Dans un contexte où le "vivre ensemble" semble parfois mis à rude épreuve, le Site-Mémorial du Camp des Milles accueille ce mercredi plus de 200 jeunes venus de toute la France. Une journée d'engagement et de réflexion citoyenne sur la préservation de la démocratie, essentielle selon Alain Chouraqui. Le Président de la Fondation du Camp des Milles, invité ce matin de Maritima, a souligné l'importance de rappeler à la jeunesse que chacun, à son échelle, a un rôle à jouer.

 

Une "cure de jouvence" citoyenne

 

Qualifiant cette journée de "cure de jouvence", Alain Chouraqui s'est réjoui de la présence de ces jeunes issus d'une vingtaine d'associations, notamment des Écoles de la deuxième chance. Il a toutefois rappelé que le Camp des Milles accueille quasi quotidiennement 300 à 400 jeunes en période scolaire, pour un travail de mémoire et d'éducation. L'objectif de cette journée spéciale : apporter "un regard frais, ouvert, curieux" sur les mécanismes qui menacent la démocratie et sur les moyens de la défendre.

 

Face aux tensions, l'importance du "respect de l'autre"

 

Reconnaissant que le vivre ensemble est "difficile, plus difficile qu'avant", Alain Chouraqui a mis en garde contre l'exagération et "l'instrumentalisation par des partis extrémistes" des tensions actuelles. Pour lui, si les difficultés existent, "il reste suffisamment, je dirais même une grande majorité de jeunes en particulier, ouverts, curieux, respectueux de leurs copains et copines pour que l'on soit assez optimiste". Le message principal délivré aux jeunes est donc celui du "respect de l'autre" et de "l'enrichissement que l'on peut en tirer".

 

Le message du Camp des Milles : "Yes, you can !"

 

Le lieu lui-même, marqué par la déportation de 2000 hommes, femmes et enfants juifs vers Auschwitz, sert de support pédagogique puissant. Il montre "les risques considérables" de la montée des haines ("racismes, antisémitisme") mais aussi, souligne Alain Chouraqui, "les résistances possibles".

Le message clé adressé aux jeunes est celui de l'action individuelle : "Chacun peut réagir, chacun à sa manière. Yes, you can ! Tu peux faire quelque chose". Il insiste sur le fait que même de petites actions comptent, comme ne pas laisser passer un propos raciste ou antisémite sur internet. "Il suffit de quelque chose que l'on fait ou que l'on ne fait pas [...] pour que l'on tombe".

 

Une démocratie "sur une ligne de crête"

 

Pour le président de la Fondation, notre démocratie est fragile, "sur une ligne de crête", où l'on peut "facilement basculer". Il appelle donc à une vigilance et un engagement constants pour ne pas laisser les "passions mauvaises" et les "extrêmes" prendre le pouvoir et "abîmer profondément" les libertés de chacun.

 

🎧 Retrouvez ici l'interview complète d'Alain Chouraqui au micro de Didier Gesualdi