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Le cri de détresse des jeunes du foyer Bois Fleuri à Marseille, expulsés juste avant Noël4min
Par Norhène Ouerfelli18/12/2025 à 17:40
C’est un "cadeau de Noël empoisonné" que n’oublieront jamais les 18 pensionnaires du foyer Bois Fleuri, dans le 10ᵉ arrondissement de Marseille. Le 11 décembre dernier, une annonce brutale est tombée : deux unités doivent fermer leurs portes le 22 décembre par arrêté du Département. Entre incompréhension et colère, ces jeunes placés dénoncent une décision précipitée qui les laisse dans l’incertitude la plus totale.
"J'ai eu la bouche ouverte, je n'ai pas compris." Pour Chayma, comme pour ses camarades, le choc est encore vif. Prévenus à la dernière minute, les résidents des deux unités de la maison d’enfants à caractère social (Mecs) Bois Fleuri, ont découvert que leur quotidien allait basculer en moins de deux semaines.
"Comme si on nous arrachait les pages de notre vie"
Pour Abigael, présente au foyer depuis 14 ans, Bois Fleuri est bien plus qu’un simple toit : "C’est toute ma vie. C’est comme si d’un coup, on arrachait toutes les pages que j'ai pu écrire." Ici, ces jeunes ont tissé des liens, instauré une confiance avec les éducateurs et bénéficié d’un suivi psychologique essentiel. Un équilibre fragile aujourd'hui balayé par une décision administrative. Le Département justifie cette mesure par une fermeture temporaire d'au moins un mois, évoquant des problèmes financiers et une réduction des effectifs éducatifs. Mais, pour les jeunes, le discours est flou. Le directeur nous dit un coup qu'on pourra revenir, un coup non... Lui-même ne sait pas de quoi il parle", s'agace Chayma.
Des solutions de relogement jugées "inadaptées"
Face à l'urgence, des solutions de relogement ont été proposées : des familles d'accueil à Arles ou des foyers de jeunes travailleurs à Vitrolles. Des options jugées inacceptables par les premiers concernés."On demande à un étudiant à Marseille d’aller dans un foyer à Vitrolles, alors qu’il n’est pas dans les critères. C'est soit tu acceptes, soit tu finis à la rue", nous apprend Abigael. Le sentiment d'être traités comme de simples "bagages que l'on transporte" prédomine. Abigael confie même avoir appris par hasard qu'un déménagement dans le 6ᵉ arrondissement avait été acté en son nom, sans qu'elle n'ait jamais été consultée.
Un Noël sous le signe de la peur
À quelques jours du 22 décembre, la tension monte. Les jeunes ont multiplié les actions : lettre à la présidente du Département Martine Vassal, vidéos sur TikTok, création d'une cagnotte et d'une adresse mail de contact. Leur revendication est simple : une suspension de la fermeture. "On ne demande pas que Bois Fleuri reste ouvert indéfiniment s'il y a des problèmes, mais on demande une temporisation. On ne peut pas fermer un système le 22 décembre, en pleines fêtes, alors qu'on n'aura personne à joindre en cas de problème", plaident-ils.
Alors que la trêve hivernale devrait les protéger, ces 18 jeunes craignent de passer Noël dans l'isolement et la déprime, loin de cette famille qu'ils s'étaient reconstruite. "L’ASE dit qu’ils sont là pour nous protéger, mais là, ils nous font plus de mal qu'autre chose."
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