Martigues
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Santé
La mise au point du directeur de l'hôpital de Martigues sur le rapport de la Chambre régionale des comptes5min
Par Rémy Reponty31/10/2025 à 19:05
Après la publication du rapport de la Chambre régionale des comptes sur le Centre Hospitalier de Martigues, pointant des difficultés financières et des irrégularités de rémunération, le directeur, Loïc Mondoloni, souhaite répondre publiquement et rassurer le personnel comme les patients.
Le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes se base-t-il sur un projet qui n'est plus d'actualité ?
Loïc Mondoloni
Un rapport de la Chambre régionale des comptes ne porte pas sur un projet. Un rapport de chambre régionale des comptes porte sur une période de gestion qui, en l'occurrence, était la période 2019-2023, c'est à dire cinq années durant lesquelles beaucoup de choses se sont passées. Il y a eu le COVID, des directeurs se sont succédé, des équipes médicales aussi ont changé au sein de l'établissement. Donc, beaucoup d'événements qui se sont réalisés et qui ont été remis en perspective par les magistrats.
Et donc, à présent, le projet est différent, il a évolué ?
L.M.
S'il s'agit d'évoquer la question du projet immobilier, il y en a eu un qui a été effectivement déposé auprès des services de l'Agence régionale de santé par l'établissement en 2019, qui portait sur la modernisation hôtelière, les chambres à un lit, la réhabilitation du bloc opératoire et le transfert des secteurs logistiques et du stationnement sur le terrain du collège Marcel Pagnol.
Depuis lors, beaucoup de choses ont changé. Le terrain du collège Marcel Pagnol, à priori, on ne devrait pas en avoir la disponibilité avant 2029 - 2030. Le bloc opératoire ne peut pas être réhabilité tel qu'il est aujourd'hui. Et surtout, nous avons des urgences qui sont aussi sous dimensionnées, qu'il faut pouvoir reconstruire intégralement. Il a fallu donc rediscuter les contours d'un premier projet, ce qui a nécessité une grosse mobilisation des équipes médicales pour s'accorder sur la façon dont l'hôpital doit évoluer.
Et puis, l'environnement de l'hôpital évolue et les perspectives d'avenir ne sont plus les mêmes qu'il y a quelques années.
L.M.
l'Environnement évolue beaucoup. Trois éléments que je pourrais citer à ce niveau là. Le premier, ce sont les problématiques d'accès aux soins que nous pouvons connaître aujourd'hui comme : de moins en moins de médecins traitants, de médecins généralistes... C'est ce qui fait que l'hôpital bénéficie d'une forme d'attractivité qui est heureuse par certains côtés et de l'autre qui le conduit aussi à répondre à des besoins de santé qui sont croissants pour des populations qui cherchent à être soignées. Il faut donc que l'hôpital de Martigues soit au rendez vous.
Le deuxième élément qui a dû être pris en compte, c'est la fermeture de l'activité de chirurgie de la clinique de l'Olivier à Istres, en 2023, et qui a fait que nous avons davantage d'urgences chirurgicales à prendre en charge la nuit et les week-ends en particulier. Donc, l'impact sur le nombre de lits et le nombre d'interventions que nous réalisons.
Et puis le troisième point qui n'est pas des moindres, c'est le développement industriel du golfe de Fos-sur-Mer, puisque l'arrivée potentielle de dix milles salariés et de leurs familles est un facteur extrêmement important à prendre en compte pour savoir jusqu'à quel point l'hôpital doit évoluer.
(Interview, images et montage : Rémy Reponty pour Maritima Médias.)
Qu'est ce que vous dites aujourd'hui à la Chambre régionale des comptes ?
L.M.
Je dis la Chambre régionale des comptes, tout d'abord, bien sûr, il y a un rapport qui est produit, que je dois prendre en considération, puisque c'est une période de gestion, et les comptes ne mentent pas. Donc, ça, c'est un élément qui est à prendre en considération de façon significative. Quand il y a une remarque qui porte sur les hésitations qui ont été celles de l'établissement pour savoir quel était le projet immobilier adapté qu'il fallait proposer aux services de l'ARS, ce travail a été fait. Pour savoir si, effectivement, le projet est viable économiquement, si il permettra d'améliorer la situation financière de l'hôpital, nous y avons travaillé au cours de l'année 2025 et le rapport était déjà produit. Et enfin, bien entendu que chacun est très attentif à la bonne utilisation des deniers publics. Si un projet immobilier a plusieurs dizaines de millions d'euros est validé, il s'agira bien entendu d'améliorer la situation budgétaire et financière de l'hôpital.
Sur l'immobilier, vous allez devoir faire des choix ?
L.M.
Nous avons fait des choix puisqu'en fait plusieurs projets pouvaient s'envisager. Nous pouvions envisager un projet permettant d'avoir un bâtiment comprenant un ensemble de secteurs de consultation. Nous pouvions rester sur le projet initial qui était d'avoir des chambres à un lit, ce qui aurait posé une question de dimensionnement, par ailleurs, du plateau technique. Ou avoir un projet permettant de reconstruire nos urgences, notre bloc opératoire et nos soins critiques.
Nous avons associé toute la communauté médicale de l'hôpital pour savoir quelle était la meilleure option à court terme pour avoir un projet qui permette à notre hôpital d'évoluer. C'est l'option permettant d'avoir un bâtiment médico-technique, des nouvelles urgences, un nouveau bloc opératoire et une réanimation et des soins intensifs qui soient dans des secteurs aux normes et adaptées. Ce projet là a été privilégié parce qu'il répond aux besoins de la population, au développement industriel et aux possibilités, ensuite, de maintenir le nombre de lits et places au sein de l'établissement.
