L'enquête, pilotée côté français par la section de recherches de Marseille de la gendarmerie et menée notamment par une équipe commune d'enquête franco-italienne, a débuté par un signalement de la police financière de Milan (Guardia di Finanza), fin décembre 2024.

Elle a permis de mettre au jour un réseau, composé notamment de Syriens et de Kosovars, transportant vers l'Italie de très fortes sommes en liquide, avant de les convertir en or, réexporté vers le Kosovo puis la Turquie, a précisé le procureur Nicolas Bessone lors d'une conférence de presse.

Ces collectes, dont le montant total pour la période d'octobre 2024 à août 2025 est estimé à plus de 30 millions d'euros, avaient lieu chaque semaine, principalement à Marseille et ses environs, mais aussi à Lyon, Paris et en Italie.

 

Des personnes liées à la DZ Mafia

 

Les sommes provenaient principalement du trafic de drogue et l'enquête a permis d'identifier certaines personnes "directement liées à la DZ Mafia", qui règne désormais sur ces trafics à Marseille et étend son influence sur d'autres villes.

Une première série d'arrestations début septembre, "suite à la détection d'un convoi entre l'Italie et l'Espagne", a débouché sur sept mises en examen, quatre hommes et trois femmes, et la saisie de 55 kilos d'or 24 carats en lingots de 1 kilo et plus de 2,4 millions d'euros en espèces, soit une valeur totale de quelque 8 millions d'euros.

Un nouveau coup de filet a eu lieu mardi à Marseille et d'autres villes des Bouches-du-Rhône (Martigues, Berre, Marignane, Vitrolles), débouchant sur le placement en garde à vue de neuf personnes et la saisie de plus de 300.000 euros, 6 véhicules, ainsi que de la maroquinerie et joaillerie de luxe, a détaillé le procureur.

Deux personnes ont été relâchées et sept mises en examen, dont quatre placées en détention provisoire et trois sous contrôle judiciaire.

Une dixième personne, interpellée en Italie, doit être extradée vers la France aux termes d'un mandat d'arrêt européen.

 

"La saisie du produit est importante, mais largement insuffisante"

 

Le réseau offrait "des prestations de services proposées à de multiples trafiquants de stupéfiants" et cette enquête permet de "toucher concrètement du doigt le caractère massif et les profits considérables" de ces trafics, a estimé le procureur.

"La saisie du produit est importante, mais largement insuffisante", a insisté M. Bessone, dont le parquet a fait des flux financiers des trafics une priorité.

"Il faut aller sur la saisie du produit du produit, et surtout arriver à démonter les réseaux de blanchiment", seul moyen de "porter des coups durables et affaiblir les organisations criminelles".

 

avec © Agence France-Presse

photo archive