Un travail monumental à la précision chirurgicale

Après avoir passé des mois cachée derrière une bâche, la statue de la Bonne Mère a retrouvé sa splendeur. C'est maintenant au tour de sa couronne d'être redorée, et cette fois-ci, en public. L'occasion unique pour les Marseillais d'admirer la complexité de ce chantier mené par Cyrielle d'Antoni. Un travail sur une pièce monumentale qui demande une "précision chirurgicale".

La folle finesse de la feuille d'or 

Le secret de l'éclat de la Bonne Mère réside dans la finesse incroyable de la matière première. Cyrielle d'Antoni nous a révélé des détails stupéfiants :

- Chaque feuille d'or ne mesure que 8,4 cm par 8,4 cm.

- L'épaisseur est de seulement deux dixièmes de micron. Pour se donner une idée, il faudrait empiler 5 000 feuilles d'or pour atteindre 1 millimètre d'épaisseur.

- La feuille est si fragile qu'elle se désagrège au contact des mains. Pour la manipuler, la restauratrice utilise une "palette", un outil spécial qu'elle charge en électricité statique en le passant sur sa joue.

Au total, environ 30 000 feuilles d'or ont été posées sur la statue, pour un poids total de 500 à 700 grammes seulement.  "Un coup d'ongle, ça gratte et ça s'enlève en fait. Il ne faut pas penser que c'est de l'or massif et on peut toucher".

Un processus millimétré en plusieurs étapes

Avant la pose délicate des feuilles, la préparation de la statue a été une opération de longue haleine. D'abord un sablage complet pour revenir au cuivre d'origine, puis l'application de plusieurs couches de peintures anti-corrosion et haute résistance. Ensuite vient la dorure, dont la phase la plus sensible est la pose des feuilles sur une colle spéciale, la "mixtion". Une fois la colle appliquée, il faut attendre le lendemain et vérifier si elle est "amoureuse", comme le dit poétiquement Cyrielle, c'est-à-dire si elle "crie" légèrement au toucher, signe qu'elle est prête.

"Le plus beau chantier de ma carrière"

Originaire de La Ciotat, Cyrielle d'Antoni a une relation particulière avec la Bonne Mère. Même si elle a travaillé sur des chantiers prestigieux comme le château de Versailles, celui-ci a une saveur unique. "Pour moi, il a vraiment une symbolique particulière. [...] C'est le plus beau chantier de ma carrière", confie-t-elle. Son moment le plus émouvant ? "Au moment où j'ai doré les visages et les mains de la Vierge et de l'enfant Jésus. [...] On se retrouve face-à-face avec la Bonne Mère", raconte-t-elle avec émotion. Grâce à des techniques modernes, cette nouvelle dorure est conçue pour durer entre 40 et 50 ans, contre 30 pour la précédente.

Le public est invité à venir admirer ce travail exceptionnel sur la couronne jusqu'au 15 octobre à la basilique.