Saint-Victoret
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Culture
L'histoire oubliée de Saint-Victoret, ville de garnison et ses soldats nus3min

Par Pascale Furioli15/10/2025 à 12:12
Pour sa deuxième chronique "Tiés du Sud" dans l'émission "La Famille", notre historien Michel Méténier nous a transportés à Saint-Victoret. Loin de l'image de la petite ville tranquille, il nous a révélé un pan méconnu de son histoire : pendant 30 ans à la fin du XIXe siècle, Saint-Victoret fut une immense ville de garnison, voyant passer des milliers de soldats... et quelques scandales !
Des champs de tir pour une armée moderne
Pourquoi l'armée s'est-elle installée à Saint-Victoret en 1869 ? La raison est technique : avec la modernisation de l'armement, notamment l'arrivée du fusil Lebel, l'armée avait besoin de champs de tir de plus en plus longs. Marseille, alors en pleine urbanisation, ne pouvait plus offrir de tels espaces. L'armée se tourne donc vers les communes environnantes et Saint-Victoret accepte d'accueillir un camp militaire sur les collines au-dessus de la gare de Pas-des-Lanciers.
Pendant 30 ans, ce camp a vu défiler des milliers de jeunes recrues pour leur service militaire, mais aussi de nombreux soldats en partance pour les colonies d'Afrique du Nord ou d'Indochine.
Michel Méténier :
"C'est un épisode totalement oublié, mais qui a fait partie de la vie du village à la fin du XIXe siècle."
Une aubaine économique... et un "outrage à la pudeur"
L'arrivée de milliers de soldats a été une véritable aubaine pour l'économie locale. Les commerces du village, des boulangers aux marchands de paille pour les chevaux, ont prospéré grâce à cette nouvelle clientèle. Mais cette cohabitation n'a pas été sans friction.
Michel Métenier a retrouvé une pétition d'époque assez savoureuse. Des habitants se plaignaient en effet que les soldats, pour se rafraîchir dans la Cadière, se baignaient "dans un état complet de nudité" ! La pétition dénonçait un "outrage à la pudeur dont sont très souvent témoins nos femmes et nos filles". Le curé de la paroisse se plaignait également, car les femmes du village préféraient visiblement aller danser avec les beaux militaires plutôt que d'assister à la messe.
Les traces de ce passé militaire encore visibles aujourd'hui
Bien que cette histoire soit largement oubliée, des vestiges subsistent pour les plus curieux. En vous baladant à Saint-Victoret, vous pouvez encore trouver :
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Le "Chemin des Cibles", dont le nom rappelle directement l'ancienne fonction du lieu.
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Dans le quartier des Richauds, un vieux puits portant la date gravée de 1868.
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Le plus étonnant : sous un pont de chemin de fer dans le même quartier, des graffitis gravés par les soldats eux-mêmes. On y distingue des noms, des dates, et même des dessins de trompettes ou de baguettes de tambour, témoignages touchants de leur passage.
Une belle invitation à regarder notre environnement avec un œil d'historien et à chercher les traces du passé qui se cachent juste sous notre nez.
Voir la vidéo de Michel Méténier qui raconte Saint-Victoret 1868
Voir la vidéo de Michel Méténier qui raconte André Pagnol
Voir la vidéo de Michel Méténier invité dans La Famille Maritima
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