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Reprise ou liquidation, le sort d'Ascometal décidé au tribunal5min
Par Jean-Michel Darras30/05/2024 à 11:06
La chambre commerciale du tribunal de Strasbourg statue jeudi sur le devenir du groupe sidérurgique Ascometal France (1.200 salariés dont 330 à Fos sur Mer), qui fait l'objet de plusieurs offres de reprise partielle mais reste menacé d'une possible liquidation sans un soutien public.
Le groupe dispose de deux sites principaux de production, ses aciéries de Hagondange (Moselle) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), et de trois sites d'usinage et de parachèvement, à Custines (Meurthe-et-Moselle), au Marais (Loire) et Leffrinckoucke (Nord). Un Centre de recherche sur les aciers spéciaux (Creas), comptant 25 emplois, est également implanté à Hagondange.
En difficulté et confronté à des "besoins importants de financement", Ascometal, propriété du suisse Swiss Steel, a été placé en redressement judiciaire en mars, pour la troisième fois en dix ans. Il a depuis reçu diverses offres de reprises, qui ont été finalisées lundi, et sur lesquelles doit statuer le tribunal de Strasbourg.
Conditions non satisfaites
L'une de ces offres, celle d'Acciaierie Venete, leader italien de l'acier, porte sur les trois sites de Hagondange, Custines et du Marais, qui travaillent ensemble sur des aciers spéciaux de petits diamètres destinés à l'industrie automobile, ainsi que sur le Creas. Mais le groupe italien a inquiété en annonçant samedi que "les conditions prévues par son offre n'étaient pas satisfaites", laissant envisager un désengagement. Venete réclame au propriétaire actuel qu'il finance le "désamiantage" et le "dépoussiérage du site d'Hagondange", estimé à 11 millions d'euros par la CGT.
Dans deux courriers adressés à l'exécutif, les élus de la communauté de commune d'Hagondange et la CGT ont réclamé que l'Etat apporte une "participation au capital" pour assurer cette charge et éviter "la liquidation de ce fleuron sidérurgique".
"L'Etat a déjà beaucoup soutenu cette entreprise. L'entrée en redressement judiciaire, c'est plusieurs dizaines de millions d'euros auxquels l'Etat renonce", a déclaré mercredi au Sénat le ministre de l'Industrie, Roland Lescure. "Nous sommes prêts à faire notre partie du travail avec des garanties de prêts, avec des prêts", a assuré le ministre, mais sans annoncer de montant ni d'engagement formel. "Il me reste encore à comprendre le degré réel d'investissement de Venete dans ce dossier."
Si le soutien financier du gouvernement ne se concrétise pas, la communauté de commune d'Hagondange se dit prête à apporter 15 millions d'euros en capital pour soutenir l'offre de Venete, qu'elle qualifie de "repreneur sérieux, pérenne, solide". "Ce que l'on risque représente bien davantage que ce que l'on pourrait mettre au pot aujourd'hui", assure à l'AFP Julien Freyburger, président de la communauté de communes. "Les effets (d'une liquidation) ne seraient pas limités au site d'Ascometal, beaucoup de PME sont liées à cette activité", assure-t-il, comptant "1.300 personnes concernées" sur son territoire en incluant les emplois induits.
Face à ces difficultés, certains syndicats espèrent que le tribunal autorisera un délai de négociation supplémentaire pour permettre d'aboutir à un accord. "L'offre de Venete est intéressante, mais il existe quelques points bloquants. Il faudrait peut-être prolonger un peu la procédure de manière à trouver des solutions et offrir un avenir serein aux salariés", a déclaré à l'AFP Ugur Yagiz, délégué syndical central CFE-CGC.
Marcegaglia espéré à Fos
Le site de Fos-sur-Mer, qui emploie environ 330 personnes, fait l'objet d'offres de reprise du groupe italien Marcegaglia, du fonds d'investissement britannique Greybull, du français Europlasma et de l'indien Hind Rectifiers, ces deux dernières ayant été présentées très tardivement. "Seule l'offre Marcegaglia est aujourd'hui aboutie et comporte les gages de sérieux nécessaires", a déclaré dans un avis le CSE de Fos-sur-Mer, réunissant la CGT, la CFE-CGC et la CFDT.
Depuis le dépôt de son offre initiale en avril, le groupe italien a fait évoluer sa proposition qui prévoit désormais une reprise de la totalité des salariés du site.
François Barges, délégué syndical CGT à Ascometal Fos était invité ce matin sur maritima radio. Il répond à Manuel Danloy.
Enfin, l'usine de Leffrinckoucke, qui emploie 170 personnes, fait l'objet d'une offre de la part de l'espagnol Sidenor, qui a fait évoluer sa proposition pour reprendre 130 salariés, contre une centaine initialement.
Europlasma et Hind Rectifiers se sont également positionnés comme candidats au rachat du site de Leffrinckoucke. Mais leurs offres, transmises très tardivement, n'ont pas pu être analysées par les représentants du personnel.
avec © Agence France-Presse
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