Un "camembert" à côté d'un sous-marin jaune, cela ressemble à une chanson des Beatles mais c'est une réalité bien marseillaise à l'Estaque.  Michel Teule, président de la Fédération des CIQ du 16ème arrondissement, nous dévoile le passé de ce lieu emblématique, aujourd'hui menacé de destruction. Situé au bout de la plage de l'Estaque, sur le domaine du Grand Port Maritime, ce bâtiment est connu des locaux sous le nom des "Bains de l'Estaque". Pourtant, son histoire originelle est bien plus extraordinaire et est directement liée à l'une des plus grandes aventures maritimes du XXe siècle.

Des ingénieurs de Cousteau aux Bains de l'Estaque : la double vie du "Camembert"

Construit à la fin des années 1960, ce bâtiment a d'abord été le "cerveau" d'un projet révolutionnaire. Il servait de bureau d'études et de "maison des ingénieurs" pour l'équipe du Commandant Cousteau, puis de la Comex, qui travaillait à la conception d'un sous-marin d'exploration unique. Après cette épopée, le lieu a connu une seconde vie en devenant un centre de balnéothérapie et de rééducation fonctionnelle, une activité qui a cessé en 2020 avec le confinement, laissant le bâtiment à l'abandon.

L'ombre du SAGA, un sous-marin de légende

Le projet qui a vu le jour dans ce "Camembert" n'est autre que le SAGA (Sous-marin à Grande Autonomie). Ce submersible exceptionnel, imaginé pour l'exploration des grands fonds, est aujourd'hui conservé dans l'immense hangar qui jouxte le bâtiment. Géré par l'association "Les Compagnons du Saga", il se visitait encore il y a quelques semaines, avant une fermeture temporaire due à des problèmes de stabilité du sol.

Un patrimoine industriel menacé de démolition

Depuis la fermeture du centre de balnéothérapie en 2020, le "Camembert" est tombé en désuétude. Malgré une idée un temps évoquée par le port de créer un centre culturel et scientifique, aucun projet de réhabilitation ne s'est concrétisé. Faute de repreneur et d'implication des collectivités, le Grand Port Maritime, propriétaire des lieux, a finalement demandé la démolition du bâtiment.

Une décision qui alerte les défenseurs du patrimoine local, comme Michel Teule et les CIQ, qui voient en ce lieu bien plus qu'une "vieille verrue", mais un témoin précieux de l'histoire industrielle et maritime de Marseille, indissociable de l'héritage de Cousteau et de la Comex.