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À Martigues, des travaux avenue Kennedy révèlent un cimetière oublié de l'épidémie de choléra de 1854

7min

Par Maritima 29/09/2025 à 16:17

Lors de travaux de voirie à Martigues, des archéologues ont mis au jour les ossements de victimes de l'épidémie de choléra de 1854. Une découverte poignante qui raconte une page tragique de l'histoire locale du quartier de Ferrières.

Sous le bruit des engins de chantier et le bitume de l'avenue Kennedy, l'histoire de Martigues refait surface. Des travaux d'extension du réseau de chaleur dans le quartier de Ferrières ont permis de mettre au jour une découverte archéologique poignante : des ossements et des sépultures datant du milieu du 19e siècle. Il s'agit des victimes de la terrible épidémie de choléra qui a frappé la ville en 1854.

Une simple épingle comme premier indice

Tout commence par un objet minuscule, une épingle en bronze repérée dans la tranchée par l'œil expert d'Hélène Marino, archéologue de la Ville de Martigues. « Lors de fouilles, ce que l'on retrouve le plus, ce sont les objets qui accompagnent les défunts, notamment des boutons, des croix et des chapelets », explique-t-elle. Mais cette découverte n'est pas une surprise totale. « Nous connaissons bien ce secteur, poursuit l'archéologue. Nous avions découvert des tranchées liées à l'épidémie de choléra de 1854 lors de fouilles préventives en 2013 ». Une vigilance particulière était donc de mise sur ce chantier.

Sur les traces des victimes du choléra

Les archives communales confirment qu'à cet emplacement, loin du cimetière Saint-Joseph de l'époque, se trouvait une extension funéraire aménagée dans les champs pour faire face à la crise sanitaire. Plusieurs indices permettent aux archéologues d'affirmer qu'il s'agit bien des victimes du choléra :

  • Le mode d'enterrement : « La construction de tranchées avec des cercueils alignés les uns derrière les autres n'est pas habituelle, cela signifie qu'il a fallu agir vite », détaille Hélène Marino.

  • La présence de cercueils : Contrairement aux épidémies de peste où le nombre de morts était tel que les corps étaient souvent jetés directement dans une fosse commune, la présence de cercueils individuels atteste d'une gestion de crise qui, bien qu'urgente, tentait de préserver la dignité des défunts.

Un travail d'orfèvre dans une tranchée

Sur place, Hélène Marino est accompagnée d'un autre archéologue et d'une anthropo-thanatologue. Armés de leurs pinceaux, ils dégagent avec une infinie précaution les squelettes et les objets, comme une pipe délicatement mise au jour. Chaque geste compte. « Mon rôle est de détourer les os au maximum pour trouver le plus d'informations possibles », confie Emma Canot, l'anthropologue. Malgré l'exiguïté du lieu, l'enthousiasme est palpable. « Oui c'est palpitant ! », ajoute-t-elle. Pour chaque squelette, une fiche est renseignée avant que les ossements ne soient prélevés pour des études biologiques qui permettront de déterminer l'âge et le sexe des individus.

Quel avenir pour ces témoins du passé ?

Ces Martégaux du 19e siècle ne retomberont pas dans l'oubli. Les squelettes découverts seront déposés à l'ostéothèque de l'université de médecine de Marseille, partenaire de la Ville. Ils deviendront des individus de référence et serviront de base d'étude pour de futures thèses en médecine ou en anthropologie. Les objets et toute la documentation des fouilles rejoindront quant à eux les archives communales.

Bientôt, la tranchée sera refermée et la circulation reprendra son cours sur l'avenue Kennedy. Mais les habitants sauront désormais que l'histoire tragique et touchante de leur ville repose juste là, à moins de deux mètres sous leurs pieds.

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