Depuis la fin de la saison dernière, le FC Martigues a dégringolé de sept étages. Pensionnaire de Ligue 2 l’an dernier, le club est aujourd’hui contraint d’engager son équipe première en Départemental 3.

Pour tenter de comprendre cette situation sans précédent, Maritima a organisé une émission spéciale. Manuel Danloy recevait Pierre Wantiez, ex-président de la SAS qui gérait la section professionnelle jusqu'en juillet 2024, et Thierry Erisson, actuel président de l’association FC Martigues qui gère le volet amateur.

 

Les 3 millions d’euros : la somme qui a tout fait basculer

 

Au cœur du dossier, un chiffre : trois millions d’euros. Contrairement à ce qui avait pu être compris, Pierre Wantiez insiste : “cette dette n’existe pas, c'est une aberration". 

“Cette somme de 3 millions correspond à ce qui aurait été nécessaire pour que le club s'engage en championnat national avec un effectif compétitif”, précise-t-il. Cette somme correspondait à de l'argent “pour l'avenir, ce n'était absolument pas une dette". C'est cette garantie de financement qui a manqué devant la DNCG, le gendarme financier du football français.

 

L’actionnaire américain : mensonge ou incapacité ?

 

La responsabilité de trouver ces fonds incombait à l'actionnaire américain du club. Selon Pierre Wantiez, des assurances ont été données jusqu'au tout dernier moment. Pourquoi avoir tenu ce discours "aux médias, aux supporters, aux joueurs" s’interroge-t-il toujours.

Deux hypothèses sont avancées par l'ex-président. Soit l'actionnaire, face à la relégation en National et la chute des droits TV, a décidé d’"arrêter les frais". Soit il a été dans l'"incapacité de trouver les fonds", une piste que Pierre Wantiez n'exclut pas du tout.

 

"Jamais l'association ne peut être tenue de payer pour la SAS"

 

La décision de la DNCG a entraîné une cascade de conséquences. Alors que le club se préparait à jouer en Régional 1 (R1), avec un calendrier déjà établi, un nouveau coup de massue est tombé. Le 13 août, la commission régionale décide d'exclure le FC Martigues des championnats régionaux. Une notification reçue par le club seulement le 19 août, "quatre jours avant le début du championnat".

Pour Pierre Wantiez, ancien membre de la DNCG, cette situation est une "aberration" sur le plan technique, car rien ne lie juridiquement l'association amateur aux déboires de la société professionnelle. 

“L'association n'a aucun engagement qui l'oblige envers la SAS. La société doit aider l'association si l'association en a besoin. Mais jamais l'association ne peut être tenue de payer pour la SAS. Donc que la SAS disparaisse, c'est une chose, mais en quoi ça doit entraîner la disparition sportive de l'association ?” s’insurge-t-il.

Face à cette décision, le président Thierry Erisson a confirmé avoir déposé un recours au tribunal administratif de Marseille, incluant une "requête en référé-suspension" et un "recours pour excès de pouvoir".

 

“On fait vivre un cauchemar au FCM ”

 

Dans le lot de supporters attristés de la situation du club, le maire de la Ville a besoin de réponses. “On ne voulait pas qu’il y ait une équipe fanion de seniors du FC Martigues” accuse Gaby Charroux.

“L'association est en train de payer, je ne sais quoi. Peut-être le fait que ce soit l'association football club de Martigues”, insiste l’édile.  “C'est peut-être ça qui a dû déranger, à moins qu'il y ait des mauvaises mains qui s'en soient mêlées. Franchement, j'ai la faiblesse de le penser”, conclut-il.

 

Quel avenir pour le club ?

 

Si l'équipe première est au plus mal, Thierry Erisson se veut rassurant pour le reste du club. L'association, elle, continue de fonctionner. Le club compte 30 équipes, 32 éducateurs, 40 dirigeants et 350 licenciés.

Toutes les équipes de jeunes, de la catégorie U14 aux U18, ont débuté leurs championnats, que ce soit au niveau départemental ou régional. "Le club continue comme si de rien n'était. Le seul problème, ce sont les seniors," assure le président. 

Le fonctionnement quotidien est assuré, notamment grâce au soutien de la Ville. Pour les centaines de jeunes et leurs parents, l'aventure sang et or se poursuit, dans l'attente d'une décision de justice qui pourrait, peut-être, redonner un peu d'air à ce club historique.