C'est un scoop majeur pour l'avenir du centre-ville de Marseille. Invité de notre émission "Rue de la République", en partenariat avec La Marseillaise, le maire de Marseille Benoît Payan a annoncé en exclusivité à notre micro l'achat par la Ville des locaux des Galeries Lafayette au Centre Bourse. Face à une offre de reprise privée qu'il a jugée inacceptable, le maire a décidé de préempter pour y porter un projet culturel et scientifique d'envergure. Il en a aussi profité pour répondre aux attaques sur la sécurité et clarifier sa relation avec l'aile gauche de sa majorité.

 

Un projet culturel et scientifique pour remplacer le grand magasin

 

Alors que la fermeture des Galeries Lafayette laissait craindre un vide immense au Centre Bourse, Benoît Payan a révélé avoir reçu une "offre de reprise" privée. "Elle ne me convient pas", a-t-il tranché. "Ce n'est pas du tout ce que je veux pour le Centre Bourse [...]. La marque qui m'est présentée ne me convient pas, je pense que les Marseillais n'en veulent pas, ce n'est pas dans mon éthique d'accepter ça. Donc c'est non."

Face à ce refus, le maire a annoncé sa décision : "Je vais racheter les Galeries Lafayette comme je m'y étais engagé". Il a aussitôt dévoilé le projet qu'il destine à ces milliers de mètres carrés :

• Une Cité des sciences et de la mer.

• Une partie dédiée à la Philharmonie.

"C'est un projet immense, culturel, scientifique, pédagogique", a-t-il insisté, voyant là un "pôle d'excellence" qui créera de l'attractivité et des emplois, bien plus, selon lui, qu'un simple commerce. "Je ne veux pas de friche", a-t-il ajouté, précisant qu'un "tiers-lieu" pour les associations et les entrepreneurs sera installé temporairement dès l'acquisition et jusqu'au début des travaux.

 

Assassinat du frère d'Amine Kessaci : "On ne peut pas se taire"

 

Marqué par l'assassinat en pleine journée du frère du militant associatif Amine Kessaci, le maire a réagi avec émotion et fermeté. "Je connais Amine, je connais son combat [...]. C'est le deuxième frère qu'il perd assassiné sous les balles des narcotrafiquants".

Il a rappelé que si l'enquête est en cours, "le mode opératoire nous permet de penser que c'est ce qui s'est passé". Il prévient : "Si cette thèse de l'assassinat d'intimidation devait être confirmée, alors on passerait dans une dimension différente. [...] C'est presque l'État de droit qui est remis en cause".

Face à ce qu'il qualifie de "mafia", il réaffirme sa détermination : "Ils ne nous feront pas taire. Ils ne me font pas peur. [...] Si ils font la guerre à l'État, il faut leur faire la guerre". Il demande encore plus de moyens policiers pour la ville, au-delà des 100 parents supplémentaires déjà obtenus.

 

Sécurité et critiques de la droite : "Je ne réponds pas aux fake news"

 

Interrogé sur les critiques de la droite concernant son bilan sécuritaire, Benoît Payan a balayé les accusations de "fake news". "Je ne répondrai pas aux fake news", a-t-il martelé, rappelant qu'il a doublé les effectifs de la police municipale. "Expliquer que la Ville doit se substituer à l'État en matière de sécurité, c'est comme expliquer que le bleu est rouge. [...] Les Marseillais sont des gens intelligents. Jouer avec leur peur, ce n'est pas être au niveau du débat municipal".

 

Tensions à gauche : "Sébastien Barles ? Je ne lui enlèverai pas sa délégation"

 

Enfin, concernant les critiques venues de sa propre majorité, notamment de son adjoint écologiste Sébastien Barles, le maire a été clair. Il ironise sur le fait que son adjoint "a choisi de considérer que son propre bilan était mauvais".

"Je ne lui enlèverai pas sa délégation", a-t-il précisé. "J'enlève une délégation à quelqu'un qui a fait une faute morale ou autre. Il a le droit de dire qu'il a envie d'aller avec La France Insoumise. Mais s'il est cohérent avec lui-même et avec ses idées... [...] Ça fait longtemps que j'aurais démissionné, moi."

 

Retrouvez en vidéo l'interview complète de Benoît Payan dans "Rue de la République" au micro de Didier Gesualdi et Léo Purguette de La Marseillaise