors de sa conférence de presse dimanche dernier pour faire le point sur les deux derniers narchomicides à Marseille qui ont défrayé la chronique.

Mercredi dernier, un mineur de 15 ans, engagé pour une mission d'intimidation dans une guerre des clans, a été "lardé de 50 coups de couteau avant de voir son corps brulé vif, dans une scène d'une sauvagerie inédite". Vendredi, c'est un jeune de 14 ans qui a été engagé comme tueur à gage. Ce dernier a été arrêté pour le meurtre d'un chauffeur VTC.

 

Alexia Peyre, psychologue à Marseille 

"Des adolescents de 13 ans qui tuent, ce n'est pas notre quotidien, heureusement. Ça ne concerne que quelques jeunes. Mais oui, c'est sûr que les ados à Marseille où je travaille sont de plus en plus impliqués dans des affaires liées au trafic de stupéfiants. Ces affaires prospèrent sur le terreau de la grande pauvreté, de l'abandon des services publics dans les quartiers les plus difficiles et de l'ultra-capitalisation de la société.

Le développement psychique d'un adolescent n'est pas terminé, le jeune n'a pas été conscient de la violence de son acte. Souvent, ce sont des jeunes qui ont subi eux-mêmes des violences. Cet acte monstrueux a été commis par un adolescent, pas par un monstre. C'est important de ne pas identifier l'adolescent par ce qu'il a commis". 

 

Mathias Perrin, secrétaire régional du SN P.E.S-PJJ/FSU, et assistant social depuis quinze ans dans les quartiers nord de Marseille

"La situation est bien évidemment grave et dramatique. Ce qui s'est produit la semaine dernière à Marseille reste marginal. Des jeunes auteurs de faits aussi graves, à un âge aussi précoce, ça reste à la marge. Malgré tout, ce qu'on peut repérer sur le terrain, ce n'est pas un rajeunissement de la délinquance juvénile sur des faits très graves mais des jeunes qui sont la proie de réseaux de stupéfiants. Des jeunes dont le parcours est accidenté, cabossé, avec un abandon des services publics et des associations qui manquent cruellement de moyens pour les aider.

Ce sont ces jeunes au parcours de vie difficile, avec des abandons familiaux, une déscolarisation précoce, qui sont les plus vulnérables et la proie des réseaux. On a des jeunes qui subissent des violences, des pressions, des menaces de la part de ces réseaux. On a aussi maintenant un rajeunissement des chefs de réseau qui n'ont pas la maturité ni les codes, car les plus anciens sont morts ou en prison". 

 

Maitre Daniel Barrionuevo, avocat au barreau d’Aix-en-Provence

"Actuellement, sur les mises en examen pour meurtre et tentative de meurtre sur Marseille, 60% des individus sont mineurs. Les réseaux ont compris que c'était un public qui pouvait travailler à moindre coût et que c'est un public qui ne réfléchit pas trop avant d'agir.  Les réseaux ont aussi compris comment fonctionne l'arsenal juridique et pénal. Quand un adulte peut prendre 30 ans pour un homicide, le mineur serait condamné à 15 ans pour les mêmes faits. C'est pour ça que les réseaux font de plus en plus appel aux mineurs pour leurs méfaits."

 

Ismaël Cousin ancien officier de police judiciaire et fondateur de l'association Action Bomaye à Marseille.

"Ce que l'on constate, c'est que les jeunes présents dans les réseaux sont de plus en plus jeunes, ils peuvent avoir 11 ou 12 ans. Ça défraie la chronique et ce sont des jeunes qui ne sont pas du territoire. On se pose la question : où est la présence des parents ? Si on laisse partir ces jeunes à cet âge, ça va être de plus en plus terrible à l'avenir. La violence est démystifiée par ce qu'ils voient sur les réseaux sociaux et par les musiques qu'ils écoutent. Les jeunes sont recrutés via les réseaux sociaux et lorsqu'ils viennent, ils vont être payés mais s'ils se font arrêter, ce qui arrive souvent, alors ils sont redevables de la somme perdue. Ils se retrouvent avec une dette au réseau, obligés de travailler pour rembourser et ils sont pris au piège". 

 

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