Et si c’était elle le petit ange de ce Paradis ? Éliane Martin, 73 ans, coquette avec sa voix fluette. “Je suis née à Arras, je suis une Ch’ti et je suis tombée amoureuse de Martigues, donc j’y suis descendue”. Pendant 35 ans, avant une retraite difficile à prendre, elle a été l’une des gardiennes de Saint-Roch. 

“C’était un labyrinthe”, se souvient-elle avoir pensé à son arrivée. Très vite, elle s’est familiarisée avec ce dédale, mais surtout avec ses habitants. “Je me suis fait des amis, lâche-t-elle avant de nuancer. Pas des amis, mais de bonnes relations”. Des liens forts, tissés lors de moments de convivialité dont elle regrette aujourd’hui la disparition. “Ils mettaient des grandes tables et ils faisaient un apéritif. C’était chouette”. 

Éliane ne veut pas tomber dans le discours facile. Le lien social n’a peut-être pas disparu, mais il s’est transformé. “Maintenant ça marche plutôt avec le téléphone. Je peux vous montrer le mien, c’est rempli de noms de locataires”, explique-t-elle dans de grands gestes.

Dans ce quartier “riche de cultures”, la septuagénaire en appelle à la simplicité. “Le mieux c’est de tous s’entendre, de sourire, je ne sais pas… Moi, le matin, quand je me lève, je chante”, livre-t-elle. “Madame Martin”, la concierge, s’est occupé des habitants de Saint-Roch toute sa vie. Mais aujourd'hui, Éliane, la retraitée, souhaite les remercier. “J’ai fait fortune de tout. Je me suis enrichie. Les gens m’ont appris et j’ai appris des gens. J’ai eu la chance d’avoir cette place”, souligne-t-elle humblement.