Structures fatiguées, circuits de soins dysfonctionnels, déficit de moyens : le quotidien du personnel et des patients est fait de tensions quotidiennes. Pourtant, un projet de relance est dans les cartons, mais l'issue reste incertaine. 

 

Le centre hospitalier de Martigues, un établissement clef, mais déjà fragile 

 

L'hôpital de Martigues est l'un des rares hôpitaux du secteur à proposer une activité chirurgicale, avec des opérations assurées 24h/24 pour sa zone. Mais cet avantage est entaché par des failles structurelles majeures : le bâtiment date de plusieurs décennies. Le vieillissement des locaux pèse lourdement sur la maintenance et l'efficacité des flux.

L'hôpital de Martigues affiche un taux d'activité ambulatoire de 66% en ligne avec la moyenne nationale, ce qui montre une forte pression pour transformer l'activité hospitalière vers des prises en charges rapides. 

Cependant, l’architecture de l’hôpital handicape cette transition : des secteurs comme la chirurgie ambulatoire sont répartis dans des étages inadaptés, ce qui oblige à des transferts internes chronophages. C’est ce que nous confie Loïc Mondolini directeur du centre hospitalier de Martigues, dont le témoignage est à retrouver dans la vidéo ci-dessus. 

En outre, l’établissement doit composer avec des circuits obsolètes qui retardent les prises en charge et limitent sa capacité de manœuvre.

À cela s’ajoutent des difficultés humaines : manque de personnel, tension sur les gardes, fatigue, risques de départs non remplacés. Le tout dans un contexte national où l’hôpital public peine sous les pressions budgétaires.

 

Des alertes déjà lancées et des mobilisations

 

Depuis début 2025, les syndicats locaux appellent à l’alerte. En janvier, la CGT a mobilisé une soixantaine de personnels devant la sous-préfecture d’Istres pour réclamer des moyens urgents.

À cette occasion, les syndicats locaux CGT Martigues, Fos/Mer, Port-de-Bouc et Istres demandaient notamment 90 emplois à temps plein, statutaires immédiats et 170 millions d’euros d’investissement pour répondre à l’urgence de la situation. 

Le 28 janvier 2025, une table ronde a été organisée avec les élus, sous-préfecture et représentants hospitaliers. Le collectif syndical insiste sur l’urgence : « l’hôpital est saturé » affirment-ils dans leurs communiqués. 

Ces mobilisations locales s’inscrivent dans un contexte plus large de tensions sur le système de santé en France : les hôpitaux publics sont régulièrement en grève pour réclamer des effectifs renforcés et des financements à la hauteur de l’inflation. 

D’ailleurs, dans ce cadre, la CGT Santé Action Sociale a déposé un préavis de grève couvrant la période du 26 septembre au 2 octobre 2025.

C’est dans ce cadre que se tient une grève ce jeudi 2 octobre à 10 h 30, sur le vieux port de Marseille, signe que la mobilisation est en cours. 

 

Le projet de relance : entre espoir et incertitudes

 

Face à ce constat sévère, un projet est à l’étude, une réorganisation majeure de l’hôpital sera présentée à l'ARS le mois prochain.  L’objectif : réhabiliter et agrandir une partie de l’établissement, redéfinir les flux, améliorer l’ergonomie générale et ce, sans aggraver la dette.

L’enjeu est clair : soit l’hôpital s’adapte et amorce un nouveau souffle, soit il risque de s’essouffler encore davantage, au détriment des usagers et du maillage territorial de la santé.

Selon les syndicats, l’hôpital ne peut attendre : les personnels réclament des engagements rapides avant la fin de l’année 2025.

 

À la croisée des chemins : enjeux et perspectives

L’accès aux soins dans le territoire, si l’hôpital local décroche, les patients devront faire de plus longs trajets ou se rabattraient sur des hôpitaux déjà saturés. 

La qualité de vie au travail pour le personnel soignant : sans investissements massifs, l’usure professionnelle continuera.

La capacité de modernisation : rénovation des locaux, nouveaux équipements, digitalisation, nouveaux circuits de soins.

L’équilibre budgétaire : comment engager des travaux sans mettre à mal la trésorerie de l’établissement ?

L’hôpital de Martigues est à un tournant. Il ne peut plus se contenter de rafistolages. Le projet présenté à l’ARS doit être ambitieux  rénovation, réorganisation, investissements, tout en tenant compte des réalités financières. Le budget de ces travaux s'élève à 60 millions d'euros. À cela s'ajoute, plus de 28 millions d'euros qui ont été débloqués pour l'hôpital des Rayettes par le Ségur de la santé en 2021.

En outre, les travaux sur le site des Vallons concernant la gériatrie sont bientôt terminés.