Maillane
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Culture,
Politique
Tié du Sud : le jour où Maillane a boudé le Président venu voir Frédéric Mistral4min
Par Pascale Furioli16/11/2025 à 10:43
Ce n'est un secret pour personne, le mercredi dans "La Famille", on adore retrouver Michel Méténier et ses "petites histoires" de Provence. Cette semaine, l'historien nous emmène à Maillane, le 14 octobre 1913. Ce jour-là, le village de Frédéric Mistral reçoit un invité de marque : le Président de la République, Raymond Poincaré, mais l'accueil fut ... glacial !
Une visite présidentielle en terre royaliste
En 1913, Frédéric Mistral n'est plus à présenter. Né à Maillane en 1830, il est le gardien de la langue et de la culture provençale, le fondateur du Félibrige, l'auteur du monumental "Trésor du Félibrige" (un dictionnaire de plus de 2300 pages) et surtout, il a reçu le Prix Nobel de Littérature en 1904. C'est donc une figure immense que le Président Poincaré, élu quelques mois plus tôt, décide d'honorer lors de son passage dans le Midi.
Le Président fait arrêter son train présidentiel à Graveson, la gare la plus proche, pour se rendre à Maillane. Mais voilà, comme le raconte Michel Méténier, l'ambiance n'est pas à la fête. "Maillane est une ville royaliste, blanche", explique-t-il. Recevoir le représentant de la République ? Très peu pour eux !
Mairie fermée et fanfare muette !
L'accueil réservé au chef de l'État est pour le moins frisquet. "La mairie est fermée, elle ne reçoit pas le Président", s'amuse Michel Méténier. "La fanfare refuse de jouer la Marseillaise !". Il faudra aller chercher des musiciens dans les villages alentours pour assurer un semblant d'accueil musical.
Même les jeunes filles du village, célèbres pour leur coiffe d'Arlésienne, décident de bouder l'événement. Elles se présentent "à la Catalane, c'est-à-dire avec une simple toilette du matin", ce qui chagrine un peu Mistral lui-même.
Un déjeuner dans le train présidentiel
Frédéric Mistral, lui, reçoit le Président chez lui. Il avait même pris soin, la veille, de faire récupérer le livre d'or de la mairie (fermée pour l'occasion) afin que Raymond Poincaré puisse y apposer sa signature.
Mais pas question pour la municipalité hostile d'offrir le couvert au Président ! "Le repas est fait dans le train présidentiel, c'est le directeur du PLM [la compagnie de chemin de fer] qui offre ça", raconte l'historien. Un déjeuner insolite qui réunit "deux présidents à table : le Président Mistral et le Président Poincaré".
Une anecdote fascinante qui montre les tensions politiques de l'époque et l'immense respect qu'inspirait déjà Frédéric Mistral, bien au-delà des clivages partisans.
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