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Santé
Psychiatrie : “Il suffit de se promener à Marseille pour voir des gens malades, non pris en charge”4min
Par Cassandre Amouroux16/12/2024 à 18:35
Les travailleurs de l’hôpital public se sont mobilisés cet après-midi pour dénoncer une situation “inédite” au sein de la psychiatrie avec de plus en plus de patients abandonnés, faute de moyens.
“J’ai vu une dégradation assez rapide en 10 ans, avec une perte de sens, une insécurité flagrante pour les infirmiers… Et ces fermetures de lits qui mettent les patients dans un grand désarroi”. Séverine est infirmière au sein de l’APHM et elle vit au quotidien le manque de moyens dans son milieu, qui n’attire plus : “On nous impose de faire ce travail de façon détériorée (… ) Il y a effectivement un problème d’attractivité du métier, mais on n’arrive même pas à garder ceux qui travaillent en psychiatrie depuis très longtemps. Certains partent car ils ne s’y retrouvent plus”.
Des patients livrés à eux-mêmes
Depuis plusieurs mois, les fermetures d’unités se sont multipliées au sein des hôpitaux. Dans les quartiers nord de Marseille, Édouard Toulouse a été amputé d’une cinquantaine de lits en deux ans. Du côté d’Aix-en-Provence, à Montperrin, une quarantaine de lits ont été fermés cette année. Une situation “inédite” et “un point de rupture” pour le délégué CGT de l’hôpital, Nicolas Courbebaisse : “Parfois quand des patients veulent être pris en charge, on les renvoie vers des médecins généralistes ou, au mieux, des maisons médicales (...) Ils vont voir des médecins qu’ils ne connaissent pas et qui ne pourront pas assurer de suivi. C’est vraiment une errance, un abandon de la pathologie mentale et de la souffrance psychologique pour les populations”. Par conséquent, de nombreux patients aux pathologies parfois sévères sont laissés pour compte, tout comme leur famille. “On laisse les gens dans la rue", assure Nicolas Courbebaisse, "des gens en souffrance, non traités et ça, c’est impensable”.
Nouveau gouvernement, et ?
Une délégation a été reçue en fin d’après-midi par l’ARS. La psychiatrie avait été élue grande cause nationale par l’ancien premier ministre en septembre dernier mais la dégradation s’est poursuivie. Aujourd'hui avec un nouveau gouvernement à venir les travailleurs sont résignés :”Les gouvernements successifs sont tous allés dans le même sens", déplore Olivier Boyer délégué FO à Edouard Toulouse. "Réduction des moyens, des budgets, des effectifs (...) Je ne sais pas ce qui va sortir du nouveau gouvernement, mais la constante est que les budgets baissent”. Les soignants comptent poursuivre leurs mobilisations en 2025 et porter leurs revendications comme la réouverture des lits nécessaires, l’embauche de professionnels qualifiés ou encore une formation initiale de qualité pour les agents exerçant en psychiatrie.
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