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La malnutrition aiguë s'étend sous l'effet des conflits, sombres perspectives pour 2025

6min

Par Maritima 16/05/2025 à 12:26

La faim a frappé de façon aiguë un nombre record de 295 millions de personnes en 2024 dans 53 pays, d'abord sous l'effet des conflits. Paru ce vendredi, le Rapport mondial sur les crises alimentaires, entrevoit de "sombres" perspectives pour 2025, au moment où le financement de l'aide internationale recule.

Pour la sixième année consécutive, ce bilan s'est aggravé, la détérioration de la situation au Soudan, en Birmanie ou à Gaza masquant les améliorations constatées en Afghanistan ou au Kenya, selon ce rapport annuel publié par le Réseau mondial contre les crises alimentaires (UE, Banque mondiale, agences onusiennes...).

Sur ces 295,3 millions de personnes (22,6% de la population analysée), 1,9 million étaient au bord de la famine, du jamais vu depuis le lancement de ce bilan en 2016. L'essentiel de ces populations en situation extrême se trouvaient au Soudan et dans la bande de Gaza, et dans une moindre mesure au Mali et en Haïti. "Nous parlons là d'un manque extrême de nourriture, d'un épuisement complet des mécanismes de résistance et de survie", décrit Rein Paulsen, directeur du bureau des Urgences et de la résilience à la FAO.

En juillet dernier, des cas de famine ont été détectés dans le camp soudanais de Zamzam au Darfour, une situation que le monde n'avait plus vue depuis 2020, note le rapport. Des cas ont ensuite été identifiés dans quatre autres zones du pays, tandis que l'IPC, le système de suivi de référence sur ce sujet, annonçait un risque de famine à Gaza. Pour le territoire palestinien, l'IPC a confirmé lundi ce diagnostic de "risque critique de famine" pour les mois à venir, après 19 mois de guerre et deux mois de blocage de l'aide internationale.

Gare aux chocs économiques

Conflits et violences, souvent synonymes de déplacements de populations, ont de fait été le premier facteur de crise alimentaire en 2024, pour 140 millions de personnes dans 20 pays. Ailleurs (18 pays), des événements climatiques extrêmes nourris par le réchauffement global ont produit des désastres agricoles : sécheresses dans le sud de l'Afrique, inondations au Bangladesh, au Nigeria...

Pour 2025, le rapport prévient : l'intensification des affrontements, les tensions géopolitiques accrues, l'incertitude économique mondiale, les coupes dans les financements de l'aide... "accroissent déjà l'insécurité alimentaire dans certains pays", de la RD-Congo jusqu'en Haïti.

Il met aussi en garde contre les "chocs économiques" (escalade des droits de douane, dollar affaibli) à même de faire exploser les prix des produits alimentaires et de perturber les chaînes d'approvisionnement. Dans le même temps, le financement général de l'aide recule, avec en particulier le désengagement début 2025 des États-Unis, hier premier donateur.

Déjà des opérations sont affectées en Afghanistan, Ethiopie, Haïti, Yémen... Le financement de l'action humanitaire liée à l'alimentation pourrait se trouver réduit de 45%, souligne le rapport, et l'aide dont bénéficient au moins 14 millions d'enfants est "en danger", "les exposant au risque de malnutrition sévère et à la mort".

"La faim et la malnutrition s'étendent plus rapidement que notre capacité à y répondre, alors qu'un tiers de la nourriture mondiale produite est perdue ou gaspillée", déplore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, en avant-propos du rapport, s'alarmant de "niveaux records". "Des crises anciennes sont aggravées par une plus récente : la réduction spectaculaire du financement humanitaire. C'est plus qu'un échec des systèmes - c'est un échec de l'humanité".

Face à ces coupes drastiques, il faudra identifier les actions les plus efficaces, souligne M. Paulsen de la FAO, qui préconise de soutenir plus encore l'agriculture. Il cite les progrès de l'Afghanistan : huit millions de personnes en moins en insécurité alimentaire sur trois ans. "Une des raisons est l'aide apportée aux fermiers pour qu'ils puissent produire", alors que "normalement seuls 3% de l'aide alimentaire va à l'intervention agricole d'urgence". "L'agriculture coûte quatre fois moins cher que d'autres formes d'aide alimentaire", plaide-t-il.

Mais avant toute chose, "la paix est un prérequis", ajoute-t-il aussi, "le droit de se nourrir est un droit humain fondamental".

 

© Agence France-Presse

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