LogoMaritima

°C

Marseille

-

Société

Soumission chimique : "Une blague sexiste, c'est louche", les conseils de la députée Sandrine Josso à Marseille

4min

Par Maritima 19/11/2025 à 09:10

"C'est une confiance trahie". Invitée à Marseille ce mardi à l'occasion du Forum "Respect pour les Femmes", la députée Sandrine Josso a livré un témoignage et des conseils poignants sur la soumission chimique. Elle-même victime et co-rapporteuse d'une mission gouvernementale sur le sujet, elle a donné au micro de Maritima des clés concrètes pour les victimes, les témoins, mais aussi pour les hommes, afin de lutter contre ce fléau.

Sandrine Josso a failli être abusée par l'un de ses collègues sénateur - et (ex) ami de longue date - il y a tout juste deux ans. Alors qu'elle l'avait soutenu lors d'une campagne pour des élections sénatoriales qu'il avait fini par remporter, le tout nouvellement réélu l'avait invitée chez lui pour célébrer la victoire. Prise immédiatement de malaise après seulement quelques gorgées de champagne, elle était parvenue à quitter les lieux, avertir des amis députés dont l'un avait immédiatement décrypté la situation, l'avait avertie qu'elle avait probablement été droguée et l'avait persuadée d'appeler le SAMU, lequel avait procédé à des examens sanguins qui avaient bien confirmé la présence de drogue dans son organisme.
L'homme devait démissionner de son mandat de sénateur en octobre dernier, attendant les conséquences judiciaires de ses actes en janvier prochain, consécutives à la plainte déposée par Sandrine Josso.

 

"À la base, les prédateurs sont sexistes" : le premier signal d'alarme

Pour la députée, la prévention doit commencer bien en amont. 
Le premier signe qui doit alerter se niche dans les paroles : "Les professionnels que j'ai rencontrés lors de mon rapport m'ont dit qu'il y a un point commun avec tous les prédateurs : c'est qu'à la base, ils sont sexistes", explique-t-elle. 
La parlementaire insiste sur l'importance, dès le départ, de ne plus tolérer les remarques déplacées. "Il faut vraiment lutter contre les blagues et propos sexistes dans notre société".

Son conseil s'adresse à tout le monde :

  • Pour les hommes : "Si vous êtes un homme et surprenez un autre homme tenir de tels propos, il faut tout de suite l'avertir : écoute, là, on ne peut plus entendre ça en 2025".

  • Pour les femmes : Face à une remarque sexiste, la députée suggère de faire répéter l'auteur. "Je vous encourage à demander à cet homme de répéter ce qu'il vient de vous dire, afin que lui aussi, quelque part, prenne conscience" de la portée de ses paroles

 

Victime ou témoin : que faire face à une suspicion ?

Lorsqu'une personne a été droguée, le souvenir est souvent flou, voire inexistant. "Une victime sur deux a du mal à se rappeler de tout", confirme Sandrine Josso. Mais des actions sont possibles.

  • Parler immédiatement : "Il faut en parler rapidement, dès les premiers instants. Envoyer un message, en parler à quelqu'un de confiance".

  • Conserver les preuves : C'est une course contre la montre. La députée liste plusieurs réflexes cruciaux :

    • Les vêtements : "Si vous avez des nausées et vous vomissez, gardez ces vêtements-là, parce que là on peut retrouver des preuves".

    • Le verre ou le contenant : "Gardez, si c'est possible, le verre dans lequel il y aurait pu avoir une substance. Parfois les prédateurs peuvent verser la drogue dans un yaourt, gardez le pot de yaourt".

    • L'analyse de cheveux : Si les délais pour les tests sanguins ou urinaires sont dépassés, tout n'est pas perdu : "Un mois, deux mois, trois mois, quatre mois après, il est possible de procéder à un prélèvement de cheveux. Mais pour ça, il ne faut pas vous les couper et surtout ne pas les teinter".

  • Appeler la plateforme d'aide : Il existe le CRAFS, "centre de référence des agressions facilitées par les substances". Des téléconseillers formés et empathiques peuvent guider les victimes, les témoins, mais aussi les professionnels (des secteurs de la Santé, du social, de l'Éducation).

 

Une expérimentation pour faciliter les prélèvements sans porter plainte

Sandrine Josso veut faire évoluer la législation. 
Consciente de la difficulté pour une victime de déposer plainte immédiatement, elle a obtenu le lancement d'une expérimentation dans quatre régions (Île-de-France, Hauts-de-France, Pays de la Loire et une région d'Outre-mer) : "Les victimes peuvent faire procéder à des prélèvements de sang, d'urine et de cheveux sans avoir porté plainte", explique-t-elle. L'objectif est de "déployer [ce dispositif] dans toutes les régions de France" afin que les victimes puissent conserver des preuves et décider plus tard d'engager une procédure judiciaire."

 

Vulnérabilité chimique : un message clair aux hommes

La députée a également tenu à clarifier la notion de "vulnérabilité chimique", soit le fait de profiter d'une personne ayant - volontairement - consommé un verre d'alcool ou fumé un joint, et qui n'est donc plus en pleine possession de ses moyens. 
Elle met ainsi en garde les hommes confrontés à ce type de situations : "Surtout, ne pas profiter du fait qu'une personne ait bu un verre et soit en situation de manquer de discernement. Il ne faut pas passer à l'acte, car ça va devenir une circonstance aggravante", ajoutant, "ce n'est pas parce qu'on a bu un verre que c'est de notre faute".

Et de conclure par un message de soutien aux femmes abusées : "Elles ne sont pas seules. Et victimes, quelque part, on vous croit".



IMPORTANT
Si vous soupçonnez avoir été victime d'une soumission chimique, tous les renseignements auprès d'un interlocuteur, le CRAFS
(après avoir préalablement, si les faits l'exigent ou le permettent, contacté les habituels services d'urgence, police secours, pompiers, Samu...)

A lire aussi


Forum sur la soumission chimique à Marseille : "Il faut que la peur change de camp"

Marseille

-

Société

Forum sur la soumission chimique à Marseille : "Il faut que la peur change de camp"

"Elles bougent" : des professionnelles de la construction mobilisées pour éveiller des vocations chez les lycéennes

Les Pennes-Mirabeau

-

Société

"Elles bougent" : des professionnelles de la construction mobilisées pour éveiller des vocations chez les lycéennes

"Handisport pour elles" : Coudoux dédie un après-midi au sport 100% féminin

Coudoux

-

Société

"Handisport pour elles" : Coudoux dédie un après-midi au sport 100% féminin

Dix ans des attentats du 13-Novembre : début des commémorations en hommage aux victimes

France

-

Société

Dix ans des attentats du 13-Novembre : début des commémorations en hommage aux victimes

93.6 & 87.9 FM

Abonnez-vous à la newsletter
pour suivre notre activité et obtenir des offres