"C'est un métier qui nécessite de la patience et de la passion, reconnait Julia Schaeffer. Dans la recherche, il y a beaucoup d'inertie. On cherche, mais on ne trouve pas forcément ! Il faut savoir réagir à l'échec, savoir rebondir, savoir cultiver ses idées, savoir être résilient… Mais quand on a des recherches publiées, quand on reçoit des prix, c'est une grande opportunité car ça augmente notre visibilité".

Gagner un prix, c'est justement ce qui vient d'arriver à la chercheuse marseillaise. Elle a reçu le Prix des grandes avancées françaises en biologie - Fondation Mergier Bourdeix de la part de l’Académie des sciences pour ses travaux sur les mécanismes de régénération des neurones dans le cerveau. "Ce prix représente énormément ! C'est une récompense de nos travaux en neurobiologie. Plus qu'un aboutissement, c'est un tremplin pour la suite, pour augmenter la visibilité de nos résultats, que ce soit auprès des experts du domaine, de la communauté scientifique et plus largement du grand public".

 

Comprendre comment réparer le cerveau

 

Dans ses projets de recherche, Julia Schaeffer étudie comment "l’expression des gènes est régulée localement dans les sous-compartiments des neurones, afin de contrôler leur identité, leur maintien et leur capacité de régénération en réponse à une lésion traumatique ou neurodégénérative" : "Les neurones c'est un type cellule très particulier qui est dans le système nerveux, cerveau moelle épinière mais aussi système visuel. Ces neurones permettent de relayer l'information pour assurer des comportements complexes : notre perception du monde, nos mouvements, notre mémoire, notre langage. Ce qui est essentiel, c'est de comprendre la biologie de ces neurones pour pouvoir explorer comment le cerveau se forme et pour comprendre comment le réparer après une lésion. On n'a pas la capacité de réparer nos neurones spontanément après une lésion. Comprendre comment les réparer va nous permettre de développer à plus long terme des stratégies innovantes pour guérir les affections du cerveau", explique-t-elle.

 

"Aller plus loin dans la compréhension"

 

Après avoir travaillé sur Grenoble, Julia Schaeffer est depuis un mois chercheuse à l'Institut de biologie du développement de Marseille (IBDM – Aix-Marseille Université/CNRS) pour monter "sa propre équipe de recherche et aborder de nouvelles questions scientifiques". Et elle veut poursuivre dans ses recherches autour des neurones. "Il faut imaginer qu'un neurone, c'est une sorte de tête pensante et des câbles qui vont amener l'information à d'autres neurones et ou à des cellules. Moi, ce que je veux comprendre c'est comment le câble réagit à une lésion. C'est important car, jusqu'à présent, on s'est beaucoup concentré sur le corps cellulaire du neurone, mais il faut aussi comprendre que les câbles peuvent réagir de manière autonome. C'est très important de comprendre ce qui se passe au niveau du câble. C'est ça que je vais développer dans mes nouvelles recherches. Aujourd'hui, on n'a aucun traitement qui permet de réparer le cerveau. Je vais donc utiliser nos découvertes pour aller plus loin dans la compréhension".

 

 

 

(crédit photos © Académie des sciences)