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Justice
Procès du meurtre d'Eric Masson à Avignon : la famille du policier témoigne4min
Par Maritima 27/02/2024 à 16:32
Au lendemain des aveux du meurtrier d'Eric Masson, la famille du policier a raconté mardi avec retenue comment "le loto du malheur" était venu les percuter sans toutefois les couler ni remettre complètement en question leur vocation de gardien de la paix.
Marc Masson, le père, retraité de la police nationale, 66 ans, déplie un bout de papier et commence par remercier "les citoyens qui ont participé aux hommages", la police judiciaire pour "son travail minutieux, précis", et même la presse d'avoir respecté leur "réserve".
Depuis presque dix jours de procès, les parties civiles gardaient pour elles leurs émotions, réactions ou éventuelles colères, laissant pleinement la place au procès et au jugement des trois accusés.
Tout juste mardi matin Marc Masson s'est-il permis de commenter les déclarations d'Ilias A. qui a reconnu lundi, après presque trois ans de dénégations, avoir tiré sur son fils, tout en affirmant qu'il ne savait pas qu'il était policier. "Son arrogance m'a fait sortir" de ce "palais des monstres", a-t-il déclaré pour expliquer sa sortie soudaine la veille de la salle de la cour d'assises du Vaucluse.
"Qu'on m'épargne les faux regrets", a-t-il ajouté à l'attention de celui "qui baisse la tête là-bas", dans le box des accusés.
Ce 5 mai 2021, la vie de la famille a basculé.
En voyant des appels inhabituels sur leurs téléphones, le père d'Eric Masson et la soeur de celui-ci, Fanny, comprennent qu'il s'est passé quelque chose.
En fin d'après-midi, quand Thierry, l'ancien chef de l'unité d'Eric Masson, s'apprête à sonner chez la compagne de son collègue, pour lui annoncer le drame. Les deux fillettes du policier étaient en train de se brosser les dents. Elles attendaient "papa pour le bisou du soir", raconte Emilie, 37 ans, leur maman.
Marc Masson veut voir son fils. Il arrive au commissariat. Il y a déjà le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et "une ambiance de plomb". Mais il a pu embrasser Eric une dernière fois.
- Arrêter la police ? -
A 36 ans, celui-ci était l’aîné des enfants Masson. Comme sa soeur Fanny et son frère Jean-Michel, il avait suivi les pas de son père. Décrit comme un homme loyal, intègre, tolérant, très réfléchi, il avait commencé en région parisienne et à Marseille, avant de revenir dans son Vaucluse natal où il avait intégré un groupe d'interventions. Il venait de réussir des tests pour être formateur. Il devait quitter le terrain prochainement.
Après le décès d'Eric, lorsqu'Emilie voit Fanny arriver, la première chose qu'elle lui dit: "Quitte la police !"
"J'ai beaucoup hésité à arrêter", raconte la soeur d'Eric, longue chevelure noire, à la barre. A l'époque, elle est à la "brigade des stups" de Créteil et enceinte de trois mois. Elle s'arrêtera 18 mois avant de reprendre le travail, mais pas sur la voie publique.
Son grand frère, Jean-Michel, dans un service d'investigations, a au contraire repris le travail tout de suite. Le soir de la mort de son frère, il venait d'apprendre que sa mutation dans le sud de la France allait être acceptée.
Depuis toute la famille fait corps autour d'Emilie et de ses filles, 5 et 7 ans à l'époque des faits. Devant la cour, cette femme au visage fin entouré d'un long carré blond témoigne des peurs et cauchemars qu'elle doit gérer, de la difficulté à entretenir les souvenirs, ou de ces fêtes des pères où elles portent des dessins d'enfants sur une tombe.
Elle a dû quitter son emploi d'ingénieure, son frère et le mari de celui-ci se sont rapprochés géographiquement, quittant eux aussi leurs emplois initiaux. "On essaie de continuer à vivre, mais le manque est quotidien, éternel", témoigne-t-elle.
"Quand on perd un enfant, on n'est rien, il n'y a pas de mot monsieur le président", conclut Marc Masson. Dans son dos, dans un public majoritairement composé de policiers, les yeux sont rouges.
Dans le box, Ilias A. regarde ses chaussures. Son interrogatoire est attendu mardi après-midi.
© Agence France-Presse
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