C'est ce projet qui a été proposé à l'ARS en décembre 2024, qui nous a donné un avis favorable. Ce qui veut dire que derrière, nous pouvions envisager de le poursuivre pour l'approfondir et avoir une trajectoire économique que nous pouvions travailler et à partir de là, l'arrêter. Et le dernier projet a été présenté le mois dernier pour avoir, nous l'espérons, une décision d'ici la fin de cette année 2025.
Donc, en fait, ce rapport de la Chambre régionale des comptes, il a un train de retard. Est ce qu'il est nul et non avenu aujourd'hui ?
L.M.
Un rapport de la Chambre régionale des comptes. c'est une photographie sur une période donnée d'une situation économique et financière dans un hôpital. Il y a un certain nombre de mesures ou d'éléments qui sont indiqués dans le rapport sur des problématiques de réglementation, de gestion budgétaire et financière, de soutenabilité de certains projets d'investissement qui sont encore d'actualité aujourd'hui et qui continueront à l'être demain.
Cela nous permet aussi d'asseoir la stratégie de l'établissement. Ensuite, ce n'est pas parce qu'il y a eu un rapport de la Chambre régionale des comptes que, d'ores et déjà, des choses n'étaient pas enclenchées au sein de l'établissement, notamment en termes de retour à la réglementation sur les rémunérations et les statuts. Et, et heureusement d'ailleurs, il y a une vie après les rapports de la Chambre régionale des comptes qui, une fois encore, portait sur la période 2019-2023. Nous sommes quasiment à la fin de l'année 2025.
Et puis, vous avez obtenu une certification. Vous pouvez préciser, s'il vous plaît ?
L.M.
La certification de la Haute Autorité de santé. C'est une démarche qui a lieu au sein des établissements de santé tous les 4 à 5 ans. Et en fait, cette démarche, elle a vocation à évaluer la qualité des soins qui sont dispensés dans un hôpital. Notre établissement a été certifié en avril 2024 avec une qualité des soins qui est confirmée. Ce qui veut donc dire qu'au delà de toutes les problématiques de locaux, d'organisation, de gestion du quotidien... un patient qui est pris en charge à l'hôpital de Martigues, est pris en charge par des professionnels de très grande qualité et qui pratiquent des soins de très grande qualité, avec un grand professionnalisme aussi. Et ça, c'est important de pouvoir le rappeler.
Loïc Mondoloni, le directeur du Centre Hospitalier de Martigues dans son bureau ce vendredi 31 octobre 2025 - Photo : ©Fred Munos.
Quand l'hôpital va-t-il évoluer, changer ?
L.M.
l'Hôpital change déjà, en fait on se focalise beaucoup sur le site des Raillettes, mais je tiens préalablement à rappeler que nous avons le site du Vallon, avec à l'intérieur des services de gériatrie et de psychiatrie, qui est en pleine transformation puisqu'à la fin de cette année 2025, tous les secteurs de gériatrie du Vallon seront intégralement rénovés. Et, les services de psychiatrie ont leurs travaux qui commencent en ce moment, pour que la totalité des unités soient intégralement réhabilitées et ouvertes au début de l'année 2027.
Nous engageons quand même plus de 8 millions d'euros pour une rénovation complète du site du Vallon. C'est donc dire qu'on est quand même dans un hôpital qui investit de la même façon qu'au cours des années 2022 - 2023. Nous avons refait tout le plateau technique d'imagerie, nous avons eu un deuxième scanner et tous ces projets là ont pu être réalisés avec la participation de l'Agence régionale de santé, du Conseil régional et de la ville de Martigues.
Maintenant, pour le site des Raillettes, si l'opération est validée, cela permettra d'engager les travaux de façon concrète en 2029 pour une durée approximative de deux ans, pour la partie construite, et un an de plus pour une petite partie qui serait encore réhabilitée.
Validation par l'ARS. On a une date ?
L.M.
Nous avons déposé un dossier le 17 octobre exactement. Ensuite, il y a une instance de l'ARS qui doit se réunir pour évaluer, savoir si effectivement les critères de soutenabilité financière et économique sont remplis. Donc il y aura peut être des allers et retours mais l'objectif ce serait que, nous l'espérons, nous ayons une validation en fin d'année 2025.
Qu'en est il de ces rémunérations qui sont pointées du doigt par la Chambre régionale des comptes ?
L.M.
Dans le rapport de la Chambre régionale des comptes des éléments de rémunération qui ont été versés, alors, jamais pour contourner la bonne utilisation des deniers publics, mais essentiellement pour pouvoir avoir des possibilités d'attractivité à des instants précis et dans certaines spécialités médicales, lorsqu'on était en difficulté ou pendant la période du COVID. La plupart de ces éléments de rémunération ont cessé en 2022 et 2023, à tel point que nous avons, en plus du rapport de la Chambre régionale des comptes, reçu une lettre de la Cour des comptes, datée du 8 octobre 2025, qui considère que le phénomène conjoncturel qui a conduit à ces irrégularités potentielles et à la décision de la part de la direction actuelle d'avoir arrêté ces irrégularités permettent de classer l'affaire définitivement et de n'engager la responsabilité de personne, ni même de demander de remboursement à qui que ce soit.
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