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Pas toujours mortelles, les noyades parfois synonymes de lourdes séquelles

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Par Maritima 01/10/2025 à 06:05

Voir son enfant se muer en "poupée de chiffon". Pas toujours mortelle, une noyade peut endommager le cerveau et laisser de lourdes séquelles, avertissent spécialistes et proches d'accidentés.

Théo, 11 mois, Laurence Le Jalu l'a retrouvé un soir de 2007 "flottant dans l'eau" de la piscine de leur maison d'alors, à l'étranger. Quelques instants sans le voir, une recherche "affolée", "je soulève la bâche de la piscine"... et "la vie bascule": "je plonge, je lui fais des massages cardiaques, du bouche à bouche", il finit par vomir, raconte-t-elle à l'AFP.

Après l'arrivée des secours, son coeur s'arrête, puis repart, à plusieurs reprises. "A l'hôpital, le médecin dit qu'il a très peu de chances de passer la nuit", rembobine-t-elle. L'enfant se réveille le lendemain mais enchaîne les convulsions et doit être placé en coma artificiel, jusqu'à ce qu'un médicament le stabilise.

"Quand je l'ai récupéré, c'était une poupée de chiffon: il ne voyait plus, il était tétraplégique", confie la mère de trois enfants.

La noyade, définie par l'Organisation mondiale de la santé en 2005, correspond à "une insuffisance respiratoire résultant de la submersion ou de l'immersion en milieu liquide", plus ou moins sévère.

"Outre le décès", elle "peut provoquer des séquelles parfois graves, notamment neurologiques", et avoir un "impact potentiellement important sur la qualité de vie" et "le nombre d'années de vie vécues avec incapacité", note Santé publique France dans une étude inédite publiée mardi.

En France, chaque été, surviennent 1.500 à 1.700 noyades, dont 25 à 35% sont mortelles.

"Environ 40% des noyés se retrouvent dans un état grave, font très souvent un arrêt respiratoire ou cardiaque, mais beaucoup ne meurent pas", précise à l'AFP le Pr Pierre Michelet, chef d'un service d'anesthésie-réanimation de l'AP-HM et coordonnateur de la médecine d'urgence pour Aix-Marseille Université, évoquant une étude à laquelle il a participé, publiée dans la revue Chest.

Chez les enfants, principalement victimes d'une noyade en piscine privée, la glotte se ferme quand de l'eau pénètre dans les poumons: ils s'asphyxient et font rapidement un arrêt cardiaque. Chez les adultes, noyés généralement en mer, la glotte ne se ferme pas, un peu d'eau entre dans les poumons mais le coeur, par manque d'oxygène, peut s'arrêter. Certains survivent, d'autres pas.

 

Perte rapide de neurones

 

Dans une proportion identique, d'autres noyés qui ont inhalé de l'eau et subi une détresse respiratoire grave, bien pris en charge, seront sauvés en quelques heures.

"Il y a 30 ans, 10 à 15% (d'entre eux) mouraient; maintenant, en France, où les secours sont plutôt bien organisés et les protocoles bien faits, c'est quasiment 0,1%", souligne le Pr Michelet.

La rapidité est cruciale. "Si on sort les gens de l'eau environ cinq-six minutes après la noyade et qu'on les réanime, on a de très bonnes chances de les récupérer: par exemple, un enfant de moins de 3 ans retrouvé bleu marine dans la piscine, auquel on fait très rapidement du bouche à bouche".

Car l'enfant, "soit il récupère très bien, soit il a des séquelles majeures, par exemple son coeur repart mais son cerveau reste endommagé", pointe le Pr Michelet.

Enfant ou adulte, "le cerveau perd très rapidement des neurones" en cas d'apport insuffisant d'oxygène: "au-delà de deux minutes d'anoxie cérébrale, il y a très peu de chances de récupérer la personne sans séquelles neurologiques profondes", expose à l'AFP Axel Lamotte, membre du comité directeur de la Fédération française des maîtres nageurs sauveteurs.

Il garde en mémoire "un petit de 5 ans récupéré après cinq minutes de noyade mais resté grabataire".

Soigné par un neurologue, Théo a suivi une intense rééducation et progressivement retrouvé la vue, le rire "quand je le chatouillais" et la marche, explique sa mère, qui a écrit "La deuxième vie de mon fils" (City édition).

A 18 ans, il a "toute sa tête, peut se déplacer, parler" mais "pas étudier comme il aurait probablement pu le faire", ses séquelles ayant compliqué sa scolarité. Sa "passion du foot" demeure intacte.

 

© Agence France-Presse (par I. Cortes)

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