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Au procès Apollonia, comment des médecins très occupés ont été escroqués

4min

Par Maritima 13/05/2025 à 09:40

Au procès de l'escroquerie immobilière Apollonia, la parole est passée aux victimes, des médecins ou dentistes très occupés qui ont fait une confiance quasi-aveugle et investi des millions, pensant se constituer un confortable patrimoine, sans imaginer une seconde que ces placements allaient "ruiner" leurs vies

"On s'est tous fait escroquer, la seule religion des commerciaux de Badache (NDLR: le fondateur d'Apollonia), c'était le sacro-saint système de l'argent et des 15% de commission", accuse un dentiste, dans la salle comble des procès hors-norme du tribunal correctionnel de Marseille, où plus de 750 anciens clients de cette société en conseil en patrimoine d'Aix-en-Provence se sont constitués partie civile.

"J'espère que vous allez vous rendre compte de l'impact sur nos vies, sur nos santés", car "en quatre ans de temps, Apollonia a ruiné nos vies", embraye son épouse, commerçante.

Depuis un mois et demi, 15 personnes, le couple Badache, leurs commerciaux, d'anciennes salariées d'Apollonia, trois notaires et un avocat sont jugés pour avoir contribué au surendettement de ces victimes. Ils les poussaient à acquérir des biens immobiliers --jusqu'à une quarantaine pour certains--, des achats censés s'autofinancer via le statut de loueur en meublé professionnel (LMP).

À la barre, un médecin-hospitalier du Doubs raconte comment un commercial d'Apollonia, qui avait déjà ferré d'autres praticiens au sein de son hôpital, l'approche en 2006. Avec une promesse : "tout cela ne coûtera rien", les emprunts étaient censés être couverts par le reversement de la TVA et les loyers, tout en protégeant le patrimoine familial.

"Pas le temps" 

Habitué à travailler "dans un métier de confiance", le praticien est rassuré par la présence d'un notaire et de banquiers dans le montage du dossier.

À ce moment-là, il a une tumeur et son objectif avec sa compagne, médecin également, est de constituer un patrimoine pour mettre leurs trois enfants à l'abri. En tout, ils vont acquérir 11 biens, financés par neuf banques différentes, pour 2,8 millions d'euros. Résultat : un endettement de 4,3 millions.

"Moi j'y ai cru à fond", mais rapidement "on commence à s'apercevoir de choses bancales, on commence à comprendre que ça ne va pas s'autofinancer", raconte cet homme, aujourd'hui âgé de 62 ans. En réalité, les reversements de TVA et les loyers ne couvrent pas les remboursements des biens, dont la valeur a été surévaluée. Ils décident donc d'arrêter de payer leurs crédits avant "d'aller dans le mur".

Aujourd'hui, avec les saisies sur leurs salaires, lui et sa compagne se retrouvent avec 2.700 euros de revenus mensuels, loin des 11.000 euros que devrait toucher ce couple de médecins en fin de carrière. Mais pour les avocats de la défense, ces médecins ont manqué de curiosité, avec un "désintérêt" manifeste pour les chiffres.

"Vous vous engagez sur des sommes considérables mais vous dites : 'on ne sait pas pour combien on s'est engagé' !?", s'énerve par exemple Me Bruno Rebstock, avocat d'un des commerciaux, à l'encontre d'un dentiste.

À un autre, il lance : "L'escroquerie c'est une chose, mais le désintérêt de l'investisseur sur les engagements pris, les remboursements à faire, c'est une autre".

"Vous êtes dans quelle catégorie de partie civile ?, celles qui ont signé sans savoir les montants, ou celles qui ont réalisé mais se sont rendues compte ensuite que cela ne s'autofinancerait pas ?", tonne Me Jean Boudot, l'avocat d'un des trois notaires.

"J'étais un praticien isolé, qui n'avait pas le temps de regarder en détail", se défend un autre dentiste, originaire de région parisienne, qui a lui acquis 18 biens via Apollonia.

Des déclarations confuses sur la présence ou non des notaires au moment de la signature de procurations pour les actes de vente ont aussi provoqué quelques échanges musclés.

"Nos clients ne sont pas des menteurs, aujourd'hui ce sont des victimes", s'est énervée Me Cécile Pion, qui défend 195 familles, avec Me Christophe Jervolino, disant avoir "du mal à supporter l'agressivité" de certains avocats sur ses clients.

Ouvert le 31 mars, ce procès doit durer jusqu'au 6 juin.

© Agence France-Presse

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